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31 octobre 2007

ma qué cadavre !!

voilà donc ce que donne notre travail collectif : un beau cadavre exquis (normalement dans la définition, on ne doit pas tenir compte des participations précédentes, alors on retentera quelque chose de plus léger sans lien aucun entre les écrits...) :

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- Alors, mon enfant, vous en pensez quoi ?

Il est là avec ses boucles blondes entourant son visage poupin et, derrière, qui dépassent de ses épaules enrobées, deux ailes d’une blancheur immaculée et d’un soyeux si fragile.
Je ne l’aurai pas rêvé autrement. Il me dévisage, sent mon embarras et se voudrait rassurant. Mais déjà les larmes glissent sur mes joues. Encore. Et toujours cette impression de suffocation. Chercher vite de l’air pour pouvoir à nouveau respirer.
Qu’arrivera-t-il cette fois si je ne respire plus ? Je ne peux plus mourir, c’est certain. Allons, je dois me reprendre. L’air ne manquera plus ici.

- Il m’avait dit qu’il viendrait me kidnapper pour une éternité de bonheur avec lui. Je hoquète et je balbutie. Il m’avait dit ça, oui, mais quand ?
- Vous ne vous êtes pas trompée d’endroit, au moins ?

Je lève les yeux embués de larmes vers la lourde plaque dorée, posée sur la porte d’entrée. « Deuxièmes vies ».

- Non, c’est bien ici qu’on s’était donné rendez-vous. Pour une deuxième vie comme une promesse d’un bonheur enfin accessible. Lui et moi, et rien d’autre. Aucune entrave, aucun autre lien. Pas d’impossible.
- Je comprends... Il y est peut-être, il suffit de le chercher à l’intérieur.
- Mais il m’avait assuré qu’il serait devant la porte, sur un banc, à m’attendre. Eternellement.
- Désolé.

Peut-être suis-je arrivée trop tôt ? Peut-être n’était-il pas encore prêt ?
Peu importe. Désormais, je suis là et j’attendrai qu’il arrive. J’attendrai cette deuxième vie tant souhaitée. C’est mon seul désir, mon seul horizon.

L'ange semble lire dans mes pensées, ce qui somme toute doit être un jeu d'enfant pour un ange. Et de sa voix cristalline il déclare doucement :
- Vous ne pouvez attendre ici mon enfant ! D'autres prétendants à une seconde vie vont arriver. La liste est si longue ! Vous ne pouvez obstruer l'entrée !
- Je vous en prie ! Je me ferai toute petite. Je resterai là, sur ce banc. Je ne bougerai pas. Je ne dirai pas un mot. Je veux juste qu'il me voit quand il arrivera, qu'il sache que je suis allée au bout de ce que nous avions décidé ensemble. Même s'il ne vient que dans dix ans, vingt ou plus...
Les ailes de l'ange se mettent à frémir. Il me regarde avec tendresse. Me sourit.
- Il n'y a pas de banc mon enfant. Il n'y a rien. Que cette porte à franchir et des promesses à retrouver, à tenir.
Et le temps, ah le temps... dix ans, vingt ans, cela ne veut plus rien dire.
Ici, tout n'est qu'un souffle d'étoile...
Même l'amour... Surtout l'amour...

Je regarde l'ange à nouveau, je lui fais le coup de l'oeil mouillé, celui qui marchait si bien sur terre avec mes soupirants :
- s'il vous plait, juste une petite heure. S'il n'arrive pas dans 60 minutes, je passerai la porte, c'est promis mais je l'aurai perdu à tout jamais, je le sais.Je vous en prie, vous pouvez bien me donner ce tout petit délai vous qui avez l'éternité, non ?

