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17 août 2008

épisode 10

- Je m’en doutais. Vous êtes trop sensible, Lupa, vous ne devriez pas assister à tout ça. Et puis, je ne suis pas certain… Mais il faut que les secours arrivent vite maintenant. Je les appelle…

Lupa s’éloigna un peu. Elle se tenait courbée, comme si une douleur au ventre l’empêchait de se redresser.

- Attendez, ne partez pas, s’il vous plaît. J’appelle et je vous raccompagne.

 

Paul s’était rapproché d’elle. Il souleva une mèche de ses cheveux grisonnantes entre ses doigts carrés et les repoussa derrière l’oreille si fine de la jeune femme.

Elle acquiessa, lèvres pincées.

Vita, je me souviens de notre rencontre. Un soir, dans l’ascenseur de chez moi. Tu venais voir ce couple au cinquième. C’était la première fois que tu faisais ça avec un couple. Tu ne savais pas trop. Mais tu n’avais pas peur. Au contraire, ça t’amusait… Tu me l’as dit après. Quand la porte de l’ascenseur s’est fermée, on était face à face. Tu as souri. Je voyais tes lèvres gourmandes, tes yeux qui brillaient. Quand la porte s’est rouverte au cinquième, j’ai appuyé sur le rez-de-chaussée et tu t’es approchée de moi. « Tu veux jouer ? » tu m’as demandé. Tu te frottais contre moi. Je t’ai répondu « lève ta jupe » et tu l’as fait. Tu portais rien en dessous. T’as jamais rien mis sous tes jupes. J’adorais ça. J’ai glissé ma main là entre tes cuisses que tu gardais serrées… juste exprès pour m’exciter. Quand mon doigt est entré en toi, c’était chaud, humide. Alors t’as léché mes lèvres, t’as ouvert ma bouche avec ta langue et tu l’as fourrée toute à l’intérieur. Putain, ce que j’ai aimé ça…

- Lupa ?… Lupa ?

 

La jeune femme sursauta. Elle semblait ailleurs et Paul devina qu’une certaine panique s’emparait d’elle.

 

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14 août 2008

9

Lupa s’agenouilla près de l’inspecteur. Son épaule frôla le bras de l’inspecteur et il sentit une vague de chaleur l’envahir. Il aurait bien le temps de repenser à cela par la suite. Là, il y avait urgence.

- Son ventre… J’ai touché son ventre en la retournant… J’ai senti un coup…

La jeune femme le dévisageait sans saisir. Paul n’était même pas surpris d’être là, penché sur un corps dévasté en compagnie d’une inconnue aux yeux de biche apeurée. Pas surpris non plus de lui faire part de ses découvertes comme si elle était son adjointe. Il ne savait rien d’elle excepté son identité. Et qu’il avait envie de la revoir. Intensément envie de la revoir.

- Dans son ventre… ça bouge… ça vit… Elle est…

- Enceinte ?

- Oui… Je crois bien. Pas de beaucoup. Quatre, cinq mois… Mais je suis prêt à parier qu’elle a un bébé dans son ventre et qu’il n’est pas mort, lui…

Lupa eut un hoquet de dégoût. Elle se releva précipitamment et respira un grand coup.

- Un… bé…bé ?

Putain, Vita, c’est pas possible, t’as pas fait ça… t’as pas pu me faire ça. Te faire engrosser… Par ce connard… C’est pour ça… Pour cette raison que tu voulais me quitter… Vita… On l’aurait gardé ce bébé… Ca aurait été notre bébé… Je t’aurais regardé lui donner le sein et puis je t’aurais tétée aussi un peu comme un louve, je t’aurais tartinée de salive partout, tu aurais mis de ton lait sur moi, tu aurais léché et j’aurais aimé ça… tes seins gonflés… tes gros seins plein de lait…Je me rappelle comme t’aimais ça quand je te mordillais le mamelon, ça te plaisait tellement… Un bébé…

- Mais… comment… est-ce possible ?

Des larmes coulaient sur ses joues à présent.

