04 juillet 2010
S.O.S. (2)
Là, Francine avait compris que sa fille ne lui avait pas tout dit.
- Maman, je te rappelle demain parce que c’est l’heure du bain des garçons. Je t’embrasse. Fort fort fort…
Silence à nouveau.
- Maman ?… Je t’aime.
Il avait fallu plusieurs appels pour que Francine obtienne enfin une réponse à cette question inlassablement répétée : Tu dors où ?
Bénédicte dormait chez Marco. C’était d’ailleurs Marco qui lui avait trouvé ce travail saisonnier. Pour qu’elle puisse le rejoindre.
Marco ? Mais qui était ce Marco ? Francine n’en avait jamais attendu parler au préalable.
Il avait fallu encore d’autres nombreux appels avant que Francine sache que Marco était plus vieux que Béné d’une dizaine d’années.
Mais la jeune femme de vingt ans vivait avec fierté cette différence d’âge. Dans le cœur de Francine de mauvais souvenirs avaient ressurgi et elle s’était mise à prier Dieu que rien ne recommence comme avant. Comme ce qu’elle avait vécu.
Et pourtant, elle avait un pressentiment qui grossissait dans son âme jusqu’à la faire vomir parfois. Malaise. Pressentiment.
Arrête, tu te rends malade pour rien. Ta fille va bien.
Même la tendresse de Gilles n’apaisait pas son trouble. Si cet homme était quelqu’un de bien, pourquoi sa fille faisait-elle tant de cachotteries. Elle ne savait que répéter qu’elle était follement amoureuse. Heureuse.
Amoureuse. Heureuse. Amoureuse.
Ces deux mots en boucle.
Comme pour mieux convaincre sa mère. Ou se convaincre elle.
Avec les semaines, les appels s’étaient espacés. Après tout Bénédicte était une femme à présent, elle vivait sa vie d’adulte et il était temps pour elle qu’elle s’éloigne des jupons de sa mère. Pourtant, Francine n’était pas dupe et quelque chose changeait dans le ton de sa voix. Bénédicte avait perdu son enthousiasme des premiers jours.
Et parfois, les mots sortaient difficilement comme coincés entre deux sanglots.
« Ma fille a le temps de se mettre avec un homme, de façon sérieuse, confiait Francine à Gilles quand elle n’arrivait plus à faire semblant que tout allait bien. Ce job saisonnier se termine dans un mois, même pas, et nous verrons bien où en sera leur histoire à ce moment-là… »
Mais après les deux mois écoulés, Bénédicte n’était pas redescendue les voir. Elle n’avait pas les moyens pour le moment, car finalement elle n’avait reçu que vingt euros pour son babysitting, les parents de Benjamin et Arthur ayant argumenté qu’elle avait été logée, nourrie et blanchie durant toute cette période et qu’elle avait même pu aller skier avec les enfants, à leurs frais.
La vérité c’est qu’ils étaient de bons amis de Marco et que Bénédicte n’avait pas osé broncher.
Mais du coup, elle était tributaire de ce Marco qui l’avait finalement accueillie chez lui.
Francine insistait : tu peux revenir avec nous, tu le sais, la maison est grande ouverte.
Mais Bénédicte n’avait qu’une réponse, invariablement : Marco était l’homme de sa vie, elle en était follement amoureuse.
Et puis, il y eut le silence.
Durant plus d’une semaine, Bénédicte n’avait plus donné signe de vie.
21:27 Publié dans un peu de moi | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Moi, j'attends la suite . :)
Écrit par : cheyenne / Laura Millaud | 08 juillet 2010
Ce deuxième épisode fait monter l'angoisse...
Écrit par : Sabbio | 24 juillet 2010
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