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24 novembre 2009

épicerie

Hotel sign

 

le jour est déjà levé quand son réveil retentit. elle sursaute. elle ne dormait pas pourtant l'instant d'avant.

du moins il lui semblait.

que toute la nuit elle ne s'est pas endormie. qu'elle n'a pas pu. l'alcool partagé avec ses deux amis hier les larmes qui gonflent son coeur et débordent si souvent le manque le manque le manque. terrible.

elle a hurlé durant des heures qu'elle ne voulait pas vivre sans lui. elle l'a hurlé dans sa tête. parce qu'il y a les enfants les voisins les autres. tous les autres.

elle dormait pourtant et la sonnerie criarde la fait sursauter.

à la radio elle entend François Bayrou. elle l'a vu une fois. à Bordères. Bordères...

ça y est les larmes sont de nouveau là.

l'eau de la douche est froide. le cumulus doit avoir un problème pense-t-elle. elle s'en moque. eau froide eau chaude. rien n'a d'importance.

elle enfile un jean un pull noir et attrape les clés en appuyant sur la touche de la cafetière. il n'y a que ça qu'elle arrive à avaler le matin. un café bouillant. et pendant qu'elle entend le glouglou du café qui passe elle descend le long escalier étroit qui mène à la boutique.

elle dispose les derniers arrivages : "pelote de mots d'humeur" "mots d'amour en fils dorés" "mots satyriques en filoche" "poésie de mots à l'envers" "écheveau de mots en rire".

elle place les mots sur les étagères. recule d'un pas pose un regard circulaire sur sa boutique : "l'épicerie des mots" sera ouverte dans un quart d'heure. elle a juste le temps de boire son café de se mettre deux gouttes d'"Opium" derrière les oreilles (c'est Evis qui lui avait offert ce gel de parfum) de mettre un trait de crayons sous les yeux pour qu'on ne voit pas qu'ils ont pleuré toute la nuit et de moucher son nez.

elle soulevera bientôt le rideau de fer et laissera entrer les premiers clients.

elle préparera un thé "nuit à Mogador" et disposera quelques cookies que sa fille a confectionnés dans une assiette.

début de la journée.

une autre journée.

sans lui. sans Evis.

soyez bienvenus à l'épicerie des mots...

Commentaires

Ca...Lou...An, qu'elle est belle ton épicerie, chic elle vient d'ouvrir, je choisis, j'ai besoin de mots doux, de mots tendres, un peu nostalgiques, parce que j'aime, comme un foulard de soie, j'en prends un petit paquet, pas trop, il ne faut jamais abuser des bonnes choses, oh ils sont un peu mouillés, c'est aussi la vie, on rajoute une volée de mots sourires, un dernier tiré de l'écheveau en rire, pour les emballer, allez, non, une belle pincée, la journée est longue d'émotions, et voilà c'est parti...
oui, promis, je laisse la porte ouverte, grande ouverte en sortant...

Écrit par : sophie | 24 novembre 2009

Et oui! Moi aussi je vais recommencer à fréquenter davantage cette épicerie. Les supermarchés c'est pratique mais çà n'a pas d'ame. On y remplace même les caissières par des robots. Dans l'épicerie de Calouan rien de tout cela. Les clients vont venir en nombre et ils vont y prendre leur temps. Et comme ici en Provence l'Eté indien ne veut décidément pas s'en aller cette année, on pourra en effet laisser la porte grande ouverte. Et la douceur du soleil à l'heure de midi, réchauffera les coeurs.

Écrit par : Gérard | 24 novembre 2009

Je reste une inconditionnelle de ton épicerie que j'affectionne tant! J'aimerais pouvoir écouler certaines pelotes plus vite que d'autres...

Écrit par : Sabbio | 24 novembre 2009

Je l'aime aussi cette épicerie des mots. Quand je passe le matin, devant la jolie vitrine, je ne peux m'empêcher d'y entrer lire les nouveaux articles,prendre de grandes bouffées d'émotions et d'amitiés. Souvent j'y ai laissé derrière moi mes coups de blues et je repartais toute joyeuse après un jeu sympa, un fou rire avec les amis virtuels,un étonnement ou un petit bonheur qui embellisait ma journée. Cette épicerie, elle fait maintenant partie de ma vie et je dis un grand merci à la si gentille et jolie épicière qui met tout son coeur à le faire vivre pour nous.

Je t'embrasse Calou !

Écrit par : jill.c | 26 novembre 2009

"la faire vivre" pardon.
Tiens, je prendrai bien un cookie puisque c'est ta fille qui les a faits :-)

Écrit par : jill.c | 26 novembre 2009

Les commentaires sont fermés.