Il fronce ces sourcils dorés, Aie ! je redoute sa réaction... mais un doux sourire éclaire son visage (ben mince ici aussi ça marcherait? Je rêve ! )
- Bon juste une heure alors! et ne restez pas plantée là, tenez asseyez-vous sur ce bout de nuage et surtout pas un mot aux arrivants, vous gâcheriez tout !
Je le remercie sans oser lui demander ce que je pourrai bien gâcher et je m'assoie sur le siège céleste en croisant les doigts pour qu'Il arrive vite , très vite !... Je vois déjà une silhouette qui avance, trop petite..., ce n'est pas lui !

La silhouette masculine progresse résolument vers l’ange et même l’interpelle d’une voix nette :
- Puis-je entrer ?
- Soyez le bienvenu.. .Mais d’où venez-vous donc ainsi ?
- Du village. Je me suis un peu attardé et…

Dans l’émotion que lui cause la vue de l’ange, le nouvel arrivant s’interrompt .Troublé et joyeux d’accéder à un nouveau départ, il a tellement hâte maintenant, qu’il a oublié de saluer.

- Montez …dit simplement l’ange, avec une bonne grâce si douce et si accueillante que l’homme était touché.
- Vous allez ouvrir la porte de la seconde vie.
L’homme s’est arrêté un moment. Une sorte d’affolement passe dans son cerveau surexité et je le vois pâlir. Emporté par un besoin de sincérité, il balbutie :
- J’espère que je vais réussir… J’ai compris …mais malgré tout…
- L’inquiétude au fond de votre cœur est naturelle. L’ange lui prit la main et la porta à ses lèvres.
- Vous vous habituerez vite à un autre genre de vie, et vous vous demanderez bientôt comment vous avez pu supporter.
- Alors…le moment est venu pour moi de m’avancer.
- Oui, si cela vous plaît
- Je suis prêt

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Tandis que l’homme reprenait sa marche d’un pas ferme et souple sur le tapis de perles d’eau, il ne m’avait pas aperçue, je me suis avancée jusqu’au bord de l’embrasure du nuage. Autour de lui, l’ange le guidait pour manœuvrer la lourde porte dorée. Un moment encore … un nuage passait devant mes yeux et il me semblait que des milliers de pétales de lumière formaient un rideau… Et, soudainement j’aperçois la porte entrouverte. Le hall se prolonge par une sorte de galerie merveilleusement décorée et garnie de livres rares. Des ouvertures immenses donnent sur un jardin au delà duquel s’étend un lac… Quand tout à coup une voix chaleureuse m’appelle.

Je n'en crois pas mes oreilles! C'est donc lui qui s'approche? Absorbée par le spectacle de ce corridor ouvert vers une "deuxième vie", je ne l'avais pas vu arriver. Pourtant c'est bien lui, exact au rendez-vous. Avec juste quelques minutes de retard. Il était de coutume de dire dans le monde des vivants que c'étaient toujours les femmes qui se faisaient attendre. Et là, mon empressement semblait avoir fait mentir l'adage. Il est vrai qu'à l'approche de cette porte, nous n'appartenions plus à ce monde des vivants. Nous étions dans une espèce de "No man's land" indéfinissable. Il était là! C'était lui. Jamais dans notre première vie nous n'avions pu ensemble partager le mot "Bonheur". Trop d'obstacles, trop d'interdits, trop de tout... Mais là il était là. Nous n'avions pas encore franchi la porte ni même échangé un seul mot. Mais déjà nous étions réunis. Et pour moi l'expression "Etre sur un petit nuage" prenait soudain tout son sens!