 

 

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12 août 2008

aide

il y avait longtemps que je ne vous ai parlé de Joal Fadiouth... mais si, rappelez-vous, "mon" île au Sénégal, "ma" terre entre mer et coquillages...

si j'en parle ce soir, c'est pour vous demander de l'aide...

éh éh...

quand je suis allée écrire avec les élèves de l'école Sainte-Thérèse, nous avons réalisé des ouvrages (3 en tout) regroupant les différents contes inventés avec (par) les élèves.

nous avons souhaité imprimer ces livrets mais il manque 200 euros aujourd'hui pour finaliser cela.

alors, j'en appelle à votre douce générosité pour que chaque enfant de l'école puisse avoir son exemplaire.

si vous êtes partant pour une aide financière, merci de me le faire savoir...

gracias...

 

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11 août 2008

épisode 8

La victime portait une jupe en jean’s, courte, qui était remontée au-dessus de la culotte lors de la chute. Sauf qu’il n’y avait aucune trace de culotte. De longues stries zébraient le haut des jambes. Le policier voulut rebaisser sa jupe et il remit de l’ordre dans ses vêtements. Il souleva légèrement un haut de son pull et découvrit d’autres traces. Sur tout le bas du dos. Des traits boursouflés sur une peau encore si jeune…

- Mais quel intérêt peut-on trouver à faire cela ?

Paul n’en revenait pas. Il avait rarement vu un corps aussi marqué. La victime était-elle consentante ?

Il se souvint… Une fois, il avait rencontré une femme qui avait voulu qu’il la frappe avant de lui faire l’amour. Ca l’excitait, disait-elle. Elle avait besoin de sentir un homme fort, dominant, dominateur, violent… pour avoir du plaisir.

Au début, il avait trouvé marrant de lui administrer des fessées avant de la pénétrer, de la sodomiser. Et puis, ça avait dégénéré. Paul faisait des cauchemars. Il se réveillait la nuit en sueur. Il se voyait en train de la tabasser. Il n’arrivait plus à se regarder dans le miroir le matin. Il avait rompu. Il s’était juré : plus jamais ça !

La chaleur de sa chatte humide. Hum… Son goût. J’ai jamais trouvé une chatte qui avait ce goût-là. Vita c’était une perle, un cadeau…Pourquoi est-ce qu’elle a préféré ce type ? Elle écartait ses cuisses de jouvencelle, elle faisait semblant d’hésiter, j’insistais un peu, je sortais ma langue, lui léchais le haut des jambes, le ventre. Elle ronronnait, je la griffais, elle…

 

- Merde !

- Qui a-t-il ?

 

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10 août 2008

7

vous avez du patienter pour la suite ???... la voilà... et c'est reparti...

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- Ca s’est passé, là… dans la rue ?

- Non… La victime a essayé de s’enfuir, semble-t-il. Mais à bout de forces, elle a fini par succomber de ses blessures, ici, sur ce trottoir…

Vita… Pourquoi tu m’as fat ça ? C’était pas bon nous deux ? Pourquoi t’es retournée voir ce porc ? Pourquoi tu voulais tout arrêter entre nous ? Il ne te baisait même pas bien, ce connard… Vita… T’as vu ce que tu m’as fait faire ? Tu te rends compte…T’as tout cassé… Tout foutu en l’air….

- Vous… Vous avez déjà une piste ?

- Non… Je ne suis pas l’inspecteur Colombo, vous savez. Ce n’est pas un film… Dans la réalité ça prend bien plus de temps que ça…

- Vous allez interroger tout le quartier…

 

L’inspecteur souriait, malgré l’horreur de ce qu’il s’était passé. Cette Lupa était vraiment… adorable… Il était bien décidé, maintenant, à ne pas la laisser partir sans lui proposer un rendez-vous. Une soirée dans un restaurant chic. Il avait envie de redevenir galant, prévenant. Un parfait gentleman.

Lupa s’autorisa à s’approcher du corps mutilé.

Elle frissonna à la vue des traces sanguinolentes qui ornaient le corps de la victime. L’inspecteur suivit son regard.

