05 octobre 2009
oubli
Samantha est allongée sur le grand lit de la chambre d'hôtel. Elle observe l'homme qui avance, le torse, nu, serviette enroulée autour de la taille. les cheveux ruisselant, il arbore un sourire qui ne réprouve aucun doute, aucune inquiétude.
cela fait trois mois que cet homme invite la jeune fille à le rejoindre dans cette chambre, luxueuse et claire. dans un endroit éloigné de la ville, là où personne ne pourra les voir.
elle l'a croisé un soir, un soir où elle s'était disputée avec sa mère et qu'elle avait préféré le froid du trottoir pour réfléchir, pour se calmer que l'ambience étouffante de l'appartement familial.
l'homme s'était assis à ses côtés et lui avait parlé avec douceur.
plus tard, il avait posé sa main sur sa tête et lui avait caressé la naissance du cou en infligeant de petites pressions sur ses doigts.
Samantha avait senti un certain bien-être l'envahir et avait fermé les yeux.
aussi, quand l'homme avait posé un baiser sur ses lèvres d'adolescente, elle avait trouvé cela terriblement romantique.
le lendemain, elle était allée au collège fière d'avoir su intéresser un homme, un vrai, pas ces nigauds de garçons qui étaient dans sa classe.
et le soir, elle était retournée sur le trottoir. lui aussi.
et les jours suivants.
jusqu'à ce qu'il lui propose de le rejoindre le soir d'après à cette adresse, pour être plus tranquilles, Samantha redoutant toujours de voir débouler sa mère dans la rue.
elle a longtemps hésité et pourtant, elle y est allée.
hôtel Novalis, chambre 11.
elle n'aime rien de cet homme. ni le goût, ni les gestes, ni la force, ni sa peau, ni ses mots, ses halètements, son corps lourd, sa bouche vicieuse.
mais elle vient. et vient encore.
parce qu'avec lui, au moins, elle est quelqu'un...
(en 1978, Roman Polanski avait plaidé coupable "d'abus sexuel sur mineur" et signé un acte de reconnaissance de culpabilité. il avait alors été remis en liberté en attendant son jugement. mais pris de panique, il avait fuit les Etats-Unis au cours du procès et n'y a, depuis, jamais remis les pieds.
si le réalisateur a reconnu avoir eu des relations sexuelles avec cette jeune mannequin de 13 ans, il a toujours réfuté le terme de "viol". la victime, Samantha Geimer, qui a été indemnisée, a souhaité abandonner les poursuites.)
je vous invite à lire cette lettre ouverte
15:26 Publié dans c'est la vie, un peu de moi | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Merci pour ce lien, il me donne une autre vision et m'ouvre davantage...
Écrit par : helenablue | 11 octobre 2009
Bravo Calouan pour ce post... je partageais déjà la même vison des choses que toi mais tu as apporté de la clarté à mon raisonnement. Quant à ton texte il est poignant et terrifiant à la fois.
Écrit par : Sabbio | 23 octobre 2009
merci Sabbio. de tes visites. de tes commentaires. de tes sourires. doux
Écrit par : calouan | 24 octobre 2009
merci Sabbio. de tes visites. de tes commentaires. de tes sourires. doux
Écrit par : calouan | 24 octobre 2009
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