Il me regarde, je le regarde. Cela me rappelle notre rencontre, ces longs échanges de regards muets qui faisaient tout disparaitre autour de nous. Il n'y avait plus que lui et moi. Son regard me rendait belle, si belle. J'avais l'impression d'être unique. Il est confiant, souriant, et là ! Surtout il est là. Ses promesses sont de vraies promesses. Il est au rendez-vous plus beau que jamais, plus tendre et plus doux que je n'aurais oser l'imaginé. Il me tend la main, pour la première fois nos doigts vont se toucher, et nous sommes au paradis, mais nos doigts ne se touchent pas, ne s'effleurent même pas... Pas le temps ! Une main venue de nulle part fait barrage à notre élan. La main d'une autre femme, qui me dévisage avec curiosité.
- Mais... qui êtes-vous ? me demande la belle inconnue.
Qui je suis ? En voilà une question ! D'où sort-elle cette ingénue aux ailes transparentes et aux cheveux si longs ? Et quel toupet de venir ainsi troubler nos émois !
C'est alors qu'il intervient, presque gêné et s'adresse à la femme qui continue à me dévisager :
- Toi ? Toi ici mon ange ? Mais... comment est-ce possible ? Je te croyais morte depuis toutes ces années !
- Mais je l'étais ! répond la femme. Depuis je t'attends ici ! Tu m'avais promis une deuxième vie, un bonheur sans faille, un paradis... Tu en a mis du temps à arriver !...

Le saisissement de mon ami était tel qu’il s’arrêta involontairement. La jeune femme, remarquablement jolie, portait une somptueuse robe encore constellée de joyaux et semblait fort prévenue contre lui.

-J’attends donc de renouer avec notre passion, notre bonheur ancien et nos plaisirs.

Ces mots s’étaient échappés impétueusement de ses lèvres, avec une force qu’elle ne se connaissait pas. Il l’examinait avec une attention discrète, sachant ne rien laisser paraître de ses sentiments. Si belle se disait- il, les descriptions de mes souvenirs restaient au –dessous de la vérité…
Mais les contrastes déconcertants de sa nature étaient bien faits pour désemparer nos âmes, même ici …Je cherchais à saisir un mot qui m’éclaira dans mon inquiétude et l’ange capta mon désarroi. Une lueur joyeuse vint éclairer les prunelles de ses yeux.

- Mes amis, vous ne parvenez jusqu'ici qu'après avoir su traiter vos affaires antérieures avec justice. Ce qui s’est passé hier, il est évident que la question se trouve enterrée. Dans votre seconde vie, vous n’allez pas reprendre le même chemin.

Cette nouvelle produisit chez nous tous une impression complexe. Certes, nous arrivions sans valise, mais il restait pénible de réveiller certains souvenirs, et les allusions ne nous procuraient plus qu’une gêne profonde. Mon cœur serré se dilata un peu à la pensée de la tâche nouvelle qui m’attendait, et qui attendait chacun de nous.

- Tant mieux ! Je serais au regret de vous causer une désillusion, dit-il de ce ton mi-sérieux, mi-railleur qui laissait toujours ses interlocuteurs perplexes. Et un sourire exquis éclaira son visage.

Peu à peu l’embarras de tout à l’heure s’atténuait, disparaissait.
Cet aparté pénible mit mon esprit en alerte. Un élan irrépressible me poussa à avancer la main vers la jeune femme pour la toucher. Dès que mes doigts eurent effleuré son poignet, un nuage de fumée s'éleva et tout disparut autour de nous. Je me retrouvais face à mon amour devant la grande porte fermée. L'ange souriait béatement comme seuls savent sourire les séraphins joufflus. Je l'interrogeais du regard. Tout n'était qu'illusion, me dit-il en guise de réponse. Je commençais à me demander si j'avais eu raison d'avaler la petite pilule rose qui m'avait transportée pour cet improbable rendez-vous. Mais une troupe joyeuse de nouveaux arrivants me tira de mes reflexions : Des baladins aux hardes colorées s'avançaient au sons des tambourins. Qu'ils étaient beaux, gais et habiles : acrobates, montreurs d'ours, magiciens, danseuses gitanes faisaient mille pirouettes et arabesques légères. La porte se mit à grincer et s'entrouvrit.