- Il semble qu’elle ait été lacérée. Des griffes monstrueuses comme si un animal l’avait déchiquetée entre ses pattes. Elle a même des traces de morsures… des crocs…

- Un animal ?

- Oui… ça paraît étrange mais cette femme semble avoir été tuée par un animal… Un loup…

Si tu savais comme elle aimait ça Vita, quand je l’attachais aux barreaux du lit. Elle voulait que je serre bien fort. Et elle aimait quand je la fouettais. Ca la faisait mouiller encore plus…Vita…

- Bien sûr… Là, vous voyez sur ses cuisses, ses… fesses… Griffée... au sang…

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29 juillet 2008

épisode 6

Tout semblait si raisonnable chez cette jeune femme. Paul Desmarets se disait qu’il devait faire bon vivre à ses côtés… Pas de mauvaises surprises, pas d’états d’âme changeants… Une maison bien tenue, des bons petits plats comme il les aimait… Il ne comprenait pas bien ce qu’il lui arrivait mais des dizaines d’images s’installaient dans sa tête. Lui avec cette… comment déjà ? … ah oui ! Lupa. Elle à ses côtés dans sa grosse voiture, elle dans son lit, partageant ses repas, plaisantant durant les réunions de famille. Elle avec lui…
Il se secoua. Ses divagations, ce serait pour plus tard. Il avait une enquête sur le dos. Une affaire à résoudre. Elle le fixait, un air si doux flottait dans son sourire.
Nuit de baise. Nuit torride… Tu sais ce que c’est, toi, de jouir durant des heures… de mourir de plaisir ? Non, tu sais pas… Des chiennes en chaleur… Regarde-toi… Tu ne connais rien au plaisir…

- Je suis navré mais vous ne pouvez rester ici. Je dois commencer mes recherches.
- Je comprends… je me disais juste qu’une femme avertie en vaut deux… alors…
L’inspecteur Desmarets soupira. Après tout, il ne trahissait pas le secret professionnel en informant une citoyenne des dangers qu’elle encourait à se promener de bonne heure dans le quartier.
- Vous avez raison. La victime a été sauvagement violée… son… anus… et son… vagin… ont été totalement déchirés…

Il hésitait. Le visage de Lupa se crispait à chacun de ses mots. Il craignait de la choquer.
Elle aimait ça, la salope…que je la pénètre profondément…Ce n’était jamais assez fort, jamais assez loin…Avant je la léchais longtemps, elle suppliait, mouillée qu’elle était… Ma langue fouillait en elle, je la griffais jusqu’au sang et quand elle n’en pouvait plus, je lui enfournais mon appareil… à fond… Elle hurlait de plaisir, haletait, en voulait encore. Toujours plus. Encore…

Paul reprit :
- Je vous choque, mademoiselle Beckett, je m’en excuse…
- Lupa…
- Comment ?
La voix de la jeune femme était inaudible. Un souffle qu’un rien pouvait briser définitivement. Paul s’en voulait de lui faire subir ça.
- Appelez-moi Lupa, murmura-t-elle en baissant les yeux.
- Hum… Lupa… Je ne sais pas si je fais bien de vous raconter tout cela.


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27 juillet 2008

5

Lupa ne se décidait pas à partir. Elle avait envie d’en savoir plus. Elle fit mine de s’éloigner un peu, pour respecter ce qui se dirait entre l’inspecteur et ses hommes mais l’air inquiet qui masquait son visage justifiait sa présence.
Quand les techniciens se dirigèrent vers leur véhicule, elle revint à la charge.
- C’est quelqu’un du quartier ? Vous l’avez identifiée ?

