02 février 2009
révélation (5)
Elle saisit son téléphone, rectangle vert au creux de sa main et vérifie le cadran : aucun message.
Elle s’apprête à appuyer sur les touches.
Se ravise, soupire, pose l’appareil sur le siège passager.
Elle roule sur le chemin de terre où ils se sont vus pour la dernière fois, il y a quinze jours mais elle commence à s’habituer à l’idée qu’il n’y aura personne.
Elle a cherché à la retrouver. N’a obtenu que de vagues informations à son sujet.
Juliette Lapierre.
Que faisait-elle là ? Etait-ce un hasard ? Habite-t-elle dans les environs ? Avait-elle un rendez-vous ce jour-là ? L’avait-elle reconnue ? Elle n’en sait strictement rien mais elle se prend à rêver que si la vie les a remises sur la même route, c’est qu’il y a une raison.
Elle.
S’il n’y avait eu son mari avec sa grosse voiture gris métallisé, elle lui aurait parlé cette fois-là.
Paul…
Depuis combien de temps sont-ils mariés ?
Si on compte cette année de « mise en disponibilité », cela fait vingt et un ans.
Vingt et un ans !
Elle avait vraiment cru trouver enfin son bonheur dans les bras de Paul. Mais elle doit avouer que depuis un an, tout part de travers.
Vingt et un ans.
Il y a eu des beaux moments dans leur existence et leurs enfants sont une belle réussite.
Mais depuis quinze jours, elle commence à réaliser qu’elle s’est peut-être leurrée. Et qu’il faut enfin arrêter de gâcher sa vie.
Elle a l’impression de l’entendre de rire. Son rire à elle. Cristallin. Enfantin.
Depuis quinze jours, elle refait les mêmes gestes, avance sur le chemin lentement, se gare et attend.
Espère.
Attend.
Vérifie l’heure.
Mais comprend que personne ne viendra.
Elle croit la voir penchée au-dessus de sa voiture. Mouvement souple des hanches.
Soulignées par un pantalon de viscose fluide. Noir.
Son visage qui se tourne vers lui.
Lumière dans son sourire, éclat dans ses yeux.
Quinze jours qu’il ne sait faire qu’attendre chercher espérer.
Quinze nuits que ses rêves sont troublés. Elle se revoit vingt et un ans plus tôt. Et la réalité la rattrape. Vingt et un ans, c’est si long. Et si court à la fois. Elle n’a guère vu les années passer.
Mais soudain pour elle, rien n’a changé.
Elle se sent redevenir la Martine de l’époque.
Elle retire la pince de ses cheveux parsemés de blanc, secoue la tête. Corrige le rouge à lèvres qui bave un peu sur ses lèvres.
Soupire encore
Se replace correctement derrière le volant et tourne les clés dans le contact.
Quand elle roule à nouveau, elle se demande si elle va la revoir un jour. Elle en a tellement envie. Tellement…
18:29 Publié dans un peu de moi | Lien permanent | Commentaires (20)
Commentaires
Écrit par : Sabbio | 02 février 2009
Écrit par : fripouille | 03 février 2009
http://l-autofictif.over-blog.com/ son blog est devenu un livre. Ca m'a fait penser à toi Calouan :-)
Sabbio, je n'ai pas compris comme toi :je crois qu'elle se rappelle juste sa vie au début de sa vie avec Paul, non ?
Bonne soirée à tous.
Écrit par : jill.C | 03 février 2009
Écrit par : fripouille | 04 février 2009
Écrit par : Sabbio | 04 février 2009
Oui je sais! c'est pas très fin mais il faut bien que j'entretienne ma réputation!....
Pardon (Lol comme dirait Sophie Marceau!)
Écrit par : Gérard | 04 février 2009
Écrit par : sophie | 05 février 2009
Écrit par : Gérard | 05 février 2009
En tout cas elle fait parler cette histoire :-)
Écrit par : jill.C | 05 février 2009
je voulais changer quelques mots.
et puis... j'ai laissé ça comme ça...
mais...
G-rare... reste le même gras bien coquin.
et tiens-toi bien à mes posts.
ça va décoiffer...
Écrit par : calouan | 05 février 2009
Ah la la... vivement la suite pour savoir...
Écrit par : fripouille | 05 février 2009
Ah la la... vivement la suite pour savoir...
Écrit par : fripouille | 05 février 2009
Écrit par : Sabbio | 05 février 2009
Écrit par : jill.C | 06 février 2009
Sinon Calouan, c'est vrai qu'à force de manger des Galettes des Rois, du chocolat etc.. j'ai un peu forci cet hiver. Mais de là à dire de moi que "je suis resté le même gras bien coquin...." faut pas pousser!!....
Écrit par : Gérard | 06 février 2009
je laisse à d'autres, plus gourmandes, ce soin-là...
allez, patience... la suite vient...
Écrit par : calouan | 06 février 2009
Écrit par : Gérard | 07 février 2009
Ils écrivent plutôt avec leur clavier: :-)), ces fameux djeuns!!!
Parole de quadra ringuard (je parle pour moi)
Écrit par : sophie | 07 février 2009
Mais j'ai une excuse: Je n'ai hélas pas de "Djeuns" à la maison. Et puis vous imaginez un fim avec Sophie Marceau, la reine du hasard dans l'isoloir, qui serait l'héroine d'un film qui s'appelerait "-))"?
Écrit par : Gérard | 08 février 2009
Écrit par : sophie | 08 février 2009
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