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09 septembre 2009

conte et chemise

comme je suis une gourmande d'explications, je suis allée chercher pourquoi et j'ai trouvé ceci :

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Une prise de conscience pour se délivrer de soi-même ?



Les motifs de la délivrance dans les contes de fées... Voilà qui nécessite peut-être un mot d'explication, surtout dans la version originale anglaise "redemption motifs" qui pourrait suggérer une réflexion religieuse alors qu'il n'en est rien. Non, la délivrance dans un conte de fées, c'est tout bêtement ce moment à la fin du conte où le héros vient à bout du dragon qui retenait la pauvre princesse prisonnière ou encore le moment où la grenouille se métamorphose miraculeusement en prince charmant sous l'effet du baiser de la princesse... Mais nous savons depuis longtemps que les héros pourfendeurs de dragons n'existent pas plus que le prince charmant, et alors, me direz-vous, quel est l'intérêt de ce livre? 

Elève et assistante de Carl-Gustav Jung, Marie-Luise von Franz s’est beaucoup intéressée aux contes de fées et à leur interprétation en termes psychologiques, un sujet auquel elle a d’ailleurs consacré plusieurs ouvrages, dont “La voie de l’individuation dans les contes de fées” déjà critiqué sur ce site. Dans le livre dont je souhaite vous parler aujourd’hui, elle s’attarde assez longuement sur les raisons de cet intérêt, un intérêt qui est motivé par l’hypothèse que les contes sont à l’inconscient collectif d’une société ou d’un groupe ce que les rêves sont à l’inconscient de l’individu. La lecture et l’analyse des contes de fées nous donneraient donc accès à tout un savoir accumulé par l’inconscient collectif concernant par exemple le processus de l’individuation (cfr “La voie de l’individuation dans les contes de fées”), le traitement de certains troubles psychologiques (contamination entre deux complexes autonomes, conflit entre l’anima et la “Weltanschauung” consciente) ou des problèmes très concrets de la vie quotidienne (que faire lorsqu’on se trouve sous l’emprise d’une émotion violente)... Le principe de l’analyse peut paraître à première vue relativement simple : chaque personnage du conte peut être associé à un complexe autonome ou à un archétype, par exemple, le héros, celui qui sait ce qu’il faut faire dans la situation décrite par le conte, sera associé au “Soi”. Mais en fait, cette première analyse se révèle simpliste et doit être affinée : le héros, par exemple, sera finalement associé à un aspect particulier du complexe du “Soi”, celui qui joue le rôle de modèle et de guide dans le développement du complexe de l’“Ego”. Ceci simplement pour donner un exemple des principes de l’analyse d’un conte, car il faut dire que certains contes se révèlent tellement riches qu’ils se prêtent à plusieurs jeux d’associations, et donc à plusieurs lectures différentes... Et puis, tout cela sera sans doute beaucoup plus clair si l’on en vient à quelques cas pratiques...

Un premier cas, relativement simple, est celui de contes dans lesquels l’héroïne s’efforce de délivrer ses frères ensorcelés et transformés en animaux. Ce canevas apparaît en fait sous plusieurs variantes (dont une très célèbre due à la plume d’Hans Christian Andersen) qui diffèrent essentiellement par le nombre des frères, la nature de l’animal dans lequel ils sont transformés et la personne qui est à l’origine de la transformation. La condition de leur délivrance est en revanche toujours la même : l’héroïne doit filer, tisser et coudre pour chacun de ses frères
une chemise, à partir des fibres d’une plante sauvage. Elle doit en outre observer un silence absolu pendant tout le temps qu’il lui faudra pour réaliser ces chemises. Marie-Luise von Franz s’attarde longuement sur ce motif de la transformation en animal, qui est un motif très fréquent se prêtant à de mutiples interprétations selon le type d’animal, les conditions de la transformation... Un premier niveau de lecture consiste à reconnaître dans l’animal un contenu inconscient, ou bien une émotion, qui après avoir été réprimé pendant une longue période a commencé à accumuler de l’énergie tout en se “déshumanisant”. L’épreuve imposée à l’héroïne pour obtenir la délivrance de ses frères tombe alors sous le sens : il faut donner au contenu réprimé une expression appropriée, c’est à dire une chemise... Bon, il y en a beaucoup plus à dire, notamment sur ce que révèle le motif de la chemise, et je simplifie énormément l’analyse de Marie-Luise von Franz, mais celle-ci n’en reste pas moins toujours parfaitement accessible et compréhensible. 

Le motif de la chemise, justement, apparaît aussi dans le conte du Roi Lindworm. Il s’agit là d’un conte particulièrement impressionnant dans lequel une reine met au monde un enfant-dragon qui s’empresse aussitôt de mettre le royaume de ses parents à feu et à sang et de recourir aux pires menaces pour obtenir la satisfaction de ses moindres caprices... Dans le symbolisme des alchimistes, le dragon est communément associé à la notion d’hermaphrodyte ou à l’“indifférencié”, ce qui conduit Marie-Luise von Franz à proposer une lecture de ce conte en termes d’une contamination des complexes de l’“Ego” et du “Soi”, un problème très sérieux qui s’accompagne généralement chez une personne atteinte d’un sens moral déficient – voire inexistant -, si bien que cette personne peut représenter un danger réel pour ses proches, en plus d’avoir un comportement destructeur pour elle-même (Adolf Hitler aurait souffert de cette forme de névrose...). Dans le cas du conte du Roi Lindworm, une analyse détaillée du processus par lequel celui-ci a pu être délivré, et enfin devenir un être humain normal, se révèle donc particulièrement intéressant pour un thérapeute qui serait confronté à ce problème chez un de ses patients
(et c’est là que l’on voir réapparaître le symbole de la chemise).

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intéressant, non ?

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