12 juillet 2011
Vauvert : la foule et le rasetteur
ils étaient huit, plantés en deux rangées identiques au milieu de l'arène où le sable était encore impeccable.
ils étaient huit, le torse buriné et imberbe, enfermé dans un tee-shirt blanc qui moulait leurs muscles naissants et déjà si puissants.
ils étaient huit mais Laurianne ne voyait que lui.
son nom était inscrit en gros au dos du tee-shirt : Marty.
Florent Marty, combien de fois, elle avait prononcé ce nom, songeuse, allongée sur son lit, comme une incantation à le faire venir dans sa vie. Mais Flo, comme tout le monde le surnomme a mieux à faire que de s'occuper de cette "jeunette" qui lui court après depuis plus de deux ans. Flo, il veut devenir toréador. il en rêve depuis tout petit, il donnerait tout pour cela.
alors, les filles.
il est entré à l'école taurine en septembre et après une année intense, il participe à cette course de taureaux emboulés. Rasetteur. il est rasetteur. c'est comme ça qu'on dit.
la soirée défile et les courses se succèdent. parfois Marty grimpe précipitamment sur les rebords de l'arène pour échapper au taureau excité et elle le voit. Laurianne peut même le photographier une fois où il est tout près, agrippé à un bras dégoulinant de transpiration.
il perçoit le flash, tourne la tête, la distingue parmi la foule, elle lui sourit, déjà il est descendu, reparti au centre de l'arène.
quand le taureau frappe dans le dos de Florent, il a du mal à récupérer l'équilibre. il la voulait cette cocarde, il n'en avait attrapé aucune et il y avait cette fille dans les gradins. il la trouve jolie mais il n'a jamais réussi à le lui dire. disons qu'il s'est fait une promesse en entrant à cette école taurine, de travailler dur et sérieusement alors il s'inquiète. une fille dans sa vie, est-ce que ce serait raisonnable.
cela fait plusieurs fois qu'il entend parler d'elle. comment elle s'appelle déjà ? Laurie, ou un truc du genre. mais il ne se sent pas de lui demander de l'attendre. alors il a dit : non. et il pense à elle parfois quand il s'endort la nuit seul dans cette toute petite chambre de l'internat.
Florent Marty serre les dents quand le taureau chope son tee-shirt et l'envoie voler dans les airs. serre les dents encore quand son corps s'aplatit contre la barrière et que le taureau le récupère une fois encore par le tee-shirt.
la bave coule de sa bouche et il pousse des meuglements coléreux, le taureau. et Marty sent une fois encore ces cornes emboulées le frapper quand son corps bascule par dessus la barrière.
- heureusement les taureaux sont emboulés !
il entend cette phrase alors qu'il ne sait même pas se relever, que son dos n'est que souffrance lancinante, qu'il se demande si'l va pouvoir remarcher, la tête enfouie dans le sable du couloir de l'arène.
après de longues minutes où l'attente des spectateurs crée une tension insoutenable, il réussit à se remettre debout. d'abord à genoux, puis debout, soutenu largement par deux portiers. quand il sort de l'arène, mâchoire crispée, dos en marmelade, il jette un dernier regard vers les gradins où elle se trouvait tout à l'heure. elle n'y est plus. elle est partie. il sait qu'il ne la reverra plus jamais.
une larme coule enfin sur sa joue. pourvu qu'il puisse marcher à nouveau...
si vous voulez la vraie version, allez sur le le blog de Marie-Florence Ehret, ça vaut le détour...(et en plus il y a des photos de moi !! ;)))
10:46 Publié dans un peu de moi | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
trop bien... Laurie
Écrit par : ehret | 12 juillet 2011
merci !
Écrit par : calouan | 12 juillet 2011
D'aventure en aventure on est heureux de vous savoir...vivantes!!! (enfin des photos...)
Écrit par : Babelle | 12 juillet 2011
c'était pour toi justement le clin d'oeil, belle amie...
Écrit par : calouan | 12 juillet 2011
Trop court, j'en veux encore ! :)
Écrit par : Laura Millaud | 12 juillet 2011
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