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18 juin 2012

le prix de l'amour

Lou se demande chaque jour comment va se dérouler la journée. est-ce qu'il sera de bonne humeur, ou va-t-il bougeonner toute la journée ? va-t-elle le toruver pénible, fatiguant avec sa tête à rallonge et ses pieds qui trainent pour ne rien faire ? quand est-ce qu'ils vont reparir en voyage ensemble, aller au ciné, au théatre, au restau ? quand est-ce qu'elle va pouvoir respirer à nouveau normalement sans sursauter à chaque texto reçu, à chaque sonnerie de teléphone ? quand est-ce qu'elle va cesser de regarder l'écran de son ordi à lui en se retenant de ne pas aller y jeter un oeil ? elle n'y croit plus. elle n'en peut plus. son corps lui fait mal, son âme est en lambeaux.

 

Hèlène attend chaque jour les dizaines de textos qu'il lui envoie. les photos aussi. leurs conversations par tchat. et maintenant les appels. les caméras pour se parler. ça fait des dizaines de jours qu'elle ne l'a pas vu et qu'elle l'attend. et ce sera toujours ainsi, elle le sait. il doit d'organiser, lui explique-t-il régulièrement. et franchement, entre sa femme, ses gosses et son boulot, la distance en prime, ce n'est pas facile. on dirait qu'elle ne sait pas, qu'elle ne s'imagine pas combien il fait de son mieux. ben non, elle ne s'imagine pas. elle attend. elle en crève d'attendre chaque jour que celui-ci passe et la rapproche de leur prochain rendez-vous.

 

Solange le caresse doucement, se déhanchant avec sensualité. elle ouvre sa bouche et ses lèvres le caressent. le happent. ça fait des jours et des semaines qu'il ne la désire plus. il a beau lui affirmer le contraire, il ne la touche plus, n'arrive plus à bander, ne frémit plus sous ses caresses. elle veut se prouver que rien n'est mort, elle insiste, elle y croit. bien sûr, elle a pris du poids, et ils n'ont jamais trop varier les positions, les sensations, les émotions... mais quand même ils s'aiment non ? ce soir, comme ça arrive de plus en plus souvent, il s'est endormi d'ailleurs. il ne lui reste plus qu'à faire pareil. fermer les yeux et se laisser gagner par le sommeil. oubliant l'envie entre ses jambes.

 

Marie met la musique à fond dans la voiture, ouvre la fenêtre et quand elle roule, elle sent l'air qui la décoiffe. elle chante fort, elle se défoule. comme chaque jour depuis des mois, elle va le rejoindre chez lui. mettant de côté ses activités son travail ses ami(e)s, elle se rend chez lui. il est là, en pantalon de survêtement, en train de laver la terrasse. elle n'a pas oublié d'emporter son portable. ça la garde connectée à la vie. il lui sert un café, l'embrasse, et lui demande dix fois : alors, quelles sont les nouvelles , ça va ? qu'est-ce tu me racontes de beau ? elle parle pour meubler, elle répète les mêmes choses. elle se sent lasse. il l'embrasse encore, constate le nouveau petit bouton sur le coin de sa joue et reprend son tuyau d'arrosage. comme chaque jour depuis des mois, elle va rester là, à soupirer en rêvant de tout arrêter.

 

 

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