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15 mai 2019

concours de nouvelles

la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse lance un concours de nouvelles jeunesse afin de permettre à des auteurs émergents de se faire connaître.

je vous glisse en dessous des infos qui vous donneront des éléments plus précis.

alors, à vos plumes...

Le concours de nouvelles Émergences ! 2 est ouvert et vous avez jusqu’au 31 mai pour envoyer vos nouvelles.

24 janvier 2019

Delfino et le Brésil

mardi, Jean-Paul Delfino est venu présenter son "recueil de contes et légendes brésiliens" à mes élèves et nous avons passé un moment enchanteur.

cet homme est un délice !

L’image contient peut-être : 13 personnes, personnes souriantes, personnes debout

30 décembre 2018

Pierre, dis-moi la vérité....

RUE DE SEINE, PAR JACQUES PRÉVERT.

 

Rue de Seine dix heures et demie
le soir
au coin d’une autre rue
un homme titube… un homme jeune
avec un chapeau
un imperméable
une femme le secoue…
elle le secoue
et elle lui parle
et il secoue la tête
son chapeau est tout de travers
et le chapeau de la femme s’apprête à tomber en arrière
ils sont très pâles tous les deux
l’homme certainement a envie de partir…
de disparaître… de mourir…
mais la femme a une furieuse envie de vivre
et sa voix
sa voix qui chuchote
on ne peut pas ne pas l’entendre
c’est une plainte…
un ordre…
un cri…
tellement avide cette voix…
et triste
et vivante…
un nouveau né malade qui grelotte sur une tombe
dans un cimetière l’hiver…
le cri d’un être les doigts pris dans la portière…
une chanson
une phrase
toujours la même
une phrase
répétée…
sans arrêt
sans réponse…
l’homme la regarde ses yeux tournent
il fait des gestes avec les bras
comme un noyé
et la phrase revient
rue de Seine au coin d’une autre rue
la femme continue
sans se lasser…
continue sa question inquiète
plaie impossible à panser
Pierre dis-moi la vérité
Pierre dis-moi la vérité
je veux tout savoir
dis-moi la vérité…
le chapeau de la femme tombe
Pierre je veux tout savoir
dis-moi la vérité…
question stupide et grandiose
Pierre ne sait que répondre
il est perdu
celui qui s’appelle Pierre…
il a un sourire que peut-être il voudrait tendre
et répète
Voyons calme toi tu es folle
mais il ne croit pas si bien dire
mais il ne voit pas
il ne peut pas voir comment
sa bouche d’homme est tordue par son sourire…
il étouffe
le monde se couche sur lui
et l’étouffe
il est prisonnier
coincé par ses promesses…
on lui demande des comptes…
en face de lui…
une machine à compter
une machine à écrire des lettres d’amour
une machine à souffrir
le saisit…
s’accroche à lui…
Pierre dis-moi la vérité

Extrait de Jacques Prévert, Paroles, Paris, Gallimard, 1946.

11 novembre 2018

le dormeur du Val

Arthur RIMBAUD
1854 - 1891

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

08 novembre 2018

prix littéraires

c'est la valse des prix littéraires et j'aime beaucoup découvrir de nouveaux ouvrages : alors voilà le palmarès connu :

 

Prix Goncourt : "Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu (Actes Sud)

"Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu (Actes Sud)
"Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu (Actes Sud)

En août 1992, dans une vallée perdue de l'est de la France, deux adolescents trompent l'ennui d'une journée de canicule en volant un canoë pour aller voir ce qui se passe de l'autre côté du lac, sur la plage naturiste. Pour Anthony, 14 ans, ce sera l'été de son premier amour, celui qui orientera le reste de sa vie. Prix de la Feuille d'or 2018, prix Blù Jean-Marc Roberts 2018.

