10 septembre 2017
Eva, little princess
on l'appelait "la petite princesse", sa mère, les amis de sa mère, les dandys anglais.. mais elle a vécu une enfance tyrannique, exploitée par une mère abusive, un brin dérangée qui a bafloué son image et son intégrité.
Eva Ionesco raconte cela dans un film d'abord "My Lillte Princess" en 2011 et aujourd'hui dans un livre "Innocence"
"Père flou, mère abusive... Pour chasser les images noires de son enfance, Eva Ionesco s'en remet aux mots, les siens, lumineux et incisifs.
Le beau titre du livre évoque ce transfert pervers de la photographe qui entacha la pureté de sa fille, et se drapa sa vie entière derrière un alibi artistique pour évacuer toute culpabilité. Innocence : le bilinguisme — qu'Eva Ionesco doit à une parenthèse enchantée de sa petite enfance, à San Francisco — fait aussi forcément tinter ce titre à l'anglaise : « in no sense », littéralement « dans le non-sens ». Récit d'une avancée insensée vers l'âge adulte, ce livre funambulesque marche au-dessus d'une béance incompréhensible : l'absence de père. Toute la force de l'écriture d'Eva Ionesco, incisive et lumineuse, fend le brouillard que sa mère a toujours maintenu autour de l'identité de son géniteur. Question de regards croisés, encore et toujours : les rares photos de la petite Eva avec son père ont été prises par sa mère avant ses 3 ans, mais les images imprimées sur la rétine de l'enfant lui appartiennent.
Celle qui aime tant les vêtements, les étoffes, les chiffons, livre le tout dans un patchwork cousu serré, une tapisserie de réparation faite de lambeaux de souvenirs. « Très vite, j'ai voulu apprendre à apprivoiser ma solitude dans toutes sortes de lieux », confie-t-elle. Puisque ses parents défaillants ne parviennent pas à lui donner l'amour qu'elle attend, la fillette a développé une hyper-acuité à son environnement. Troènes, menhirs, sable, bitume, briques, sans oublier les cinq pierres paternelles glissées dans sa main lors d'une rencontre éclair... Innocence n'est jamais aussi beau que lorsqu'il se laisse gagner par une force immobile, venue de très loin. Celle qui a permis à Eva Ionesco de rester debout. — Marine Landrot (Télérama)"
11:59 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
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