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20 février 2020

the voice

elle ferme les yeux. son cerveau devient une grande salle de bal. vide. aucun meuble, aucun danseur. juste son visage en gros plan sur les murs. et sa voix qui emplit l'espace, délicieuse acoustique qui s'infiltre dans chacun de ses globules, les blancs, les rouges et peut-être même les bleus, va savoir...

elle se demande comment on peut aimer une telle voix, l'aimer, l'embrasser, la lêcher ? elle en a rêvé, l'a déclinée sur de longs voyages fantasques. mais la vivre ? elle ne sait pas.

elle voudrait l'avaler, l'engloutir, la gober, la voix et lui aussi, le gober en entier, mais il est trop grand, trop trop grand, elle ne pourra pas. elle l'entend rire et sourire, sa chaleur, sa douceur sur cette voix incroyable. rauque, caverneuse, grave...

elle se sent couler au fond de sa piscine intérieure, incapable de remonter, incapable de refaire surface. son grand pul marine, tout déchiré au coude... qu'elle ne veut pas recoudre... elle ne peut pas dormir. elle n'y arrive pas.

alors au matin, quand le réveil sonne, elle plie ses bras le long de son grand corps, replie ses jambes sous son buste, son buste sur ses genoux, sa tête dans son cou. elle le plie, le replie, le replie encore. elle va le ranger dans un coin de sa tête, elle doit recommencer à respirer normalement. elle doit reprendre pied dans sa vie, remonter à la surface et respirer à nouveau.

elle avait dit "ça" ou rien d'autre. rien d'autre.

il est "ça". rien d'autre.

elle part travailler et quand elle rentre le midi, elle s'allonge sur une couverture et s'endort à même le sol de la terrasse, sous le soleil qui réchauffe son corps. parce qu'il faut qu'elle se recharge. parce qu'il est là. parce qu'il ne partira pas, ne partira plus.

il est "ça", là, maintenant.