 

 

Prix Renaudot : "Le Sillon" de Valérie Manteau (Le Tripode)

"Le Sillon" de Valérie Manteau (Le Tripode)
"Le Sillon" de Valérie Manteau (Le Tripode)

Une jeune femme rejoint son amant à Istanbul. Alors que la ville se défait au rythme de ses contradictions et de la violence d'Etat, des personnes luttent pour leur liberté. Elle-même découvre l'histoire de Hrant Dink, journaliste arménien de Turquie, assassiné pour avoir défendu un idéal de paix.

 

Prix Femina : "Le lambeau" de Philippe Lançon (Gallimard)

"Le lambeau" de Philippe Lançon (Gallimard)
"Le lambeau" de Philippe Lançon (Gallimard)

Alors que l'auteur s'apprête à rejoindre sa compagne aux Etats-Unis, où il doit donner des cours de littérature, il participe à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo ;le 7 janvier 2015. Survient l'attentat dont il réchappera, défiguré. Il raconte sa sidération, sa douleur, les greffes, tout en essayant de se refabriquer un lien à l'existence. Prix du Roman-News 2018.

 

Prix Médicis ;: "Idiotie" de Pierre Guyotat (Grasset)

"Idiotie" de Pierre Guyotat (Grasset)
"Idiotie" de Pierre Guyotat (Grasset)

Le romancier revient sur les événements marquants de son entrée dans l'âge adulte, entre 1958 et 1962, notamment sa recherche du corps féminin, son rapport intense à l'art, ses rébellions contre son père et l'autorité militaire en tant que conscrit puis soldat dans la guerre d'Algérie. Prix de la langue française 2018 et prix spécial du jury Femina 2018 attribués à Pierre Guyotat pour son oeuvre.

01 novembre 2018

La peau de chagrin

voilà un extrait de "La peau de chagrin" d'Honoré de Balzac, à visée philosophique, qui traverse le temps et les évolutions sociétales et que j'affectionne..

je le partage avec vous, parce que je vous aime...

"Je vais vous révéler en peu de mots un grand mystère de la vie humaine.

L'homme s'épuise par deux actes instinctivement accomplis qui tarissent les sources de son existence. Deux verbes expriment toutes les formes que prennent ces deux causes de mort : vouloir et pouvoir.

Entre ces deux termes de l'action humaine, il est une autre formule dont s'emparent les sages, et c'est à elle que je dois le bonheur et la longévité. Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit ; mais savoir laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme. Ainsi, le désir ou le vouloir est mort en moi, tué par la pensée ; et le mouvement ou le pouvoir s'est résolu par le jeu naturel de mes organes. En deux mots, j'ai placé ma vie, non dans le cœur qui se brise, non dans les sens qui s'émoussent, mais dans le cerveau qui ne s'use pas et survit à tout.

Aussi, rien d'excessif n'a froissé ni mon âme ni mon corps. Cependant, j'ai vu le monde entier. Mes pieds ont foulé les plus hautes montagnes de l'Asie et de l'Amérique. J'ai appris tous les langages humains et j'ai vécu sous toutes les coutumes. J'ai prêté mon argent à un Chinois en prenant pour gage le corps de son père, et j'ai dormi sous la tente de l'Arabe sur la foi de sa parole, j'ai signé des contrats dans les capitales européennes, et j'ai laissé, sans crainte, mon or dans le wigham des sauvages. J'ai tout obtenu parce que j'ai tout su dédaigner. Ma seule ambition a été de voir ; car voir, c'est savoir ! Oh ! savoir, jeune homme, n'est-ce pas jouir intuitivement ? N'est-ce pas découvrir la substance même du fait et s'en emparer essentiellement ? Que reste-t-il d'une possession matérielle ?... Rien qu'une idée. Jugez alors combien doit être belle la vie d'un homme qui, pouvant empreindre toutes les réalités dans sa pensée, transporte en son âme les sources du bonheur, en extrait mille voluptés idéales, dépouillées des souillures terrestres. La pensée est la clef de tous les trésors. Elle procure les plaisirs de l'avare sans en donner les soucis... Ainsi, ai-je plané sur le monde, où mes plaisirs ont toujours été des jouissances intellectuelles. Mes débauches étaient la contemplation des mers, des peuples, des forêts, des montagnes !... J'ai tout vu ; mais sans fatigue, tranquillement : je n'ai jamais rien désiré, j'ai tout attendu. Je me suis promené dans l'univers comme dans le jardin d'une habitation qui m'appartenait...

