Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13 février 2017

sale pipi

parfois je ne sais pas pourquoi, mais quand je m'endors, je glisse dans un monde de douceur, un monde tranquille où personne ne me demande de faire ci ou de faire ça, d'être plus gentil, moins idiot, plus propre, moins bruyant, plus discret, plus...

quand je m'endors, j'oublie tout, les claques et les coups de poing, les insultes et les cris de bête sauvage, il ne reste que moi avec moi, moi et mes rêves, moi et la douceur de mes songes.

je glisse je glisse et je ne retiens rien, surtout pas le pipi qui vient mouiller mon pantalon de pyjama. 

c'est chaud, c'est doux, ça glisse, j'oublie tout.

et puis, je me réveille soudain, comme si un serpent m'avait piqué, comme si on m'avait pincé du bout des ongles, violemment. je me réveille et alors, Ô malheur, je réalise que je suis mouillé, mon pantalon de pyjama est mouillé, mes draps sont mouillés.

et là, j'ai peur, j'ai vraiment peur, encore plus que les autres fois, parce que je sais qu'il n'aime pas, qu'il va hurler et me traiter d'animal sauvage, qu'il va me faire payer la honte de vivre sous le toit d'un petit cochon, que les coups vont pleuvoir, qu'il ne va pas m'épargner.

j'ai retenu mes larmes, je n'ai pas voulu les réveiller, j'ai fait comme si je dormais encore mais il faut croire qu'il le sent, le sale con, parce qu'il a passé la tête par la porte de ma chambre au moment où je retirais mon pantalon.

- Oh non, Manon, ton minot il a encore pissé au lit... non, ca ne va jamais cessé cette merde ? on n'est pas dans une porcherie ici !! il va s'arrêter quand ce cochon ? je vais te lui passer l'envie moi, à ce sale gosse...

je ne l'ai même pas vu arriver, j'étais pétrifié et puis, soudain, je me balançais au bout de sa grosse main, les fesses à l'air et le coeur qui battait à mille à l'heure.

Il m'a attrapé et m'a transporté dehors, il portait ses lourdes godasses de chantier, il n'avait pas peur du froid ni de la gadoue, ni de la nuit.

il m'a jeté brusquement dans l'herbe humide du parc d'à côté.

- vas-y, cours dans ce parc, connaud, ça sèchera ton cul !

il riait. gras et rauque, il riait.

alors j'ai couru. de toutes mes forces en espérant lui échapper. j'avais si froid, mes pieds rencontraient tout un tas de choses blessantes, des racines, des petits cailloux, des fourmis rouges, des bouts de verre. mais j'ai couru, les pieds en sang et le corps pétrifié. j'ai couru.

je ne sentais plus rien, j'ai couru. 

il hurlait : tu ne rentreras que lorsque tu seras tout sec. il riait. il hurlait. j'ai couru.

je n'ai pas vu la branche qui me barrait le chemin. je suis tombé, j'ai entendu un grand bruit sourd et... je ne me souviens plus de rien. ni de mes pieds douloureux ni de mon corps glacé.

je ne courrai plus.

 

Comme Yanis venait de faire pipi au lit, son beau-père l'a fait courir dans le froid sur plusieurs kilomètres, près d'un canal à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), dans la nuit de dimanche à lundi 6 février. Une punition mortelle : l'enfant a reçu des coups, chuté à plusieurs reprises, puis est décédé.

A l'arrivée des secours, Yanis portait une simple culotte humide. Sa température corporelle était de 25°c et il n'a pas été possible de la ranimer.D'après l'autopsie, l'enfant est mort d'un traumatisme crânien dû à des coups portés à la tête, certains volontairement. "Ce décès par traumatisme crânien, avec la présence d'hématomes sous-duraux, serait consécutif à plusieurs impacts qui seraient des coups de lampe-torche" infligés par le beau-père, lampe torche qui s'est littéralement brisée...

Commentaires

Terrifiant !

Écrit par : Laura Millaud | 15 février 2017

Toutes ces histoires d'enfants maltraités par leurs beaux-pères sont glaçantes et insupportables

Écrit par : Betty | 15 février 2017

Les commentaires sont fermés.