Paul n’arrivait pas à détacher son regard des prunelles lavande qui se fonçaient un peu lorsque Lupa Beckett semblait soucieuse. Ces prunelles qui semblaient le pénétrer.
- Non, la victime n’avait pas de papiers sur elle. Mais on nous a signalé la disparition depuis plusieurs jours d’une certaine Stéphanie Irles. Ce nom vous dit-il quelque chose ?
Vita… Vita… C’est Vita qu’elle s’appelle, abruti… Ca fait bien longtemps qu’elle avait rayé Stéphanie de sa vie…

- Vous savez, je n’habite pas ici. Je ne faisais que passer ce matin lorsque j’ai vu votre voiture et tout le mouvement autour de vos hommes…
- Vous passiez ? A 6h30 du matin ? Mais ce n’est pas sérieux…
- 6h45 ! … Oui, je suis très matinale. J’aime faire un petit tour quand la ville dort. Ainsi, je peux mettre de l’ordre dans mes idées avant de commencer la journée.

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24 juillet 2008

épisode 4

Allez ma belle, bouge un peu… Dandine-toi… Un peu… Juste un peu…
L’inspecteur n’aimait pas jouer de sa position pour séduire les femmes, en général. Il n’avait jamais eu de chance avec ses conquêtes et rêvait encore, malgré tout, de celle qui saurait le comprendre. La jeune femme qui se trouvait en face de lui avait un quelque chose de différent des autres. Elle n’était ni aguicheuse, ni agressive. Il eut soudain envie de la protéger.

Il tendit sa grande main aux doigts carrés afin de la faire reculer un peu et elle se méprit. Elle empoigna celle-ci dans un geste de pure candeur :
- Lupa Beckett !
Et devant le regard surpris de l’inspecteur, elle ajouta :
- Mère italienne, père anglais…
Lupa avait l’habitude de ce réflexe inquisiteur envers son nom. Elle récitait sa leçon apprise depuis son plus jeune âge.
Lupa Beckett… N’oublie pas… Beckett… Beckett….

L’inspecteur allait se présenter à son tour lorsque les techniciens de la scientifique rassemblant leurs affaires, vinrent au rapport.
- C’est bon, chef, on a fini…
- Vous avez trouvé des indices intéressants ?
- Un infime morceau de latex, quelques poils animaux, un fil de laine cashmire orange retrouvé sous un ongle…
- Le type qui lui a fait ça est un vrai sadique…
- Ah oui…un bout d’ongle cassé… enfin… ça ressemble à un bout de griffe… d’animal…
Elle l’a bien cherché la salope… Maintenant elle ne partira plus…

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18 juillet 2008

3

épisode 3

L’inspecteur leva une main pour calmer le flot de paroles que Lupa débitait sur un ton de plus en plus saccadé. Il la trouvait vraiment délicieuse et ce qu’elle disait, il s’en était fait la réflexion à plusieurs reprises. Seule une femme qui avait déjà enfanté connaissait réellement la valeur de la vie.
- Vous avez des enfants peut-être ?

Des enfants ? Des enfants ? Tu plaisantes ou quoi ?

L’inspecteur Desmarets ne savait pas bien pourquoi il avait posé cette question mais il devait bien admettre qu’il espérait une réponse négative.
- Certes non ! répondit Lupa, légèrement offusquée. Il faudrait pour cela que… enfin… que…

Lorsqu’elle cherchait ses mots, la demoiselle avait une moue absolument ravissante. Elle semblait si précieuse. Alors que Lupa se tournait vers les techniciens, se dressant sur la pointe de ses escarpins, espérant apercevoir un peu du corps meurtri, Paul s’attarda sur les courbes de son corps. Il apprécia ses hanches aux rondeurs tentantes, ses longues jambes galbées et quand elle fit un mouvement vers lui il ne put résister à loucher sur sa poitrine dissimulée dans un chemisier de coton blanc, légèrement déboutonné, et qu’il devinait généreuse mais modeste. Il ne vit pas les crocs acérés qui brillaient dans sa bouche pulpeuse.




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16 juillet 2008

épisode 2

voilà je continue mon feuilleton : saison 1 épisode 2 (comme je me la pète moi alors !!)