Ce que les hommes appellent chagrins, amours, ambition, revers, tristesse, sont pour moi des idées que je change en rêveries. Au lieu de les sentir, je les exprime, je les traduis ; et, au lieu de leur laisser dévorer ma vie, je les dramatise, je les développe, je m'en amuse comme de romans que je lirais par une vision intérieure.... N'ayant point forcé mes organes, je jouis encore d'une santé robuste ; et mon âme, avant hérité de toute la force dont je n'abusais pas, cette tête est encore mieux meublée que mes magasins..."

26 octobre 2018

Sakharov et Sentsov

"Le prix Sakharov 2018 décerné jeudi au cinéaste ukrainien Oleg Sentsov suit de peu le prix Vaclav-Havel attribué au représentant de l’ONG Memorial en Tchétchénie, Oïoub Titiev.

 

Oleg Sentsov en juillet 2015.

Oleg Sentsov en juillet 2015. SERGEI VENYAVSKY / AFP

Deux prisonniers, deux camouflets. Réuni en session plénière à Strasbourg, jeudi 25 octobre, le Parlement européen a décerné le prix Sakharov, destiné à promouvoir une personnalité ou une organisation dans le domaine des droits de l’homme, au cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, incarcéré dans une colonie pénitentiaire russe. Trois semaines plus tôt, le 8 octobre, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) avait attribué le prix Vaclav-Havel, sur le même thème, à Oïoub Titiev.

En détention préventive depuis janvier, le représentant de l’ONG russe Memorial à Grozny, en Tchétchénie, fait face à une accusation de « trafic de stupéfiants » qu’il réfute. L’APCE a surtout retenu le « courageux combat » de cet homme de 60 ans, repris après l’assassinat en 2009 de sa prédécesseure Natalia Estemirova, pour dénoncer les nombreux abus commis dans cette région du Caucase russe par son impitoyable dirigeant, Ramzan Kadyrov. Dans les deux cas, l’Europe a voulu dénoncer la violation des droits humains en Russie et reconnaître la situation de ces « prisonniers politiques ». (...) "

(extrait de l'article d'isabelle Mandraud, correspendante à Moscou pour Le Monde - Europe)

17 octobre 2018

l'âge canon

ma copine Mylène Desclaux a écrit un ouvrage, pertinent et léger : "Les jeunes femmes de 50 ans" dans lequel on peut lire à un moment :

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"Je déteste le mot "cougar" qui par sa sonorité, et tout ce qui se termine par "ar" (connard, salopard, crevard...) n'évoque que des injures masculines."

le mot "crevard" m'a fait particulièrement sourire (mais pas que ça, dans son roman) tant je le trouve fort et imaginé.

sans regarder dans le dictionnaire, j'y mets l'idée d'un homme seul, qui refuse de rester seul et est prêt à tout pour retrouver une compagne. un "mort de faim" pourrait aussi bien convenir.

si vous passez par là, et en jouant le jeu de vous abstenir d'aller jeter un oeil dans le dictionnaire, vous le traduiriez comment, vous, ce mot ?

25 mai 2018

Alt J

je vous ai raconté pas mal de choses en une seule fois et je n'ai pas parlé de ce groupe, que j'écoute pour écrire, parce que leurs musiques m'inspirent et me permettent d'être efficacement créative..

je suis allée les voir en concert, ça valait le détour...

 

02 octobre 2017

Anne Bert et Charcot

elle s'appelle Anne Bert. elle est auteur. elle souffre de la maladie de Charcot qui ma prive chaque jour de son indépendance, la rendant "handicapée" et donc dépendante de quelqu'un pour l'aider dans le moindre de ses gestes.

sans parler de la souffrance, difficilement tolérable.

je l'ai écoutée, avec émotion, sur ma radio préférée, alors que Léa Salamé l'interviewait.

je ne l'entendrait plus. vous, non plus.

aujourd'hui, elle s'est rendue en Belgique pour vivre, de son plein gré, sa mort. on appelle ça "euthanasie". je dirais "choix de vie ou de mort".

