21 novembre 2015
Jonah Lomu
cet homme était un dieu des pelouses de rugby, il n'a pas voulu écouter les sales cons qui lui disaient quand ils était jeune qu'il ne serait jamais All Black parce qu'il venait d'une cité et il a eu super raison.
et il a joué dans l'équipe Marseille-Vitrolles ce champion néo-zélandais.
alors je vous glisse en dessous le ressenti de son entraîneur d'alors : Alain Hyardet... pour découvrir l'homme merveilleux qu'était Jonah Lomu..
«Il y avait immédiatement un décalage visible entre le personnage, c’est-à-dire le regard que portait l’extérieur sur Jonah Lomu, sorte de pop star, et l’homme, ce qu’il était vraiment à l’intérieur de lui, c’est-à-dire humble, assez introverti. Ce qui m’avait immédiatement marqué, c’est qu’il refusait de se mettre en avant ou qu’on le mette en avant. Vis-à-vis de ses partenaires, de l’équipe, il se sentait mal à l’aise.»
«Nous affrontons La Seyne et le match est délocalisé à Mayol. Dans le vestiaire, il s’est isolé pour se préparer comme s’il allait disputer la finale de Coupe du monde. J’avais beau lui préciser que ce n’était que de la Fédérale 1, le troisième niveau français, qu’il n’avait rien à craindre, que la défaite n’engageait pas le reste de la saison, il était à bloc. J’ai compris, au bout d’un moment, que ce match était la chose la plus importante pour lui parce qu’après sa greffe des reins, il allait enfin rejouer au rugby. C’était comme une renaissance. Un moment capital dans son existence.»
«Il ne produisait rien d’exceptionnel sur le terrain. Sauf que ses adversaires lui témoignaient un profond respect. Il y avait le match et il y avait Lomu. Pour les joueurs de Fédérale, Lomu c’était un personnage de PlayStation. Et là, d’un seul coup, ils avaient en face d’eux une star planétaire, le joueur qui les faisait rêver. Le décalage était immense. Lomu, c’était réservé au très haut niveau et aux grands stades. Et lui, il faisait entrer ses adversaires dans une dimension inconnue. Ils n’avaient pas le billet pour aller là où lui évoluait. A la fin des matches, ils allaient le voir pour lui dire : "Merci, monsieur, de nous avoir fait passer…" Comme des gamins sans billet qu’un joueur fait entrer gratuitement dans le stade.»
«C’était un passionné de jeu. Il aimait savoir pourquoi et comment on allait développer nos mouvements sur le terrain. Il m’interrogeait beaucoup sur la structure de nos organisations, offensives et défensives ; comment on allait d’un point A à un point B sur le terrain. Il était nourri par la culture all black.»
«Un jour où il était blessé, nous allions à Graulhet (dans le Tarn) et il a voulu venir avec nous. Il a effectué les cinq heures de bus pour être simplement porteur d’eau. Il remplissait les gourdes de ses coéquipiers, et leur tendait sur le terrain pendant les arrêts de jeu. je l’ai même vu masser les mecs qui avaient des crampes, à la fin du match.»
«Nous avions des maillots un peu dépareillés et défraîchis. Ça allait bien pour la Fédérale 1, mais lui voulait le meilleur pour nous. Alors il a appelé Adidas en leur disant qu’on ne pouvait pas continuer à jouer comme ça. "Trouvez-nous de beaux maillots...", a-t-il demandé. Et ils sont vite arrivés, magnifiques, bleu ciel et blanc, comme ceux de l’OM.»
«Il travaillait pour Adidas et Visa. Il était aussi l’ambassadeur de la Coupe du monde 2011 en Nouvelle-Zélande. Je voyais bien qu’il était surbooké. Mais je n’ai pas d’image particulière de son départ. Je le voyais triste, parce qu’il sentait qu’il allait devoir s’arrêter. Il m’a dit un jour, en parlant d’une action de jeu que nous avions créée pour lui : "Ma tête veut aller à un endroit précis du terrain, mais mes jambes ne peuvent pas…'' Ce jour-là, j’ai compris qu’il allait bientôt disputer son dernier match de rugby et que ce serait avec nous.»
16:04 Publié dans lamiendo | Lien permanent | Commentaires (0)
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