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16 septembre 2011

4e de couverture

sur le sit du Figaro.culture, trouvé cet article littérairement intéressant de Mohammed Aissaoui :

je vous laisse lire..

«La quatrième de couverture doit créer le désir, c'est son premier but», explique Karina Hocine, directrice littéraire des éditions Lattès. (François Bouchon/Le Figaro)

«La quatrième de couverture doit créer le désir, c'est son premier but», explique Karina Hocine, directrice littéraire des éditions Lattès. (François Bouchon/Le Figaro)

 

Le dos d'un roman doit inciter le lecteur à ouvrir le livre. Qui l'écrit et comment ? 

C'est un rituel que l'on observe en librairie: d'abord, le lecteur prend le roman en jetant un coup d'œil furtif sur la couverture. Ensuite, il le retourne pour découvrir le petit texte qui figure à la dernière page. Ce moment est très court, mais décisif. Si après ces quelques instants, le lecteur ouvre et feuillette le roman, c'est presque gagné. «Mais l'alchimie d'une quatrième de couverture est très difficile à trouver. Elle échappe aux règles codifiées du marketing. C'est un exercice délicat : c'est ce que le lecteur voit en second, affirme Philippe Touron, de la librairie Le Divan, à Paris. Chaque roman est un prototype. Les bandeaux ou les petits mots des libraires sont une manière d'amener vers la quatrième.»

1- Quel objectif?

«La quatrième de couverture doit créer le désir, c'est son premier but», explique Karina Hocine, directrice littéraire des éditions Lattès. Et de préciser: «Elle doit créer le désir, oui, mais tout en ressemblant au livre: l'équilibre n'est pas toujours facile à trouver. Et le pire est de tromper le lecteur avec une accroche mensongère.»

2- Qui doit l'écrire?

Pour Claire Delannoy, éditrice chez Albin Michel, la réponse ne fait aucun doute: «C'est à l'éditeur de l'écrire.» Et la plupart de ses confrères abondent: la «quatrième» reste la chasse gardée de l'éditeur, avec un droit de regard de l'auteur, bien sûr. L'explication est simple pour Émilie Colombani, du Seuil : «Le romancier ne peut être acteur et spectateur. Or, il faut avoir une distance par rapport au livre, et se mettre du côté du lecteur, pas de l'écrivain. L'auteur est le moins bien placé !» Chez Actes Sud, on va encore plus loin: la quatrième est signée de… l'éditeur. Dans tous les romans figure «Le point de vue des éditeurs», suivi d'un petit texte qui contient le plus souvent deux paragraphes (un résumé et une sorte de critique qui doit séduire). Chez Albin Michel, Richard Ducousset, PDG de la maison, a le dernier mot: il regarde toutes les couvertures. Il n'y a que les éditions P.O.L qui se distinguent: «C'est une règle chez nous, explique Jean-Paul Hirsch : ce sont les auteurs qui écrivent la quatrième de couverture, et aucune consigne ne leur est donnée.»

Il n'y a pas d'exception à la règle, les cinq romanciers de la rentrée ont rédigé le petit texte au dos de leur roman.

3- Quel contenu?

Il n'y a ni règle ni mode d'emploi. Il existe bien des codes classiques - il faudrait pouvoir y lire le titre du roman, le nom de l'auteur avec une biographie express et quelques mots sur le livre. Mais presque aucune maison ne les respecte, à l'instar de Lattès, Grasset, Fayard, Actes Sud, La Table ronde, P.O.L, Le Dilettante… Pourquoi? «J'estime que le titre figurant déjà sur la couverture, il n'y a pas lieu de l'ajouter sur la quatrième. J'aime autant le vide, le blanc. On n'est pas obligé d'occuper tout l'espace», répond Karina Hocine. Chez Gallimard, Albin Michel, Mercure de France ou Léo Scheer, on préfère reprendre le titre et le nom de l'auteur. Chez Stock, on ne reprend que le titre. Une courte biographie est ajoutée à la fin du texte. Chez P.O.L, on est adepte d'une sobriété extrême, «voire d'une certaine austérité et d'une économie de mots, ajoute Jean-Paul Hirsch, jamais de bio de l'écrivain, ni des considérations du genre “il habite à Paris”, “Il a reçu tel prix…” ou même “auteur de L'Adversaire”, par exemple. Chaque livre se suffit à lui-même.»

4- Quel ton adopter?

«Il faut coller à la tonalité du roman, ne pas employer des mots que l'auteur n'aurait pas utilisés», souligne Claire Delannoy. L'éditrice aime beaucoup ce défi: «C'est un exercice de style, mais aussi une technique qui s'acquiert avec l'expérience. Cela fait partie de notre rôle de passeur.» Pour respecter le ton du roman, certains en extraient une phrase, mais tous les livres ne s'y prêtent pas. Le Mercure de France, par exemple, adopte souvent cette méthode : un extrait, suivi d'un petit texte. «Il faut que l'extrait capte l'attention, en dire assez pour donner envie, sans tout raconter… Ce n'est pas évident», explique Karina Hocine, qui a un truc pour savoir si le texte de la quatrième sonne juste: «En général, je le lis à haute voix.»

5- Quelle longueur?

La tendance est au court, très court, même. Exemple, chez P.O.L Marie Darrieussecq, auteur de Clèves, doit attirer avec cette phrase: «Solange se demande s'il vaut mieux le faire avec celui-ci ou avec celui-là.» Eliette Abécassis est peu prolixe, le titre (Et te voici permise à tout homme, chez Albin Michel) est presque aussi long que la phrase de la quatrième : «Femme ? Épouse ? Non. Tu es Agouna. Enchaînée, ancrée, enlisée.» Mais la palme du court revient à Dimitri Bornikov, auteur de Repas de morts (Allia, maison économe en mots): «J'ai rien à faire là.» On se demande si cette tendance ne constitue pas un retour au passé: car il y eut des quatrièmes complètement vierges. Puis, au cours des années où on y a ajouté un extrait du catalogue de l'éditeur avec de la publicité (oui, de la publicité !). Enfin des «prière d'insérer» ou des «déclaration d'intention» de l'écrivain avaient fait leur apparition. Cette forme de quatrième revient aussi à la mode.

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