ça me rend profondément triste, je ne sais dire pourquoi. je pense à mes enfants, si je devais souhaiter le même genre de traitement. je pense à l vie, à ses mots, à sa voix si grave l'autre jour, répondant à Léa Salamé.

voilà le livre témoignage qu'elle laisse, que je n'ai pas encore lu..

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10 septembre 2017

Eva, little princess

on l'appelait "la petite princesse", sa mère, les amis de sa mère, les dandys anglais.. mais elle a vécu une enfance tyrannique, exploitée par une mère abusive, un brin dérangée qui a bafloué son image et son intégrité.

Eva Ionesco raconte cela dans un film d'abord "My Lillte Princess" en 2011 et aujourd'hui dans un livre "Innocence" 

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"Père flou, mère abusive... Pour chasser les images noires de son enfance, Eva Ionesco s'en remet aux mots, les siens, lumineux et incisifs.

Le beau titre du livre évoque ce transfert pervers de la photographe qui entacha la pureté de sa fille, et se drapa sa vie entière derrière un alibi artistique pour évacuer toute culpabilité. Innocence : le bilinguisme ­­— qu'Eva Ionesco doit à une parenthèse enchantée de sa petite enfance, à San Francisco — fait aussi forcément tinter ce titre à l'anglaise : « in no sense », littéralement « dans le non-sens ». Récit d'une avancée insensée vers l'âge adulte, ce livre funambulesque marche au-dessus d'une béance incompréhensible : l'absence de père. Toute la force de l'écriture d'Eva Ionesco, incisive et lumineuse, fend le brouillard que sa mère a toujours maintenu autour de l'identité de son géniteur. Question de regards croisés, encore et toujours : les rares photos de la petite Eva avec son père ont été prises par sa mère avant ses 3 ans, mais les images imprimées sur la ­réti­ne de l'enfant lui appartiennent.

Celle qui aime tant les vêtements, les étoffes, les chiffons, livre le tout dans un patchwork cousu serré, une tapisserie de réparation faite de lambeaux de souvenirs. « Très vite, j'ai ­voulu apprendre à apprivoiser ma solitude dans toutes sortes de lieux », confie-t-elle. Puisque ses parents défaillants ne parviennent pas à lui donner l'amour qu'elle attend, la fillette a développé une hyper-acuité à son environnement. Troènes, menhirs, sable, bitume, briques, sans oublier les cinq pierres paternelles glissées dans sa main lors d'une rencontre éclair... ­Innocence n'est jamais aussi beau que lorsqu'il se laisse gagner par une force immobile, venue de très loin. Celle qui a permis à Eva Ionesco de rester debout. — Marine Landrot (Télérama)"

06 septembre 2017

antispécifisme

avant de poursuivre les aventures marrachies, je voulais vous parler d'une démarche, d'un livre, d'une philosophie de vie qui est la mienne, qui prend force de plus en plus en moi : l'antispécifisme.

plus ça va et plus je ne me résous pas à accepter l'exploitation égoïste que l'home fait de l'animal depuis si longtemps, d'abord pour des raisons de survie et puis après pour son propre plaisir, sa distraction, son envie de dominer, d'être le maître du monde.

l'équitation, le cirque, le zoo, mais aussi avoir un chien qu'on promène en laisse, utiliser les ânes pour porter des charges, élever des vaches dans un pré carré... tout ça, ça me navre...

Jean-Baptiste Del Amo a écrit un ouvrage pour dénoncer cela et j'ai bien envie de le lire.

ça vous tente ?

