Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14 juin 2010

Dylan

j'entends du bruit devant ma porte. je frissonne. je n'aime pas la pénombre de ma chambre et savoir que la porte va s'ouvrir que je vais pouvoir jeter un oeil au dehors que je vais me reconnecter un instant seulement au monde extérieur me fait battre le coeur. mais j'ai peur.

que vont-ils me faire aujourd'hui ?

est-ce elle ?

est-ce lui ?

j'essaie de tenir ma mémoire éveillée. si j'ai bien compté on doit être mercredi.

parce que le mercredi c'est le jour où mon petit frère reste à la maison et elle vient toujours vérifier que je ne ferai pas de désordre que je me tiendrai tranquille. il pourrait y avoir des visites du passage et mes cris les dérangent.

forcément.

je crie encore.

je ne sais même plus pourquoi car personne n'entend jamais mais je crie.

il me dit que je suis un sauvage et que c'est pour cela qu'il m'enferme. il me donne des coups parce que les sauvages on le dresse dit-il.

la poignée tourne. ma tête aussi.

j'ai faim. enfin je crois. il y a si longtemps que j'ai faim que je ne sais même plus si c'est réellement pour cela que mon ventre se tord que ma bouche bave.

peut-être qu'ils ont raison que je ne suis qu'un sauvage.

quand la porte s'ouvre je sens la bouffée d'air qui pénètre dans ma chambre. l'odeur de pipi est devenue une habitude le pipi le renfermé le rance.

le silence.

hormis mes cris et les bruits du dehors que je guette.

une bouffée d'air où je décèle des odeurs de gâteau et de vie. une lumière qui m'aveugle un peu.

je ne me rappelle plus le goût des gâteaux je ne mange que du pain avec des pâtes et des restes de viandes secs. ou des morceaux de jambon bleuis.

je fais des boulettes avec la mie je la roule dans mes doigts j'en fais des boudins et je croque chaque petits rondins avec délice. comme s'il s'agissait d'une nourriture sacrée.

je me recroqueville sous mon lit. parce que je sais qu'elle va me dire que je suis sale et que je pus. et que je la dégoûte. et que je ne vaux rien que je ne suis qu'un sauvage.

elle va prendre cette voix de mépris qui me lacère les tripes. un jour pourtant elle m'a porté dans son ventre. elle a changé mes couches et endormi dans mon lit en chantant de douces chansons.

quand est-ce que tout a basculé ? je n'en sais rien. je ne sais plus.

depuis combien de temps je suis dans ma chambre ? mes tee-shirts sont devenus serrés et elle m'en veux.

- tu grandis trop vite. tu nous coûte cher. peut-être que tu devrais moins manger...

- j'ai faim.

et la première gifle tombe. je ne dois pas avoir faim. ni froid. nie envie de rien.

je retiens mon souffle je l'entends approcher.

- ohé ? il y a quelqu'un ici ?

ce n'est pas sa voix. c'est une voix d'homme. mais pas celle de l'homme qui donne des coups. une autre voix.

ils ont emmené quelqu'un d'autre. pour que les autres voient le petit sauvage qui bousille leur vie.

je vois un visage se profiler sous le lit. je voudrais devenir tout petit. c'est vrai j'aurais du moins manger.

une main large se tend.

- viens, sors de là, tu ne crains plus rien.

je ne bouge pas pas je ferme les yeux. je ne veux pas voir celui qui,me frappera tout à, l'heure.

- écoute petit, sors de là je ne te ferai rien.

ils disent toujours ça avant que les coups ne tombent. ou alors "tu l'as bien chercher, c'est de ta faute !"

je ne les crois plus.

et pourtant... quand l'homme m'extrait de sous le lit il a les yeux tristes et confiants. il me tend une paume amicale.

- tu ne crains plus rien ton calvaire est terminé désormais je vais te sortir de là.

je me suis peut-être trompé on n'est peut-être pas mercredi aujourd'hui...

 

------------

Dylan ne va plus à l'école depuis 3 ans, enfermé dans sa chambre et maltraité par ses parents.

Commentaires

Whouah ! Quelle violence ! Tu as ecrit ces lignes à partir d'un fait reel ?

Écrit par : cheyenne / Laura Millaud | 14 juin 2010

oui le lien vers le fait divers est en dessous. il faut cliquer sur le prénom du garçonnet.

Écrit par : calouan | 14 juin 2010

En lisant l'article, je me souviens. Mais de telles habitiudes ne sont meme pas imaginables, tellement cruelles ! Que peut devenir un enfant qui a subit d etelles violences psychologiques et physique s!!??

Écrit par : cheyenne / Laura Millaud | 14 juin 2010

c'est ce que j'essaie superficiellement de dire. cette sensation de ne même pas être un humain...

Écrit par : calouan | 14 juin 2010

Comment peut-on ? C'est inimaginable et pourtant on voit ce genre d'histoire (et même pire) trop souvent dans les journaux et malheureusement ces cas sont découverts lorsqu'il est trop tard.
J'ai lu ce "fait divers" dans le journal local car je suis du sud-ouest et en lisant le prénom à la fin de l'histoire j'ai tout de suite compris. Ce texte mérite d'être publié !
Envoyons plein de pensées positives à ce petit Dylan et espéront que tous ceux qui vivent cette horreur soient vite découverts.
A bientôt Calouan.

Écrit par : evelyne | 15 juin 2010

Comment peut-on ? C'est inimaginable et pourtant on voit ce genre d'histoire (et même pire) trop souvent dans les journaux et malheureusement ces cas sont découverts lorsqu'il est trop tard.
J'ai lu ce "fait divers" dans le journal local car je suis du sud-ouest et en lisant le prénom à la fin de l'histoire j'ai tout de suite compris. Ce texte mérite d'être publié !
Envoyons plein de pensées positives à ce petit Dylan et espérons que tous ceux qui vivent cette horreur soient vite découverts.
A bientôt Calouan.

Écrit par : evelyne | 15 juin 2010

Encore un gros gros coup de poing, de l'incompréhension, de l'horreur... depuis hier je ne lis, vois, entend que des horreurs commises par l'homme. Dur d'avoir foi en l'humanité et sa capacité de faire le bien! Et pourtant il faut rester positifs et se concentrer sur les gens aimants, généreux, bienveillants et leurs actions.

Écrit par : Sabbio | 17 juin 2010

Les commentaires sont fermés.