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07 juin 2013

les inconnus du café Central

 

Il parle, elle se contente d’hocher la tête, très légèrement de haut en bas.

Il a le crâne rasé et porte un costume gris fluide qui lui donne une aisance élégante. Ses cheveux blonds tombent de chaque côté de son visage et ses yeux bleus ne sourient pas.  Une toute petite fille est assise sur ses genoux, calée contre son torse, calée sous son menton. Serrée contre sa mère, l’enfant ne bouge pas, ne rouspète pas, on pourrait même penser qu’elle n’est pas là.

Parfois il pose sa main contre son oreille, coude sur la table. Ca lui donne un air encore plus sérieux.

Parfois elle glisse son poignet, main retournée, près de sa bouche, coude sur la table. Elle paraît plus dramatique encore.

Il parle, elle écoute, elle acquiesce. Aucun des deux ne sourit.

Ils parlent peut-être de divorce, de problème financier, d’une arnaque professionnelle, d’une grave maladie…

Aucun des deux ne sourit.

Il commande deux cafés avec de la crème. Parce qu’ici le café se boit avec de la crème, on dirait même de la mousse.

Il commande deux boules de glace. On dirait du citron.

Il commande, le serveur vient déposer le tout sur la table, au fur et à mesure.

D’une main, elle garde l’enfant lovée contre elle et de l’autre elle mange, elle boit.

Il parle encore. Elle acquiesce toujours, ses yeux sont plantés dans celui de l’homme. Pas un sourire pas un éclair de vie dans son visage, elle écoute.

Enfin, elle articule quelques phrases. C’est lui maintenant qui hoche lentement la tête.

Drôle de ballet, semblable à un jeu de marionnettes.

Est-ce qu’il l’aime ?

Est-ce son frère ? Son meilleur ami ? Son collègue de travail ? Son avocat ?

Ils doivent avoir le même âge ou alors elle est plus âgée. Légèrement. Quelques années. Elle semble triste fatiguée ses traits sont tirés. Il est lisse concentré sérieux. Aucune séduction ne se dégage de lui.

Il parle. Parfois, rarement il écoute. Il ne sourit pas, n’avance pas sa main vers la femme, ne fait aucun mouvement in

 

Commentaires

C'est peut être à la fois son frêre, son meilleur ami, son collègue de travail et son avocat, ce qui fait beaucoup pour un seul homme et explique son côté hyper sérieux....
Et c'est là que tu dois regrêter de ne pas parler allemand, cela t'aurait permis de lire sur les lèvres ...
Sinon, rien à voir, Pierre Mauroy est mort ce matin. Je l'aimais bien. Je l'ai croisé quelque fois dans les couloirs de la commuanauté urbaine et à chaque fois il me disait bonjour. C'est bête, mais en tant qu'ancien premier ministre, il aurait pu " se la jouer", hé bé non. Oui, je l'aimais bien.

Écrit par : jean | 07 juin 2013

j'ai appris oui, pour Pierre, au moment où Philippe Grimberg s'apprêtait à parler de son livre "un secret".
native de Lille, j'ai une profonde admiration et une affection dingue pour ce mastodonte de la politique socialiste.
et vraiment, je suis profondément émue de cette nouvelle. un pan de l'histoire qui se tourne.

Écrit par : calouan | 08 juin 2013

Depuis près de quinze ans, mon directeur se nomme Fabien Mauroy qui ressemble à son père comme deux grosses gouttes d'eau ... il est techniquement super conpétent, la hiérarchie ne lui fait aucun cadeau, son bureau est à trois portes du mien, nous nous cotoyons en permanence, c'est très étrange cette impression de travailler à ses côtés. En près de 25 ans, je le connais depuis tout ce temps, jamais, vraiment jamais il n'a parlé de son père. C'est en 2012 lorsque j'ai organisé un pot en petit comité pour la naissance de mon petit Nino (bientôt 17 mois) qu'il nous a parlé de son père qui venait d'être opéré du poumon et qu'on avait annoncé comme décédé le matin même. Au cours du pot, il a reçu un coup de téléphone,son visage s'est éclairé et il nous a alors donné de bonnes nouvelles. Sacha, mon grand garçon (4 ans à l'époque) était depuis le début du pot sur ses genoux, se foutant de savoir qu'il jouait au dinausore avec lefilsd'une géant du Nord. Fabien Mauroy l'a alors pris dans ses bras, l'a emmené dans le couloir et tous les deux ils ont piqué un sprint.
Le plus difficile, dans la vie, c'est décidément de rester humain et de ne pas oublier qu'un jour on a été des enfants insouciants sachant au jour le jour profiter de l'instant présent.

Écrit par : jean | 08 juin 2013

Depuis près de quinze ans, mon directeur se nomme Fabien Mauroy qui ressemble à son père comme deux grosses gouttes d'eau ... il est techniquement super conpétent, la hiérarchie ne lui fait aucun cadeau, son bureau est à trois portes du mien, nous nous cotoyons en permanence, c'est très étrange cette impression de travailler à ses côtés. En près de 25 ans, je le connais depuis tout ce temps, jamais, vraiment jamais il n'a parlé de son père. C'est en 2012 lorsque j'ai organisé un pot en petit comité pour la naissance de mon petit Nino (bientôt 17 mois) qu'il nous a parlé de son père qui venait d'être opéré du poumon et qu'on avait annoncé comme décédé le matin même. Au cours du pot, il a reçu un coup de téléphone,son visage s'est éclairé et il nous a alors donné de bonnes nouvelles. Sacha, mon grand garçon (4 ans à l'époque) était depuis le début du pot sur ses genoux, se foutant de savoir qu'il jouait au dinausore avec lefilsd'une géant du Nord. Fabien Mauroy l'a alors pris dans ses bras, l'a emmené dans le couloir et tous les deux ils ont piqué un sprint.
Le plus difficile, dans la vie, c'est décéidément de rester humain et de ne pas oublier qu'un jour on a été des enfants insouciants sachant au jour lejour profiter de l'instant présent.

Écrit par : jean | 08 juin 2013

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