vous avez tous déjà porté un jeans, c'est évident...
eh bien, ce fameux pantalon denim est une source de pollution.
en effet, chaque année plus de 45 000 tonnes d’indigo sont consommées sur la planète uniquement pour le denim, ce tissu de coton utilisé pour la confection des jeans. et la méthode de production de l’indigo qui repose sur de nombreuses substances chimiques, est à l’origine de dégâts environnementaux et sanitaires colossaux ainsi que des dépenses énergétiques énormes.
pour synthétiser un seul kilo d’indigo, l’industrie a en effet besoin d’utiliser 100 kilo de pétrole, 9 kilo de solvant et 1000 litres d’eau. La plupart des déchets se retrouvant ensuite dans les rivières ou les cours d’eau.
avant la pétrochimie, les colorants provenaient des minéraux, des plantes ou des insectes, comme le rouge des cochenilles. mais aujourd’hui, avec plus de 4 milliards de vêtements en denim fabriqués chaque année, il est impossible d’imaginer le retour à une production entièrement végétale. imaginez que pour extraire naturellement l’indigo des feuilles de l’indigotier, il faudrait une surface en monoculture supérieure à la taille de l’Allemagne !
face à cette industrie textile ultrapolluante et dans un contexte où les consommateurs mettent une pression énorme sur les fabricants pour qu’ils fassent appel à des procédés respectueux des hommes et de l’environnement, les scientifiques ont cherché de nouvelles méthode pour produire de l’indigo en éliminant au maximum les rejets toxiques.
et c’est vers les bactéries qu’ils se sont tournés. une équipe de l’Université de Berkeley aux Etats-Unis a publié dans la revue Nature Chemical Biology, un article pour expliquer son procédé « vert » qui produit du bleu.
le principe est de prendre une bactérie, Escherichia coli, en l’occurrence, cette bactérie intestinale bien connue des mammifères et de l’homme en particulier puisqu’elle compose 80 % de notre flore intestinale (et favorise nos belles gastroentérites, si appréciées..). cette bactérie utilisée comme une véritable usine chimique est génétiquement modifiées pour imiter une plante japonaise, la Persicaria tinctoria, aussi appelée la renouée des teinturiers et qui produit de l’indigo.
cette bactérie OGM sera donc utilisée pour fabriquer le colorant, elle ne se retrouvera pas directement en contact avec votre jean.
pour l’instant, pour produire 5 grammes d’indigo, il faut plusieurs litres de bactéries. ce qui coûte très cher. le procédé n’en est donc qu’au stade de l’expérimentation.
en France la biotech Pili travaille elle aussi sur les micro-organismes pour fabriquer de l’indigo. le principe est le même que pour la bière : en leur donnant du sucre, les bactéries produisent une fermentation et des molécules ayant des pouvoirs colorants. ils espèrent une mise sur le marché d’ici 3 à 5 ans.
à suivre donc....
(article largement inspiré de Mathieu Vidard "l'Edito au carré"- France Inter)