Lupa planta son regard lavande dans les yeux de l’inspecteur qui ne cilla pas. Malgré tout, la jeune femme savait… déjà…
Regarde-moi bien… Allez, vas-y…
Son sourire timide amusa l’inspecteur. Elle semblait d’un autre temps avec sa jupe plissée, ses petits escarpins cousus main et ses boucles relevées en chignon désordonné où perlaient quelques touffes grisonnantes. Etrange d’ailleurs pour une jeune femme.
Paul se sentait troublé. Emu. Touché.
- Mon technicien a raison, vous ne devriez pas rester. Ce n’est pas beau à voir… La pauvre…
- Oh non… C’est une femme ? Encore ?
- Oui, c’est une femme… Pourquoi encore ?
Paul Desmarets fronçait les sourcils. Il n’avait pas eu vent d’un cas similaire dans les jours précédents. Cette jeune femme saurait-elle quelque chose qu’il ignorait ?
- Parce que ce sont toujours les femmes les victimes, voyez-vous… Les hommes… Ils ne savent pas… Ils ne portent pas la vie… Ne la donnent pas… Ils ne se rendent pas compte… Ils prennent ce qu’il y a de plus cher au monde…


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13 juillet 2008

feuilleton

j'ai participé pour faire plaisir à la talentueuse Marie-des-concours à un concours nature dont le thème était "à chacun son loup" je crois.

sans réponse, je peux supposer que je n'ai pas gagné.
alors, comme je ne propose plus de petits jeux sur mon blog, je vais vous présenter le texte que j'ai écrit pour ce concours mais par morceaux : ce sera le feuilleton de l'été.

voilà donc la première partie : saison 1, épisode 1

Innocente louve


Lupa regarda les techniciens de la scientifique ramasser à la pince des fragments, des choses invisibles qu'ils enfournaient dans des tubes en plastique ou des enveloppes en papier cristal. Intriguée par leur manège, elle n’osait approcher. Elle jeta un coup d’œil sur sa montre. 6h45… Ils n’avaient pas tardé, ils étaient venus rapidement… Pour une fois…
Elle remarqua celui qui se tenait un peu en retrait, grand malgré des épaules déjà tombantes, les cheveux hirsutes, une chemise qui se voulait repassée.
Elle en était persuadée : lui, il supervisait les évènements.
Elle se décida. Il fallait agir. A pas comptés, elle s’approcha des hommes et se pencha sur l’épaule de l’un d’eux.
- Faut pas rester ici ma petite dame. Ce n’est pas un spectacle…
- Désolée, je ne voulais pas vous déranger…
Au moment où le technicien s’agaçait, le grand type s’avança.
- Qu’est-ce qu’il se passe ?
- Je suis navrée… je…


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08 juillet 2008

33 ans

bon anniversaire Stéphanie !


Ils sont tous les deux sur le canapé côte à côté, presque dans les bras l’un de l’autre. Ils se regardent en souriant. Gênés un peu.
Il passe son bras au-dessus de son épaule. Il se rapproche. Il s’enroule autour d’elle.
Elle le laisse faire. Elle est bien. Elle attend ce moment depuis tellement longtemps.
Elle plante son regard dans ses yeux. Clairs. Elle les connaît ses yeux, ça fait des nuits et des nuits qu’ils viennent la hanter.
Elle attend ce moment depuis tellement longtemps.
Sans rien dire.
Elle ne veut rien manquer. Pas une miette. Elle enregistre chaque battement de ses paupières. Ses yeux sont si beaux. Vraiment.
Il approche sa bouche. Elle sent ses lèvres si proches. Elle sent son souffle si chaud.
Elle inhale son souffle le respire s’en régale.
Elle se retient : ne pas fermer les yeux, tout voir, tout se souvenir.
Leurs bouches se mélangent, leurs langues se mélangent s’entortillent se lient se délient. Elle le savait que ce serait bon comme ça que ce serait délicieux comme ça.
Ses grandes mains solides descendent le long de son dos. Elle n’a toujours pas fermé les yeux. Toujours rien dit pour ne pas rompre le charme. Ne rien perdre. Elle attend ce moment depuis tellement longtemps. Elle continue de le planter son regard droit dans son immensité bleue.
Il caresse son dos ses seins ses hanches. Leurs langues sont toujours réunies ensemble mélangées.

