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27 avril 2010

Proust

« Proust, du temps perdu au temps retrouvé »

le musée ouvre sur une exposition consacrée à une figure majeure de la littérature, un écrivain dont la vie tout entière fut placée sous le signe de l’œuvre gigantesque qui le consuma, Marcel Proust (1871-1922).

 

à travers quelque 160 documents dont plusieurs n’ont jamais été publiés, le tout nouveau Musée des Lettres et Manuscrits présentera un fonds exceptionnel consacré à Proust. Seront exposés aussi bien des lettres que des manuscrits, des dessins, des photographies ou des éditions originales, couvrant presque toute la vie adulte de l’écrivain, de 1894 à sa mort en 1922. De nombreuses pièces sont exposées pour la première fois et ne figurent pas dans l’abondante bibliographie consacrée à l’écrivain.

cette source inestimable sur la vie de l’auteur comme sur la genèse de son grand oeuvre contient des informations précieuses sur la structure de La Recherche, qu’il appelle son « roman plein de malédictions ». Proust confie ainsi son peu d’affection pour Swann, ou ses réticences à l’égard deA l’Ombre des Jeunes Filles en fleurs, qu’il trouve « trop fade ».

cette correspondance est également riche d’informations sur les personnes qui, dans l’entourage de Proust, en ont inspiré les personnages, soit qu’il les évoque dans ces lettres, soit qu’elles leur soient adressées (ainsi de Gilberte Swann, inspirée par Jeanne Pouquet - mère de Simone de Caillavet -), du baron de Charlus qui doit beaucoup au comte de Montesquiou, ou d’Albertine, qui emprunte à Alfred Agostinelli et Albert Nahmias, pour ne prendre que ceux-là).

on découvre également de nombreuses considérations de l’écrivain sur la vie, sur l’amitié, sur l’amour (à Léon Bélugou en 1906 : « y a-t-il un amour que la présence de ce qu’on aime n’affaiblisse ? »), sur le temps fugace (à sa mère : « dis-toi que cette lettre est l’expression d’une réalité fugitive qui ne sera plus quand tu la liras ») et sur cette « mémoire fatiguée par les stupéfiants ».

ce sont enfin mille et un détails sur sa vie mondaine, amicale, familiale qui forment au fil des lettres le portrait kaléidoscopique de Marcel Proust. Au-delà de l’auteur, c’est en effet un Proust intime et multiple qui s’exprime à travers cette correspondance quotidienne : c’est l’ami, qui s’enquiert des siens avec une exubérante sollicitude, c’est le fils, qui partage avec sa mère ses tracas quotidiens et les incessants tourments que sa santé fragile lui inflige (« cela me fait tant de plaisir de me plaindre à toi »), c’est l’écrivain qui, soucieux de la promotion de son œuvre, nourrit d’abondants échanges avec ses éditeurs et avec la presse, c’est jusqu’au locataire, dont la relation tendue avec son propriétaire est le fruit d’un soin jaloux, pour ne pas dire maniaque, apporté à la préservation de son univers calfeutré. La sensibilité extrême de l’écrivain transparaît à chaque ligne, exacerbée par l’omniprésence de la maladie qui le confine dans sa chambre et dont on voit combien elle rythmait ses jours et occupait ses pensées et ses écrits. L’écriture « domestique » et quotidienne de Proust, si éloignée de la plume incomparable qui fut celle de l’auteur de La Recherche, porte un éclairage intime sur la personnalité de cet hypersensible mondain, qui se déclare « moins vaniteux que sensible ».

 

 

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