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27 mars 2012

Enzo, 2 ans, mort...

- j'ai jamais été aimé... mon père ? j'en ai pas. j'le connais pas. et l'homme qui vivait avec ma mère, c'était qu'un ivrogne, il m'cognait d'ssus. il buvait et pis, il m'cognait d'ssus... ma mère elle s'en foutait, elle m'aimait pas, tout'façons..

- ben non, moi c'est pas pareil. j'ai eu une enfance choyée, mes parents me gâtaient, mon père dsiait que j'étais sa p'tite princesse... mais y'a eu c'truc, là, quand j'ai eu onze ans et je m'en suis jamais remise. Oui, un viol, comme vous dites. Il m'a tripotée et pis il m'a emmenée dans la chambre du fond et là... j'm'en suis jamais remise. Alors, j'le savais bien que je vivrais soumise aux hommes, ça a toujours été mon drame... faut pas croire, hein, avec le père d'Enzo, j'étais pas heureuse non plus. il était trop possessif et jaloux. fallait que j'sois sa chose, sa femme rien qu'à lui, j'avais pas l'droit d'sortir comme ça, j'devais tout dire, tout raconter... j'en pouvais plus. au moins, avec lui, le Nico, là, j'avais une chance d'être mieux traitée. il m'disait qu'il allait me rendre heureuse, et libre, et belle, et tout ça quoi !

 

je les entends. ils me dégoutent. je les revois en train de me cogner contre le sol, de m'envoyer valdinguer  contre les murs.. il s'énervait lui, il disait que ce n'était pas normal à mon âge de ne pas réagir à la douleur. alors il prenait son pistolet à billes et il me tirait dessus, et aussi la laisse de Max, son chien, il me fouettait avec...


- moi, monsieur, j'ai toujours aimé les chiens. ils sont bien meilleurs que les humains, va ! y'a pas un chien qui m'a tourné le dos, pas comme ma mère qui m'a laissé crever comme une merde, ou ma première nana qui m'a quitté parce que je voulais pas de gosse... quoi ? ouais c'est vrai je picolais pas mal mais par contre l'héro j'avais arrêté. j'prenais du Subutex pour pas replonger... ouais, elle le savait elle que je prenais du Subutex.. hein, tu l'savais ?

- oui, c'est vrai, il n'a jamais rien caché, il disait qu'il allait arrêter qu'il allait devenir clean. j'le croyais, moi, monsieur, il avait l'air sincère. le p'tit ? il pleurait jamais. franchement, ça avait le don de nous énerver grave quoi ! et pis bon, la première fois qu'ils l'ont observé ils nous l'ont rendu le p'tit, c'est qu'on était pas de si mauvais parents que ça, le Nico et moi...

 

moi j'aurais voulu que ce soit ma nourrice ma mère. elle était douce, elle mettait de la crème sur mes bleus et parfois même elle pleurait en regardant mon corps. elle disait : "mon Dieu, mon Dieu, mais ce n'est pas possible de faire ça à un enfant ! comment ils peuvent faire ça ! je ne peux pas, je ne peux pas, faut le dire, faut faire quelque chose..."

elle me chantait des douceurs à l'oreille et elle embrassait le bout de mes doigts. et parfois même elle m'appelait "mon prince".

"le Nico et moi"... écoutez-la... ça me fait trop de peine... elle n'a rien compris... elle m'a laissé partir. je n'y suis pas arrivé, je n'ai pas réussi à faire tenir mon coeur, ça me brûlait tout partout, je hurlais dans ma tête, c'était trop dur... j'ai laissé partir mon coeur...

je suis bien mieux maintenant. je ne souffre plus. j'en ai fini avec les souffrances...

Commentaires

Lire ce texte dès le matin va me plomber ma journée ! Tu ne pleures pas en écrivant ce genre de "douceur" ??

Écrit par : Laura Millaud | 28 mars 2012

en l'écrivant non.
j'ai entendu ce "fait divers" raconté sur ma radio préférée hier matin alors que j'emmenais les filles au lycée. là oui, j'en tremblais et j'en pleurais en roulant. j'ai gardé ma désolation en moi toute la journée et quand j'ai "couché" les mots sur mon écran, c'était avec une vraie colère dans les tripes...

Écrit par : calouan | 28 mars 2012

Et dans un "20 min" de qques jours, j'ai lu qu'un enfant de 12 ans s’était défenestré ! Le désespoir qui a dû le ronger pour qu'il en arrive là !

Écrit par : Laura Millaud | 28 mars 2012

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