Et soudain il se redresse. Décollée la bouche. Enlevées les mains.
Il la regarde l’air navré : Je suis désolé. Tu es la femme de mon meilleur ami, je ne peux pas faire ça.
- Son « ex » femme, nous sommes séparés, ne l’oublie pas.
- Mais quand même. C’est mon meilleur ami. Je suis désolé. Je ne peux pas.

Il se lève. S’en va. Elle reste seule sur le canapé. Elle attend ce moment depuis tellement longtemps…



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© Alexandre Maller

28 avril 2008

décidée

il avait un regard de loup
la bouche gourmande
un prédateur

elle s'est changée en chaperon rouge
béton armé
il ne l'a pas croquée !

à son tour...

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23 avril 2008

et puis ?

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où est le jour où est la nuit ?
j'étais là hier mais aujourd'hui ?
je suis celle qui toujours fuit
j'aime pas l'ennui ni les ennuis.

saurai-je dire "non" si j'arrête de dire" oui" ?
je sais pas ce que je veux, je sais pas qui je suis.
je suis celle qui toujours fuit
je préfère le terme à ce qui luit.

au fond de ma nuit
lovée en silence sans aucun bruit
je rêve à toi, je rêve à lui.
je cherche l'arbre dont je serai le fruit.

j'avance et pourtant je fuis
c'est celui qui m'aime qui me suit
y'a pas de lumière au fond de mon puits
mais ça y est... j'y suis !

mais est-ce que je m'enfuis ?
ou je reste à me noyer sous la pluie ?
je serai là demain comme aujourd'hui
voilà c'est foutu c'est cuit...

15 avril 2008

enfant

quand on est enfant ce n'est jamais le bon moment.
pour être sérieux, être sage, pour croire aux sentiments.
pour croire tout simplement.
on pense que rien n'est important.
qu'on a le temps.
et quand on est grand... quand on est grand... on repense à ces moments où, enfant, on a laissé s'enfuir les sentiments.
on se dit que cela aurait pu être autrement.
si seulement...
on se dit surtout qu'on ne devrait jamais être grand.
que tout devrait être comme avant.
et puis non, pas vraiment.
on n'a pas le choix on va de l'avant.
on avance joyeusement, en grimaçant, en pleurant, en souriant... en boitant.
parce qu'on sait qu'au fond, on est resté un enfant
et qu'on a gardé tous ces sentiments
qu'ils sont là, et ça pour longtemps.

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24 mars 2008

intrépide Augustine

Le portrait

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Mademoiselle Marly m’a dit ce matin :
- Augustine je n’ai plus votre fiche.
Ma fiche…
Ma fiche…
- Quelle fiche ?
- Votre fiche de renseignements.
Et elle m’a glissé un document à remplir avec des questions sur mon nom prénom la profession de mes parents mon âge ma taille la couleur de mes yeux …
La couleur de mes yeux ?
Faut-il que j’explique tout ? Que mes yeux sont vert doré avec un tournesol en plein milieu quand il fait soleil, qu’ils deviennent vert gris quand c’est la nuit qu’ils sont vert foncé quand je suis triste inquiète jalouse ?
Ouh la la ! C’est compliqué ça comme question.

Mademoiselle Marly a ajouté quand elle m’a vu avec un stylo dans la bouche en train de réfléchir sur les lignes de la fiche :
- Et n’oubliez pas la photo, Augustine !
Alors ça, c’est le pompon… Il faut une photo.
Une photo de quoi ? De ma chambre avec tout le bazar dedans? De mon chat quand il s’étire paresseusement sur le sofa ?
- Une photo de vous, voyons, Augustine. Enfin un portrait…

En voilà une drôle d’idée. Un portrait.
Un portrait de mon nez ? Un portrait de mes pieds ?
- Et je le trouve où mon portrait ?
Mademoiselle Marly a haussé les épaules. Et remonté ses lorgnons bien devant ses yeux…
Quand elle fait ça, ça devient sérieux…
- Chez le photographe, c’est évident.
Soit !

