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11 octobre 2016

la couverture jaune

il vit là, sur une couverture jaune allongée à même le sol, au dessus de la bouche d'aération, devant un petit hôtel presque familial, il vit là livré au regard des passants, aucune intimité pour se mettre à l'abri des regards, toute sa vie déballée sur ce trottoir froid.

il a des yeux doux, ses cheveux poivre et sel sont coupés courts et sa barbe est bien entretenue, ses yeux coulent, il sort un paquet de feuilles de papier toilette soigneusement pliées les unes avec les autres, les unes sur les autres, les unes dans les autres, il en extrait une s'essuie les yeux lentement ses mains tremblent et puis il replie le reste des feuilles en un même paquet soigné qui replace vite à l'intérieur de son veston, poche précieuse de tout ce qui est vitale. et le papier toilette est vital.

sur sa couverture une bouteille de vin pas encore ouverte c'est le matin peut-être attendra-t-il un peu avant de la déboucher et tout le monde pourra commenter sur son besoin d'alcool lui qui est livré au regard des passants alors que tant d'autres personnes boivent de l'alcool dès le matin mais cachés chez eux, à l'abri des regards scrutateurs, même parfois validés par leur fonction, des alcooliques mondains, des professions pressés et débordés qui boivent sans que personne n'ait rien à redire, alors que lui...

est-ce parce qu'il était déjà dépendant qu'il en est arrivé là ? est-ce d'en arriver là qui l'a rendu dépendant ?

vaste débat ce matin avec un collègue "alcoolique anonyme" et surtout vaste question que celle des gens qui vivent dehors à même le sol, comme des chiens.

je pense à mon fils, et je l'imagine un jour lointain où je ne serais plus en vie et où personne ne viendrait saisir sa main tendue. mon coeur se serre.

et les larmes coulent sur mes joues du désarroi de cette société.

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