 

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22 juillet 2017

Eugène Onéguine

je me suis rendue au festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence (quelle belle région, riche culturellement que celle où je vis !!!!!) pour assister à un opéra que le compositeur Piotr Ilyitch Tchaïkoski a mis en musique, d'après un texte d'Alexandre Pouchkine : "Eugène Onéguine".

pas de mise en scène mais des scènes lyriques en trois actes, des voix magiques, fabuleuses, qui nous transportent aux sons inouïs d'un orchestre du Bolchoï époustouflant.

je ne sais pas vous, mais moi, les Russes me font vibrer en littérature...

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04 mai 2017

Franck Venaille

si
vaste

était le mystère
de la vie

si
profonde
l’anxiété
qu’elle
véhiculait

que
presque sans raison
nous demeurions émotifs

sans raison ai-je dit

simplement
comme des âmes singulières
doutant de tout
surtout d’elles-mêmes

ainsi se faufilaient les ans
si profond étant notre étrange désir de vivre

 

C'est-à-dire - Franck Venaille

22 avril 2017

les racines du ciel

j'aime l'écriture de Romain Gary.

et ses écrits.

mon "internénette numertwo" a comme projet de partir dans un an, avec sa meilleure amie, défendre et prendre soin des éléphants.

ce livre est pour elle, un encouragement à sauver ce qui peut encore l'être dans cette société dévastée par l'envie, le pouvoir et la possession... la destruction.

"Morel, le principal protagoniste du roman, décide de faire cesser l'extermination des éléphants en Afrique au milieu du xxe siècle. Or, en AEF (Afrique-Équatoriale française), l'idée d'indépendance commence à prendre forme ici et là.

L'histoire raconte la lutte de Morel, ses actions en faveur des éléphants, la traque dont il est l'objet de la part des autorités, et, en parallèle, les conflits d'intérêt entre les engagements des uns et des autres : pour les éléphants, pour l'indépendance, pour la Puissance coloniale, pour la sauvegarde des traditions, pour la marche en avant de l'homme vers la modernité, pour l'intérêt à court terme, pour l'honneur de l'homme.

L'idée centrale défendue par l'auteur est la protection de la nature (« et cette tâche est si immense, dans toutes ses implications », écrit l'auteur dans sa courte préface). Mais, par ce biais, il expose la protection d'une « certaine idée de l'homme » que Morel, Minna, Schölscher et d'autres illustrent tout au long du roman.

Les Racines du ciel évoque aussi les parcours qui ont conduit chacun à se retrouver là, dans la condition où chacun se trouve."

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05 mars 2017

printemps des poètes

aujourd'hui, et jusqu'au 19 mars, se tient la 19e édition du Printemps des poètes.

en hommage à une dame de la littérature jeunesse qui vient de s'éteindre, si jeune encore, endormie dans son lit, j'ai envie de poster ce magnifique poème de Ketty Nivyabandi : "Trois ethnies"

Trois ethnies
Trois jolis sourires,
Trois jeunes destins.
Trois petites filles,
Trois éclats de rires qui chatouillent les manguiers…

Elles jouent en cercle en se tenant la main,
Sandales et peurs au vent...
Trois rêves ludiques,
Trois chansons.

Un, deux, trois, elles sautillent,
Et petites nattes se hissent à l’horizon.
Un, deux, trois, elles sautillent,
Six petits pieds se posent sur la terre fébrile;
Fraîchement violée par ses fils,
Féconde et porteuse en son sein de l’Infâme.

Un, deux, trois, et la terre minée s’ouvre.
Rugissante et béante,
Purulente de petits monstres,
Elle avale les trois chansons.

Trois petits bouts d’enfance s’envolent en éclats.
Trois rêves déchiquetés, trois rires muets.
Trois destins étouffés, trois boutons de fleurs écrasés.
Trois chants inachevés…

Un, deux, trois pleurs identiques s’élèvent dans un ciel désastré.
Trois silhouettes vêtues d’imvutano noirs s’allongent, cheveux rasés, âmes calcinées.
Trois mères.
Trois plaies.
Trois cœurs fendus à jamais.
Hutu. Tutsi. Twa.
Trois ethnies. Une seule agonie.
Un seul fleuve de larmes qui s’écoule et s’écoule, à l’infini.

