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18 janvier 2009

révélation

Elle saisit son téléphone, petit rectangle rose au creux de sa main et s’apprête à appuyer sur les touches.

Finalement se ravise, jette l’appareil sur son lit. Ouvre son armoire et choisit un pantalon en viscose souple qui souligne délicieusement les courbes de ses hanches, de ses fesses, de ses cuisses musclées.

Noir.souple. viscose.

Puis elle enfile un pull léger de soie couleur aubergine dont elle noue le fin cordon autour de sa taille. La dentelle de son caraco, couleur aubergine aussi, dépasse légèrement à la naissance de sa poitrine.

Elle se glisse dans des escarpins noirs et remonte ses cheveux dans un chignon de fortune.

Elle sait que quelques mèches tombent sur sa nuque apportant une note imparfaite à sa coiffure. Un coup de crayon violet sur ses paupières.

Deux gouttes de son parfum gel derrière les oreilles.

Odeur forte.

Enivrante.

Elle dépend son long manteau et introduit les clés dans la serrure.

S’installe au volant et introduit les clés dans le contact.

Vérifie l’heure.

Juste à temps.

Se gare sur le chemin de terre où il va passer dans une poignée de minutes. Comme chaque jour.

Elle retire son manteau, le frais de la fin de journée lui donne quelques frissons qui durcissent le bout de ses seins.

Ouvre le capot de l’auto.

Et lorsque le bruit d’un moteur approchant se fait entendre, elle se place au milieu du chemin. La grosse voiture gris métallisé apparaît alors qu’elle commence une étrange danse.

La grosse voiture gris métallisé stoppe. Elle défait à la hâte le premier bouton du pull aubergine, cambrure féline au bas des reins.

Vitre qui descend.

Visage inquiet : « vous avez un souci  ? »

Elle sent la force du coup reçu dans son ventre mais elle ne faillit pas. Lumière dans le sourire, éclat dans les yeux. Direct dans son regard à lui.

- Oui. Je pense que c’est ma batterie. Ce n’est pas la première qu’elle me lâche mais je n’ai pas encore eu le temps de la changer…

Il ne répond pas. Regard scotché. Illuminé.

- Si vous avez des câbles, je devrais m’en sortir cette fois encore.

Elle se tourne avant même qu’il n’ait dit quoi que ce soit. Mouvement souple des hanches.

Soulignées par la viscose fluide.

Il soupire. Profondément.

Se gare devant sa petite voiture « de femme », ne la quitte pas des yeux, absorbé par son sourire lumineux.

- On se connaît, non ?

- A vrai dire, je n’osais vous le demander, mais je le crois également… On ne s’est pas déjà croisés ? Récemment ?

Alors qu’il trébuche sur une pierre en se dirigeant vers son coffre où sont rangés les câbles, elle rit.

Ce rire. Cristallin. Enfantin.

Il la fixe à nouveau. La détaille.

- Chez les Jacob il y a un mois ?

- Non… Désolée, je ne connais pas les Jacob…

- Vous faites du badminton ?

- Non…

- C’est sûr pourtant… On s’est déjà vus… Votre rire… Vos yeux…

- Je peux ?

Elle lui retire les câbles des mains et installe elle-même les pinces sur les deux bornes de la batterie.

- Au cocktail chez les Legrand ?

- Non.

- A l’inauguration de la nouvelle galerie de peinture ?

- Non… Je n’ai pas pu venir ce jour-là…

Il s’entête, cherche, réfléchit….

- Vous auriez du y être ?

- Je suis chargée de la culture au sein de l’équipe municipale. Alors de fait…

- Communauté de communes. Mardi dernier.

Ah enfin ! Elle commençait à désespérer. Il en a mis du temps à se souvenir de moi…

- Exact ! Juliette Lapierre.

- Paul Frémin. Ainsi… vous…

Il n’en revient pas. Ce sourire… Cette lumière dans ces yeux… Il se dit qu’il ne peut pas ne pas l’avoir remarqué avant.

- Vous démarrez ?

- Comment ?

- Ma batterie… Vous m’aidez ?

Au creux de son ventre, c’est un doux tam-tam qui se met en marche. Elle savait.

Aujourd’hui, elle sentait que ce serait le jour idéal.

Elle sent son regard chaud qui ne la lâche pas. Elle bouge au ralenti, savoure chaque seconde qui les réunit. Quand elle se tourne à nouveau vers lui, il se demande comment il va faire pour la laisser partir. Il n’en a soudain pas envie. Mais alors pas du tout…

 

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