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17 avril 2017

un après-midi au tribunal

c'était un après-midi d'un printemps nouveau et j'étais convoquée au tribunal, parce que lorsque le système me paraît injuste je tente de résister, mais que c'est clairement idiot tant ce système n'aime et n'aide pas les gens de la base, les enfonce et les démolit.

donc un après-midi passé à voir défiler les convoqués comme moi, parce qu'ils avaient tenté de demander un peu de justice.

je me fais un plaisir de vous raconter...

- l'homme en fauteuil roulant gravement handicapé qui a galéré pour arriver jusqu'à la barre, pas du tout adapté pour ce genre d'appareils, et qui annonce qu'il a des graves problèmes de sphincters ce qui l'oblige à aller régulièrement aux toilettes... un jour d'urgence sanitaire, son assistante de vie se gare rapido sur une place pour lui permettre de rentrer dans un bar se soulager et en profite pour aller acheter de quoi le nettoyer ensuite dans la pharmacie à côté.

PV.

10-15 minutes de stationnement illégitime et bim ! PV.

et le flic en chef présent à la barre qui sermonne avec arrogance : "il ne faudrait pas croire que parce que vous êtes handicapé, vous avez tous les droits !" (je n'invente pas ces propos, j'y étais..)

- la femme qui en sortant de chez elle le matin dépose son sac poubelle dans un conteneur chargé au couvercle ouvert. un SDF connu dans le quartier est venu fouiller dans ledit conteneur et pose le sac poubelle de la dame au sol.

PV.

et le flic en chef de sermonner avec la même arrogance : "madame, si tout le monde faisait comme vous, nous vivrions dans une ville salle, sans attrait touristique !"

et je pense à mes étudiants, qui vivent dans les quartiers Nord de Marseille, jettent leur poubelle en vrac n'importe tout et m'assurent avec jubilation qu'ils n'auront jamais de PV, eux, car les flics n'ont pas droit de cité dans leur cité..

- la femme qui oeuvre pour une association caritative, depuis 16 ans, monte un box sur la place de la ville à Noël au milieu des autres box du marché, afin de sensibiliser les passants aux dons, aux engagements, à la solidarité. depuis 16 ans, le maire l'autorise à se garer une demi-heure le matin avant le marché pour décharger sa camionnette de tout ce qui est nécessaire pour tenir le stand.

PV.

deux jours de suite : PV.

jamais avant, elle n'avait jamais eu de PV. cette année, les flics sont devenus plus proches du peuple, plus humains, plus pédagogiques à n'en point douter...

elle arrive à la barre avec un courrier du maire, certifiant qu'il est OK depuis 16 ans, accord tacite entre eux.

et monsieur le flic en chef de répondre, sourire tjs aussi arrogant aux lèvres : "ben voilà, madame, il aurait fallu commencer ainsi, ça vous aurait éviter le tribunal... et ce n'est pas parce que vous faites du bénévolat que vous devez avoir tous les droits !"

la dame fulminait. je ne savais plus si je devais pleurer ou fulminer aussi...

des cas j'en ai vu défiler pas mal cet après-midi, avec tjs le sourire arrogant du chef flic pour de beaux sermons.

et que personne ne vienne me dire que les agents de la force de l'ordre sont au service du citoyen..

je les entends mes étudiants, ils sont Comoriens, Algériens, Marocains, Gabonais, Tunisiens... on les arrête régulièrement pour vérifier leurs papiers, on leur file des claques pour rien, pour le plaisir, on...

mais pour un cambriolage, les policiers viennent sur la pointe de pieds, ne peuvent rien faire, pour un cas de menace par un ex-mari violent non plus, pour une femme seule avec des enfants qui est harcelée par des connards, non plus...

ah oui, ce jour-là, au tribunal, le juge d'instance s'appelait Guillaume Fauvet 

l'agent du ministère public : Bernard Dalverny.

 

 

19:57 Publié dans lamiendo | Lien permanent | Commentaires (0)

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