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05 mai 2015

elles... et eux

S serre ses bras contre sa poitrine pour contenir la douleur qui envahit son corps son ventre sa tête aussi parfois. elle ne dort plus, elle pense et repense : ce n'est pas juste !

deux ans et demi qu'ils vivent ensemble tous les quatre, même si ils se connaissent depuis plus longtemps, deux ans et demi que les garçons se sont installés chez les filles, que sa fille a eu un frère et elle enfin un mec.

deux ans et demi et ça n'ira pas plus loin. ou si peu.

deux ans et demi qu'il s'en va régulièrement bosser à Paris la laissant seule tout gérer son fils à lui, sa fille à elle, les devoirs, les courses, les vêtements, l'éducation, les factures, le quotidien. quand il rentre il est crevé, il ne prend pas la relève, quinze jours ou trois semaines sans voir son fils, mais elle assure il le sait, même si S et son fils ne s'aiment pas et s'engueulent souvent, il lui fait confiance elle assure.

quand ce matin-là S a découvert le mot "expulsion" sur le courrier qu'elle vient d'ouvrir, elle n'en revient pas, elle ne comprend pas. le loyer c'est la seule chose qu'il doit payer, le reste c'est elle. et bien non, il n'a pas payé le loyer de son appart à elle depuis des mois. sans rien dire et c'est elle qui est virée. 

c'est "eux quatre" en vérité, sauf que l'appart est à son nom et que c'est elle qui devra rembourser. quand il l'appelle pour lui dire qu'il l'aime qu'il l'adore mais qu'il sent bien qu'elle ne l'aime plus, elle voudrait le décapiter sur place. les loyers impayés ? ben non, il doit y avoir erreur. oh et puis merde, elle avait qu'à gagner plus c'est sa faute à elle.

elle, S, elle voudrait qu'il se tire, lui et son sale gosse mais il est grand fort, voire très grand et très fort et elle a peur. tout ça à cause de ce que son amie V lui a raconté l'autre soir.

 

V est prof en collège, elle a un fils. depuis deux ans et demi, trois ans, elle vit avec un homme et ses deux fils. un des deux est un manipulateur menteur qui la fait passer pour une foldingo. S, elle connait ça, elle vit la même chose.

V vit dans l'appart qui lui appartient, son appart. mais quand elle a dit à son mec que c'était fini qu'il devait partir avec ses deux gosses, qu'ils la rendaient folle tous les trois, elle s'est retrouvée la tête dans l'évier, front écrasé contre le marbre, incapable de respirer. son mec la menaçait, si elle répétait que c'était fini, de la fracasser.

du coup, elle a retrouvé un air guilleret et a prévenu qu'il fallait vendre cet appart, son appart, pour vivre ailleurs tous les cinq. mais quand l'appartement sera vendu, elle partira seule avec son fils.

là, V ne peut pas chasser son "mec" et ses mômes de chez elle, et S n'y arrive pas non plus.

elles se sentent prises en otage. obligées de se tirer elles, si elles veulent survivre...

à quel siècle vivons-nous déjà ?????

still Alice

un jour je me souviendrai de la classe de monsieur Barbazange, de Manuela, Mathieu, Bruno, Eric, Odile...

Odile... la fille de la prof de maths, Odile qui portait des robes à fleurs à col Claudine festonnée et des babies bleu marine, si belle avec ses cheveux bouclés attachés et son air doux, Odile qui me faisait concurrence sur les notes.. la fille de la profs de maths, une femme en tailleur et chemise d'homme, cheveux courts, parlé franc, lunettes sévères, tellement classe sur ses hauts talons quand elle écrivait au tableau. je voulais être cette femme-là, cette prof-là.

Odile dont j'ai appris la mort un jour, je ne sais plus comment. Odile.

un jour, je me souviendrai de ces moments de mon enfance, Catherine et nos fous-rires, le gâteau au chocolat du lundi dans la cuisine de Sandrine, les joggings au bois de Vincennes, les Noël en famille où tout le monde était encore en vie, les Paper Mate de toutes les couleurs, les autocollants Panini de foot. 

un jour je me souviendrai de ses années fac, Eric et mon parfum Chanel. cette sensation d'être enfin une femme à l'âge où ma fille est encore juste ma fille.

je repasserai chaque étape de ma vie, chaque ville, les moments clés.

et j'oublierai l'instant présent, là où je vis et qui je suis, ceux qui m'entourent et mes rdv...

un jour, je crois que moi aussi, je vais vraiment avoir la mémoire qui flanche.

on court après le temps, la réussite, les lignes d'arrivée, les livres édités, les succès.. et puis pouf, un jour tout cela disparaît..

pouf !



23:28 Publié dans Film, lamiendo | Lien permanent | Commentaires (0)