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08 octobre 2011

excuses en bleu clair

il est là, ses yeux clairs derrière les verres de ses lunettes. ses yeux qui ont gardé cette colère qu'elle leur connait et qui pourtant semblent s'être adoucis.

il a dit : est-ce qu'on peut se parler stp ?

woauh ! elle se dit que la guerre n'est pas finie. qu'elle est prête à l'affronter, elle en a affronté d'autres, elle ne les craint pas ses grosses brutes aux manières qui intimident, aux grosses voix qui impressionnent, aux avant-bars balèzes...

- pour se dire quoi ?

putain, mais comment est-ce que je peux être aussi rancunière, elle se demande. c'est de l'histoire ancienne alors desserre les dents et écoute.

bras croisés, elle se plante devant lui. fixe ses yeux clairs derrière les verres de ses lunettes.

la dernière fois où elle était dans cette position il avait la haine au bord des lèvres, les poings rageurs, les mots violents. il parlait de la frapper. de nuit blanche à cause d'elle. de...

elle s'en souvient si bien. de cette haine éternelle incommensurable qu'elle a alors senti naître en elle. cette haine qu'elle lui a balancée chaque fois qu'ils ont du se croiser. lèvres serrées, regards froids. cette haine dédaigneuse. et juste en dessous, un peu moins forte cette souffrance terrible de se sentir seule, abandonnée, à la merci de ce genre de connards violents. cette évidence d'être si peu entre les mains carrées de ce genre de type. de ne pouvoir compter sur personne.

personne.

elle était là en face de lui il y a quatre ans, peut-être cinq, tout pareil que ce soir-là, sauf qu'alors il y avait son petit garçon dans ses bras qui pleurait. le petit garçon a grandi, le temps passé, la haine est restée.

elle écoute pourtant. sur ses gardes.

- je ne sais pas comment commencer. je voulais principalement te dire que je m'excuse.

quoi ? là, au dedans c'est patatrac ! la montagne de rage qui faisait face au colosse aux yeux clairs derrière les verres de ses lunettes s'écroule d'un seul bloc. par terre. patatrac !.

- j'ai voulu venir te voir souvent mais tu as déménagé, je ne savais pas, je ne te trouvais pas. et puis j'ai su que tu as morflé. j'ai essayé... ce soir, c'est l'occasion. je ne suis pas comme ça d'habitude. pas violent. pas agressif.

elle ne peut pas prononcer un mot. elle le laisse débiter son flot d'excuses de paroles intimidées de regrets sincères.

- je ne sais pas ce qu'il m'a pris ce jour-là. je me suis emporté. je ne suis pas comme ça je t'assure.

- ta violence, tes mots, tes menaces, ton intolérance, cette puissance dans ta rage... tout ça m'a démolie. je n'ai rien compris. je ne comprends jamais la violence la haine crachée l'agressivité injustifiée. je...

- je sais... c'est pour cela... que je voulais m'excuser. te dire te montrer t'expliquer que je ne suis pas comme ça. que... ce n'est pas facile, je ne sais pas quoi faire pour que l'on puisse se croiser à nouveau normalement pour que tu ne m'en veuilles plus.

à l'intérieur son coeur explose. ses années de peur, ses années de peine, à douter d'elle, de ce qu'elle fait pour les autres, de ce qu'elle donne... tout ce gâchis qui vient d'être effacé par ces yeux clairs derrière des verres de lunettes. elle en pleurerait. en rirait.

- tais-toi et viens danser. maintenant ça n'a plus d'importance. et tu me dois au moins ça : une danse.

il sourit. vraiment. et la suit quand elle lui prend le bras pour l'entraîner sur la piste.

elle sait qu'elle ne doit pas douter. et qu'elle ne doit pas avoir peur de ces connards qui se croient au-desssus des règles des lois du savoir-vivre. demain, elle aura certainement oublié ses bonnes résultions mais là, tout de suite elle le sait.

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