07 octobre 2010
nobel 2010
Le prix Nobel de littérature 2010 a été décerné jeudi au romancier et essayiste Mario Vargas Llosa, ancien candidat à la présidence du Pérou et chroniqueur des luttes humaines face aux pouvoirs autoritaires d'Amérique latine. Mario Vargas Llosa est récompensé "pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses représentations incisives de la résistance, de la révolte et de la défaite de l'individu", dit un communiqué du comité suédois. L'auteur de "La Ville et les chiens" et de "Conversation à 'La Cathédrale'" est le premier écrivain latino-américain couronné par le Nobel de littérature depuis son attribution au Mexicain Octavio Paz en 1990. Le Colombien Gabriel Garcia Marquez l'avait reçu en 1982. "Cela fait des années que je n'ai pas pensé au prix Nobel. On ne me citait pas, alors je n'y comptais pas", a déclaré le lauréat selon la radio colombienne. "C'est une surprise, très agréable, mais néanmoins une surprise." Lors d'une conférence de presse à New York, il a déclaré: "J'espère que ce prix m'a été attribué pour mon oeuvre littéraire, et non en raison de mes opinions politiques. "Je crois que la littérature latino-américaine parle du pouvoir et de politique, et c'est inévitable. En Amérique latine, nous n'avons pas résolu des questions de base comme la liberté. La littérature est une expression de la vie et on ne peut pas éliminer la politique de la vie". Aux yeux du président péruvien Alan Garcia, la récompense était attendue de longue date. "C'est un grand jour, car le monde reconnaît l'intelligence visionnaire de Mario Vargas Llosa, ses idéaux libertaires et démocratiques", a-t-il dit. Vargas Llosa, qui possède les nationalités péruvienne et espagnole, est né le 28 mars 1936 à Arequipa. Il a acquis sa renommée internationale au milieu des années 1960 et a puisé dans son expérience du Pérou des deux décennies précédentes. Pour "La Ville et les chiens", il s'est notamment inspiré de son passage dans une école militaire durant son adolescence. Sa critique des intolérances religieuses et militaires est illustrée par le roman "Pantaléon et les visiteuses". Dans "La Fête au bouc", une femme de 49 ans revient en République dominicaine, hantée par les souvenirs d'enfance que lui a laissés la dictature brutale de Rafael Trujillo. CANDIDAT LIBÉRAL À LA PRÉSIDENCE Le romancier s'est aussi attelé à des sujets tels que l'épopée socio-politique de Canudos, située dans le Brésil de la fin du XIXe siècle, dont il a tiré en 1982 "La Guerre de la fin du monde", ambitieux roman qui rencontra un large succès en Amérique latine et ailleurs. Tenté par le communisme dans sa jeunesse mais déçu par la révolution cubaine, Mario Vargas Llosa s'en détourne ensuite. Il fera des études à Madrid avant de s'installer à Paris au début des années 1960. En 1990, il est candidat de centre droit à la présidence péruvienne et milite pour un programme néo-libéral. Il sera battu par Alberto Fujimori, lequel devra ultérieurement fuir le pays et sera jugé coupable d'une série de délits. Le nom de Vargas Llosa est lié à une querelle restée fameuse. En 1976, il avait décoché en public un coup de poing à Garcia Marquez, son ami et confrère. Les deux hommes rompirent toute relation et la raison de leur bagarre demeura un mystère. Un photographe a laissé entendre en 2007 qu'elle pouvait être liée à l'épouse de Vargas Llosa. Figure du "boom" littéraire latino-américain des années 1960 et 1970, qui produisit ce qu'on a nommé le "réalisme magique", Mario Vargas Llosa a enseigné ou donné des conférences dans des universités d'Amérique latine, des Etats-Unis et d'Europe. Le comité Nobel a pris contact avec l'écrivain jeudi avant l'aube aux Etats-Unis. "Il a un engagement de deux mois pour enseigner à Princeton, j'étais donc gêné de lui téléphoner aussi tôt. Mais il était debout depuis cinq heures et préparait une conférence", a rapporté Peter Englund, membre du comité. "Il était euphorique et très, très ému." "Il a écrit des chefs-d'oeuvre de narration parce qu'il s'agit essentiellement d'un narrateur. C'est un conteur, et quel conteur !", a ajouté Englund. Vargas Llosa est aussi un essayiste et un journaliste réputé à qui l'on doit "L'Orgie perpétuelle (Flaubert et Madame Bovary)", "Le Langage de la passion. Chronique de la fin du siècle" et une autobiographie, "Le Poisson dans l'eau". La distinction dont il est l'objet, dotée d'un prix de dix millions de couronnes suédoises (1,07 million d'euros), est le quatrième prix Nobel attribué cette semaine après ceux de médecine, de physique et de chimie.
22:16 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
J'apprécie beaucoup ces billets instructifs qu'on trouve souvent chez toi... merci :)
Écrit par : Sabbio | 09 octobre 2010
merci...
Écrit par : calouan | 09 octobre 2010
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