12 mai 2009
révélation (6)
oui, je sais, j'ai mis longtemps avant de continuer...
mais j'ai fait ce que j'ai pu...
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Elle saisit son téléphone, rectangle rose qui vibre en silence : messagerie vocale. Un nouveau message.
Elle s’apprête à décrocher, appuyer sur les touches et écouter.
Se ravise et pose l’appareil sur la table de la cuisine.
D’abord prendre une douche. Cette journée a été épuisante. Elle a roulé longtemps pour arriver jusqu’au château de Mario Armino, couturier en vogue installé dans la région, qui organisait un défilé de sa nouvelle collection dans l’enceinte du château. Elle a eu une invitation.
S’y est rendue avec excitation.
Petite, elle avait rêvé de devenir styliste, alors c’était un peu de son rêve d’enfant qui prenait forme.
Et puis, elle a espéré, un instant, un vague instant, y voir Paul.
En vain.
Paul comment déjà ?
Paul Frémin.
Oui, c’est ça. Paul Frémin.
Au cocktail qui a suivi, elle a cherché désespérément son visage dans la foule.
En vain.
Alors, au retour, elle a emprunté le chemin de terre où ils se sont vus pour la dernière fois, il y a trois semaines.
Mais il faisait noir et elle savait qu’il n’y aurait personne.
Elle n’a pas cherché à le retrouver. Ni à obtenir des informations à son sujet.
A cause de Martine.
Martine Juan. Elle n’a pas oublié.
C’était il y a combien d’années déjà ?
L’année du bac, elle s’en souvient. Elles avaient manifesté ensemble dans les rues de Marseille.
Qu’est-ce qu’elles avaient ri ce jour-là…
C’est là que tout avait commencé.
Donc, combien d’années ?
Vingt-deux.
Oui, c’est ça, vingt-deux ans.
Martine Juan.
La même, presque.
Quelques kilos en plus.
Et des cheveux blancs.
Que faisait-elle là ? Est-ce un hasard ? Habite-t-elle dans les environs ? Avait-elle un rendez-vous ce jour-là ? L’a-t-elle reconnue ? Elle n’en sait strictement rien mais si la vie les a remises sur la même route, c’est qu’il y a une raison.
Lui.
Peut-être…
Paul…
Martine et lui se connaissent, elle en est sûre. Elle se dit qu’ils sont peut-être amis ?
Amants ?
Mariés ?
Martine mariée ? Impossible…
Ou alors, elle s’est leurrée. Et elle a dû gâcher sa vie.
Elle a envie de rire. Son rire à elle. Cristallin. Enfantin.
Depuis trois semaines, cette double rencontre l’obsède.
Martine Juan. Justement.
Vingt-deux ans après.
Sur le chemin, elle a refait les mêmes gestes, a avancé lentement, s’est garé et a attendu.
Espéré.
Attendu.
Vérifié l’heure. Vingt heures trente-cinq.
Et accepté que personne ne viendrait.
Vingt jours qu’elle s’interroge, veut comprendre, analyse, réfléchit. Trois semaines qu’elle est débordée et ne peut agir comme elle le veut.
Vingt nuits que ses rêves sont troublés. Elle se revoit vingt-deux ans plus tôt. Et la réalité la rattrape. Vingt-deux ans, c’est si long. Et si court à la fois. Elle n’a guère vu les années passer.
Mais pour elle, rien n’a changé.
Elle se sent être la Juliette de l’époque. Légère, joyeuse, non conventionnelle, rebelle, sûre d’elle, déterminée. Sans aucune inquiétude sur l’avenir.
Elle essuie ses cheveux dans une onctueuse serviette blanche, secoue la tête.
Sourit encore.
Monte dans sa chambre et enfile une longue chemise de coton.
Puis redescend pour écouter enfin le message laissé sur son téléphone. Les mots frappent dans sa tête.
La voix l’étourdit.
Elle respire. Profondément.
Quand elle l’écoute à nouveau, elle sait qu’elle va le revoir un jour. Elle ne sait plus si elle en a tellement envie.
Finalement…
16:18 Publié dans un peu de moi | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Excellent!!!
La suite, la suite!!!!
Écrit par : fripouille | 12 mai 2009
Ah, enfin! De mieux en mieux :)
Écrit par : Sabbio | 12 mai 2009
yep ! le retour du fan club !!
promis, je vais essayer de tenir les épisodes sans laisser le temps nous faire oublier...
je vais encore entendre dire que mes histoires sont écrites pour des filles accro... trop facile.
mais j'assume.
merci à vous...
Écrit par : calouan | 12 mai 2009
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