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24 mars 2010

are you ill ?

Réforme de la protection sociale aux États-Unis ?


Barack Obama n'a pas gagné contre le lobby des assurances privées
: il a même dû faire des concessions importantes !

À l'aune de nos valeurs et de nos références, la réforme de l'assurance-santé est bien timide... La solidarité n'est pas dans la culture américaine. 


Dimanche 21 mars à 23 heures à Washington, par 219 voix contre 212, le plan adopté par le Sénat en novembre 2009 a été voté par la Chambre, malgré une ultime intense guérilla parlementaire républicaine. La loi sur l'assurance-santé signée, le Sénat devra se prononcer sur une série d'amendements également adoptés par la Chambre. Mais cette réforme correspond-elle au contenu originel de Barack Obama ?

À la mi-août 2009, le président américain avait présenté les "quatre principales voies" de sa réforme :
Un : l'octroi à ceux qui en sont dénués d'une assurance "de bonne qualité" que les bénéficiaires conserveront "qu'ils changent d'emploi ou qu'ils le perdent". 
Deux : "contrôler les coûts exponentiels de la santé" - ils atteignent 16,4 % du PIB aux États-Unis, contre 10 % à 11 % dans les autres pays développés. 
Trois : améliorer l'efficacité de l'assurance publique des retraités (Medicare) pour qu'elle "cesse d'enrichir les assurancesprivées". 
Quatre : imposer aux assureurs de ne plus "discriminer" les contractants, c'est-à-dire les exclure pour dossier médical trop lourd.

Cette réforme devrait permettre à 95% des Américains de bénéficier d'une assurance médicale, contre 83,5% actuellement, soit 31 millions de personnes supplémentaires sur les quelque 50 millions qui sont dénués d'assurance.

Le bureau du budget du Congrès indique qu'il s'agira, pour 60%, de personnes qui seront subventionnées pour accéder à l'assurance privée (par un financement public de la contribution patronale des PME, par exemple) et pour 40%, de bénéficiaires d'une extension des programmes offerts aux retraités et aux plus indigents. Les assureurs privés ne pourront plus refuser une couverture santé aux malades "à risques". Enfin, le bureau du budget a calculé que cette réforme (coût : 940 milliards de dollars) permettra de rogner 138 milliards de dollars sur 10 ans sur les dépenses générales de santé - un vrai premier pas dans un dossier longtemps négligé.

Pour le reste, M. Obama envisageait aussi d'améliorer la couverture de quelque 100 millions d'Américainsqui n'ont pas les moyens de payer pour une "bonne" assurance, et de se doter de moyens pour imposer un encadrement des tarifs aux assureurs privés. L'adoption d'une assurance publique concurrente du secteur privé était la pierre angulaire de cette ambition.

Le président y a renoncé, sentant que l'opinion basculait progressivement contre un tel plan, comme plus généralement contre le trop-plein de dépenses publiques.
Mais en y renonçant, la Maison Blanche a pris le risque de scier la branche sur laquelle est assise sa réforme : tel est le reproche des démocrates progressistes. L'assurance privée, disent-ils, continuera de déterminer la politique tarifaire. Et l'État, élargissant sa prise en charge des 2 populations les plus "à risques" - les retraités et les plus indigents - tout en renonçant à offrir au commun des assurés une couverture de qualité égale à moindre coût, se prive de la recette la plus "profitable" : celle de la couverture des 25-50 ans.

L'État va donc assumer l'essentiel des surcoûts de la couverture d'une population vieillissante (la retraite des baby-boomers devrait faire passer les inscrits à Medicare de 45 millions de personnes aujourd'hui à 77 millions en 12 ans), tout en offrant au secteur privé d'augmenter plus encore son ratio de rentabilité... Money is money.

(c) Zurbains.com

Commentaires

Et bien ce problème semble un peu tourner en rond même si l'accès à une assurance minimale pour 30 millions de personnes en plus est déjà un point de plus. Mais on ne refait pas la mentalité et les lobbies américains :/

Écrit par : Sabbio | 25 mars 2010

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