Et ce silence…
Le silence lourd et écarlate du sang des innocents



Texte composé pour l’exposition 'Recyclage d’armes en œuvres d’art’
Maoni (Collectif d'Art)/Bujumbura, Janvier 2010

21 février 2017

Les vagues

J'en ai assez de ce qui est joli, j'en ai assez de ça qui est intime. Je vogue sur des eaux houleuses et je coulerai sans personne pour me sauver.

 

Je dois poser le pied prudemment sur le rebord du monde, de peur de tomber dans le néant. Je suis forcée de me cogner la tête contre une porte bien dure, pour me contraindre à rentrer dans mon propre corps.

 

Tout effort vers la connaissance est vain. Tout n’est qu’expérience et qu’aventure. Sans cesse, nous formons de nouveaux mélanges avec des éléments inconnus.

 

Je veux donner, je veux être donnée, et je veux la solitude pour y déployer en paix mes possessions.

 

Je bouge comme la feuille de la haie qui me faisait peur lorsque j'étais petite. Je danse sur les murs rayés et impersonnels, sur les plinthes peintes en jaune comme la lumière du feu dans sur les théières. Je capte le feu jusque dans le regard froid des femmes.

 

J’ai voulu dilater la nuit, et y faire entrer sans cesse de plus en plus de rêves.

 

extraits de "Les Vagues" de Virginia Wolf.

 

07 février 2017

livre Inter

femme de lettres, philosophe, Elisabeth Badinter sera donc la présidente du Prix du livre inter, édition 2017. ce 7 février lance ainsi le 43e rendez-vous littéraire de la radio. Un choix intéressant, quand on sait l’importance que l’auteure a pu accorder au droit des femmes immigrées.

"

Spécialiste du Siècle des Lumières, Elisabeth Badinter inaugurera le 43e Prix du Livre Inter. Commandeur des Artes et des Lettres, elle a publié son premier ouvrage en 1980, L’amour en plus. Histoire de l'amour maternel (XVIIe-XXe siècle). Elle compte également parmi les femmes d’affaires les plus puissantes du pays – sa fortune est estimée par Forbes à 1,58 milliard $ en 2016, soit la 31e fortune de France et la 1304e mondiale.

Auditeurs, lecteurs, jurés et auteurs vont vivre jusqu’au 6 juin 2017 l’aventure du 42e Prix du Livre Inter.

Créé en 1975 au sein de la rédaction de France inter, le Prix du Livre Inter est devenu au fil des années un prix littéraire influent et respecté. Cela tient à sa spécificité : un jury populaire (composé de 24 auditeurs/lecteurs : 12 femmes, 12 hommes) qui délibère sous la présidence d’un écrivain.

Un jury qui change chaque année — garantie d’indépendance – avec, comme seul critère, l’amour de la lecture. Une passion partagée par des milliers d’auditeurs de France Inter, à travers de nombreuses émissions.

Pour les prochaines dates :

— Début avril : Annonce à l’antenne de la liste des 24 jurés et des 10 livres en compétition.

— Lundi 5 juin : Proclamation du 43e Prix du Livre Inter, de nombreuses émissions sont prévues pour fêter l’événement comme il se doit.

Pour s’inscrire, il faudra passer par ici."

24 novembre 2016

les livres et les émotions

"Personne, jamais, ne m’a consolé de ces nuits."

en lisant ces mots, j'ai pleuré.

sanglots qui gonflent dans la gorge, yeux des étudiants figés, la voix qui s'éraille... les larmes.

séance de lecture avec des étudiants autour de "Profession du père" de Sorj Chalandon.

cette phrase résonne en mon coeur, tambourine et ne me lâche pas.

tristesse profonde.

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04 novembre 2016

une chanson douce

"Une chanson douce" de Léïla Slimani vient de remporter le prix Goncourt.

une belle nouvelle.

une belle auteur.

Couverture

"Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame. À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant."