01 novembre 2018
l'homme de Rio
il y a quelques jours, le peuple brésilien élisait à la tête de son pays Jair Bolsonaro.
Julien Collignon pour le Figaro, le décrit ainsi :
"Le candidat d'extrême droite est ouvertement misogyne, raciste et homophobe. Son arrivée au pouvoir du plus grand pays d'Amérique du Sud suscite crainte et inquiétude. Dans son pays, il symbolise pourtant le renouveau que recherche toute une population, lassée des nombreux scandales de corruption des dernières années."
mon ami Jean-Paul Delfino, habitué de la vie brésilienne à qui il a dédié plusieurs ouvrages, écrit ceci :
"Et maintenant, à qui le tour ?
Le résultat s'est abattu avec fracas. Bolsonaro est élu. C'est un vote démocratique et ce sont les Brésiliens qui ont porté ce pantin au pouvoir. Là-dessus, il n'y a qu'à se taire. Toute la nuit, les réseaux sociaux s'en sont donné à coeur joie. Les larmes d'un côté. Les cris de haine de l'autre. L'incompréhension à gauche. A droite, on en appelle déjà à renvoyer les Nègres dans les champs de coton, à assassiner les pédés, à mettre en prison les communistes, à faire brûler les juifs, à exterminer les Indiens, à armer l'honnête citoyen. Aux plus sceptiques, je précise que ces déclarations de Bolsonaro se trouvent aisément sur la toile.
Et maintenant ?
Que va faire la France ? Que va faire l'Europe ? Fermer les yeux ? Patauger dans le politiquement correct ? Macron va-t-il serrer la main d'un homme qui préfèrerait voir son fils mort plutôt qu'amoureux d'un autre garçon ? Va-t-il commercer avec celui qui appelle publiquement à mitrailler les soi-disant rouges ? Va-t-il servir la soupe à un déséquilibré qui ne jure que par le feu, la bible évangélique et l'anéantissement pur et simple de l'Amazonie ?
A qui le tour ?
Il est loin le temps où tout ce qui se passait au-delà de nos frontières n'avait guère d'importance. Puis, est arrivée l'accélération de l'Histoire. La Crise de 1929. L'Allemagne a plongé dans le nazisme, quatre ans plus tard. On connaît la suite. Le Brésil, hier, a été le point de départ d'une crise majeure dont on ne comprendra les conséquences que dans quelques mois. Ce qui est sûr, c'est que ce vote a légitimé une vision du monde binaire. Simpliste. L'appel à la haine va devenir monnaie courante. L'Europe, prise au piège de ses propres contradictions, risque fort de suivre le mouvement. Violence, insécurité, malnutrition, éducation et santé frappées de plein fouet, antisémitisme rampant, refus de l'autre : ce n'est pas du Brésil dont je parle. C'est de la France et de l'Europe.
Bolsonaro n'est qu'une marionnette, c'est entendu. Il prône la suprématie de l'homme blanc et l'écrasement de tout ce qui est étranger au Brésil et à sa santé économique. Il veut remplacer les livres par les armes. Il veut effacer de l'Histoire et des mémoires les vingt années de lutte du peuple brésilien sous la dictature. Bien. On le sait : l'Histoire est toujours écrite par les vainqueurs.
Ce qui s'est produit au Brésil, hier, devrait faire monter nos politiciens à l'abordage. Pour l'instant, c'est le calme plat. On ne se fâche pas avec un partenaire économique de la taille du Brésil. Soit.
Mais l'on ne pourra pas dire que l'on n'avait pas été prévenus.
Et, maintenant, à qui le tour ?"
18:11 Publié dans c'est la vie | Lien permanent | Commentaires (0)
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