Le ciel prenait des allures de cour des miracles…Les femmes suivaient avec des corbeilles en osier tressé. Des fleurs et des pétales y avaient été préparés. Des poètes, saltimbanques entre les nuages, ont entonnés des chants. Alors des notes joyeuses éclataient et se propageaient dans la splendeur de notre ciel. Les nuages y brodaient de grandes fleurs délicates sur les soieries tendues, bleues et azurées.
Pendant quelques secondes, ses yeux sombres, ensorcelants et dominateurs se tinrent fixés sur moi. Il avait certainement toute conscience de son pouvoir…En étendant la main, il se saisit délicatement d’une rose rubi magnifique et……
- S’il te plaît, elle est pour toi...
- Merci, merci beaucoup répondis-je. Comme je m’en voulais de ne pas trouver les mots…
Etait-il possible que mon ami me révèle ici des horizons insoupçonnés !
- Eh oui, reprit-il, comme devinant ma pensée. Je deviens lyrique et …sentimental ! mais pas trop !
- Ah, vraiment…Je n’en reviens pas ..
- Et moi non plus, du reste. Voyons, soyons sérieux.
Et nous parlions… Non plus d‘une fleur, mais de musique à présent. Le silence ne tombait plus entre nous. Nous étions sur le seuil de la porte.
- Comme cette musique est entraînante…
- Puis-je te réserver une danse demande-t-il d’une apparence timide ?

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pour le podium, je vous mets tous en 1re place : Marie Zim, Capucine (quel plaisir cette nouvelle recrue !), Gérard, Jill.
parce que l'histoire finale est très belle même si assez drôle, parce que c'est le dernier jour du mois (record de visites sur mon blog bien battu - 2340 -), que c'est le jour d'Halloween et que voilà...
pour une fois, tous ensemble, tous... sur la plus haute marche.

merci encore.

Commentaires

Pardon! Je ne boudais pas mais j'étais parti me ressourcer deux jours dans notre capitale. Pour répondre à Jill, s'agissant de tracer un portrait de ma modeste personne, je ne suis pas très doué pour parler de moi sans le faire vraiment. Et je n'aurais pas non plus la prétention de me comparer à une fleur. Ou bien ce serait peut-être un arbre. Non, contrairement à vous, je l'ai déjà dit, je ne fais pas profession de litterature ou d'illustration. La poésie n'a souvent pas trop sa place dans un métier de commerçant en gros de produits d'herboristerie, même si c'est passionnant et si je l'exerce depuis maintenant 15 ans en solo. Je travaille principalement sur des marchés à l'exportation auprès d'un réseau de clients que j'ai construit au fil du temps mais dont la fidélité est parfois un peu "insuffisante" à mon goût! Donc il faut se battre et aussi, payer les fournisseurs en fin de mois, comme aujourd'hui 31/10!! Mais je ne vais pas vous tenir le discours habituel de l'"entrepreneur étranglé par les charges"! Ce n'est pas mon genre! Et donc, la poésie, les cadavres exquis ou autres challenges litteraires sont pour moi une récréation. Mais je tâche de rester humble. Je n'ai pas votre aisance et vos références littéraires. Je m'amuse (beaucoup d'ailleurs) et aussi, de temps en temps j'essaie de vous faire rire. Mais comme je ne veux choquer personne, ne comptez pas sur moi pour écrire "Calouan se régale avec Martine"! Non non non! Ne comptez pas sur moi!!!

Écrit par : Gérard | 31 octobre 2007

Mais ma demande était très simple Gérard, juste mieux savoir en quoi consistait ton métier. Sinon, tu me fais souvent rire ou sourire (surtout dans tes échanges avec Marie) et je trouve que tu écris très bien sincèrement. Mais bon, on ne te demande pas d'écrire Calouan se régale avec Martine non plus :-)

Écrit par : jill.C | 01 novembre 2007

Calou mon clavier a encore dérapé ! trois fautes en 4 lignes ; pouh!!! Désolée.

Écrit par : jill.C | 01 novembre 2007

c'est corrigé ma jolie...

et alors, tes humeurs ???

Écrit par : calouan | 01 novembre 2007

Ca va , merci. Comme pour tout le monde , y a des hauts et des bas mais je remonte vite , en partie grâce à vous tous :-)

Écrit par : jill.C | 01 novembre 2007

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