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16 août 2014

embargo russe

Aux sanctions de l'Occident, la Russie a opposé l'arme économique, en imposant jeudi 7 août un embargo d'un an sur de nombreux produits alimentaires en provenance de l'Union européenne (UE), des Etats-Unis, de l'Australie, duCanada et de la Norvège. Espérant faire revenir ses « partenaires », le Kremlin pose une menace sérieuse, mais pas dramatique à la France et à l'Europe.

Quel impact pour la france ?

Contrairement à d’autres pays européens, la France devrait être plutôt épargnée par l’embargo russe, pour trois raisons.

 

1.Selon les sources, la France se classe à la huitième ou à la dixième place des pays exportant le plus vers la Russie. Quoi qu’il en soit, elle est loin derrière l’Allemagne, et même distancée par l’Italie.

 

2.Par ailleurs, l’agroalimentaire ne représente que 8 % de ces exportations. Un niveau « nettement inférieur à celui des exportations allemandes du secteur »et « assez faible [...] par comparaison au potentiel français »relevait au début de l’année la direction générale du Trésor dans une note.

 

 

 

Même si les douanes russes avancent un chiffre plus important (1 milliard d'euros), l'agroalimentaire reste loin derrière le transport et les équipements mécaniques.

 

3.Enfin, l’embargo de Moscou ne concerne pas tous les produits agroalimentaires, mais seul un certain nombre de viandes, de légumes, de fruits, de produits laitiers et de poissons. Cela représenterait, selon nos calculs (faits à partir des chiffres 2013 de l’UN Comtrade), environ 330 millions de dollars (250 millions d’euros) de manque à gagner direct pour les exportations françaises. Soit à peine 1,5 % du volume total des exportations françaises dans le monde sur ces produits.

 

Le chiffre que nous avons obtenu est bien inférieur à celui avancé par le président de la FNSEA, Xavier Beulin, qui estime à 500 millions d’euros le coût direct de l’embargo pour la France. Sans compter les effets secondaires, comme l’engorgement du marché européen, qui pourrait faire baisser les prix et réduire les revenus des professionnels.

Mais les moteurs du commerce français en Russie échappent au pire. Comme le relève France 24, aucune des dix catégories de biens qui s’exportent le mieux en Russie (hélicoptères, médicaments, produits chimiques) n’est touchée par l’embargo.

Le lucratif secteur des vins et spiritueux évite lui aussi pour l’instant le pire. Premier fournisseur de la Russie, avec 21,7 % de parts de marché, la France y a gagné l’an dernier 209 millions de dollars (156 millions d’euros), selon l’UN Comtrade, et même 416 millions d’euros, selon la douane russe.

 

La Pologne a été le premier pays touché par l'embargo russe sur les produits alimentaires européens et américains.

L'union européenne est-elle menacée ?

 

C’est la thèse avancée par l’agence de presse russe Ria Novosti, qui prédit un« cauchemar » politique et économique à Bruxelles après les sanctions russes. « A en juger par les réactions de certains leaders européens, on peut raisonnablement penser que Moscou a réussi à toucher un point sensible de l'Union européenne », écrit-elle, croyant savoir que la Commission européenne n'a pas de plan d'urgence pour faire face aux conséquences de l'embargo (agriculteurs ruinés, profits sacrifiés). Pour étayer son propos, l'agence s’appuie sur une déclaration du représentant de l'Union européenne à Moscou, le Lituanien Vygaudas Usackas, qui a estimé à 16 milliards de dollars (12 milliards d’euros) les pertes directes de l’UE liées à l’embargo, dans une récente interview radiophonique.

 

0, 01% 

 

Un chiffre qui correspond à l’ensemble des exportations agroalimentaires Europe-Russie, et non aux seuls produits visés par l’embargo. Nos calculs s’approchent plutôt de 7 milliards d’euros.

 

En tout état de cause, comme le rappelle Forbes, l'agroalimentaire ne représente que 10 % des exportations européennes vers la Russie, et à peine 0,01 % du PIB européen.

Ce qui n’empêchera pas l’embargo de se faire durement sentir dans les secteurs dépendants des débouchés russes, comme les pommes polonaises, le bœuf néerlandais ou la chaîne de distribution allemande Metro, qui réalise 13 % de ses ventes en RussieMalgré la pression des professionnels, la Commission européenne ne semble pas encore décidée à prendre des mesures d’urgence pour les aider, certaine que « notre secteur agricole résilient se réorientera rapidement vers de nouveaux marchés et opportunités ».

Le président russe Vladimir Poutine dans sa résidence de Sotchi, le 11 août.

un effet boomerange pourla Russie

 

Si Moscou présente son embargo comme une offensive, elle ne peut ignorer les conséquences qu’il aura sur sa propre économie. La Russie, loin d’être autosuffisante, importe en effet 35 % de sa consommation alimentaire. Si des liens commerciaux importants sont déjà tissés avec des pays non occidentaux comme le Brésil ou la Chine, la Russie va tenter de les intensifier pour remplacer les importations interdites.

Si cette démarche prendra du temps à s'organiser, elle pourrait définitivementdétourner les consommateurs russes de ces produits européens, même en cas de réchauffement des relations diplomatiques.

En outre, comme le note le site France TV Info, la Russie entend soutenirfinancièrement ses producteurs pour substituer aux importations des produits locaux. Un scénario qui fait sourire l'ancien ambassadeur américain en Ukraine, Steven Pifer : « Vous ne construisez pas en une nuit des vergers pour remplacer700 tonnes de pommes polonaises. »

 

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