07 juin 2011
fiasco
il est là, allongé à côté d'elle, sur le grand lit partagé depuis tant d'années. il est là, elle dort, il regarde le ciel étoilé par la fenêtre, il pense à une autre. ça fait tant de jours qu'il pense à une autre, se faufile dans les toilettes au restaurant pour lui envoyer des messages, se faufile dans la journée pour la rejoindre, se faufile dans sa tête pour mieux la revoir.
son sourire lumineux, ses éclats de rire, ses petits cheveux qui flottent dans son cou, sa bouche qu'il aime embrasser, sa taille qu'il aime envelopper de ses grandes mains rondes et massives.
il est là allongé à côté d'elle et ne voit pas qu'elle pleure en silence. ça fait tant de jours qu'elle pleure. qu'elle se demande ce qu'il lui arrive, pourquoi il maigrit, pourquoi il est distant, pourquoi il a soudain tant de choses à faire au dehors la maison et tant de gens à voir. pourquoi il n'aime plus leur réveil côte à côte ni leurs vacances en commun. d'ailleurs cette fois pour Noël, il la laisse partir seule avec les enfants. j'ai besoin de solitude, a-t-il argumenté.
et elle l'a cru. elle le croit parce qu'il y a toutes ces années partagées, tous ces sacrifices, ces choses qu'elle a acceptées par amour par respect pour ne pas renier l'engagement qui a été le sien. aimer cet homme jusqu'à la mort.
il ne peut pas avoir oublié avoir balayé toutes ces années et tous ces moments où ils ont du se serrer les coudes pour tenir debout.
elle le croit quand il dit qu'il a besoin de faire un point sur lui. elle le laisse faire. elle le laisse changer. elle se dit qu'après tant d'années c'est certainement nécessaire. salutaire même.
elle se sent bafouée, reniée, oubliée dans ses états d'âme à lui, elle elle n'a pas le choix elle doit subir et attendre, attendre qu'il aille mieux qu'il n'ait plus besoin de solitude, attendre qu'il la touche à nouveau comme avant sans se forcer sans soupirer ensuite sans se dépêcher de lui tourner le dos ensuite, elle doit attendre qu'il ne se faufile plus autant.
elle se dit que ça vaut la peine d'attendre. qu'elle n'a pas partagé toutes ces années à ses côtés pour être "annulée" soudain. elle serre les dents mais les larmes coulent quand même. tant de nuits qu'elle ne dort plus, qu'il essaie de lui expliquer pourquoi il n'en peut plus de ci ou de ça. pourquoi soudain plus rien ne lui parait supportable. tant de nuits qu'elle l'écoute, le coeur en vrille. qu'elle voudrait lui dire de se taire, qu'elle en a assez qu'elle voudrait enfin trouver le sommeil. se reposer, se détendre, ne pas se sentir critiquée tout le temps, se sentir soutenue, épaulée, aimée.
elle se demande pourquoi elle n'a rien vu venir.
elle se demande si finalement leur amour avait un sens. s'ils ne se sont pas menti. fait semblant.
il est là, allongé à côté d'elle et il pense à demain. au moment où il va retrouver cette autre. la serrer contre lui, lui promettre qu'ils vont vivre ensemble, lui murmurer combien elle est toute sa vie, combien plus rien n'a de sens pour lui sans elle. juste pour ce bonheur de la voir rire, espérer, l'attendre, y croire. parce qu'elle y croit l'autre. parce qu'elle l'attend.
il est là, allongé sur le grand lit partagé depuis tant d'années et il n'entend pas qu'elle est en train de tout perdre : sa raison, son amour, sa fierté, ses espoirs, ses lendemains, son passé et sa joie de vivre...
04:20 Publié dans un peu de moi | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
J'ai l'impression de lire mon histoire et ça fait mal ...
Écrit par : Betty | 07 juin 2011
si je savais Betty, réparer toutes ces histoires qui ressemblent à la vôtre... si je savais...
Écrit par : calouan | 07 juin 2011
merci de cette mise en mots...
bises
ta soeur
Écrit par : patricia | 07 juin 2011
ouais...
Écrit par : calouan | 07 juin 2011
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