Alors en sortant de l’école j’ai fait un détour chez le photographe.
Je me suis d’abord arrêtée chez le pâtissier prendre un éclair au chocolat.
- Tu ne veux pas du nougat Augustine ?
- Pas ce soir, je suis pressée.
Et chez Madame Zora pour acheter un nouveau cahier.
- Je n’ai plus de cahier. Que des calendriers…
- Bah… Non ça va… Je n’en veux pas…

J’ai fini chez le marchand de bibis.
- Alors qu’est-ce que tu aimerais aujourd’hui ?
Le marchand de bibis, il est vraiment mimi.
- Oh ! Juste une petite faveur. Pour accrocher à mes cheveux.
Voilà j’étais prête pour le portrait.


les illustrations sont de Fanny Verne. et bien sûr il y a une suite à ce texte...
plusieurs aventures attendent déjà cette intrépide... si cela intéresse un éditeur, un curieux, un fan...

12 février 2008

pour changer

une auteur - délicieuse - m'a sollicitée pour illustrer son prochain recueil de comptines.
ben oui, je vais devenir "illustratrice" aussi.
une vraie.
ouh la la !!!
bon, enfin, restons prudente...

en entendant, je vous glisse un de mes dessins qui ne sera pas dans le recueil mais bon... pour partager...

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bien entendu, votre avis est bienvenu...

03 février 2008

Woolf

et puisqu'on parle du loup...

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Loup

Les filles. Sont jolies souriantes minces
Ou pas
Elles ont peur. De n’être pas assez jolies souriantes minces
Des garçons
Elles cherchent les regards
Les miroirs
Elles affichent les régimes sur le frigo
Ou pas
Elles dansent avancent pendant quinze ans vingt ans
Traînant derrière elles les valises qu’elles accumulent
Lourdes de plus en plus lourdes
En souriant
Gentiment
Crânement

Les filles à quarante ans changent
Elles deviennent elles. Des femmes

Les femmes. Ont perdu leur miroir
Elles jettent les sourires en masque
Elles savent ce qu’elles veulent
Elles disent : mon ventre est doux et chaud
Mon ventre est comme du velours
Il est comme de la crème. Onctueux
Elles veulent qu’ils mettent un doigt une main une langue
Les hommes
Elles disent : mes seins ont froid caresse-les caresse-moi
Elles n’ont plus peur
Elles sont elles
Femmes félines femelles
Souples endurantes sensuelles
Elles crient : au loup !
Pas parce qu’elles ont peur
Mais parce qu’elles en ont envie

30 janvier 2008

mer... aussi

voilà, je voulais aussi mettre un petit texte sur la photo du concours.
comme ça.
pour partager avec les concurrents...

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Eclair

Elle voit s’approcher la lumière. Noire. Une lumière immense qui envahit tout l’espace. Une lumière douce rassurante. Noire.
Elle voudrait toucher cette lumière, mais elle n’ose pas. Elle se dit que ce doit être un mirage, le reflet de ses rêves, le reflet de ce que son âme porte comme désir.
Elle laisse la lumière la réchauffer.
Juste quelques rayons lumineux et déjà elle se sent bien.
Elle se place sur le cercle lumineux que forme la lumière noire immense, sur le sable. Elle s’assoit sur la plage, au centre de l’auréole.
Elle cligne des yeux, tout se trouble. Flou. Est-ce un mirage ? Une illusion ? Un bonheur éphémère ?

Puis elle voit la lumière s’éloigner. Elle se dit qu’elle a été aveuglée, ses yeux la brûlent.
Et soudain, elle a peur de la nuit. Celle qui déjà l’enveloppe doucement. Là où elle ne voit plus, espérant chaque jour le retour de l’immense lumière noire. Au loin, les vagues clapotent dans la mer fraîche. Un espoir.

20 janvier 2008

l'enfant dans l'église

Elle entre en silence. S’assoit au bout d’un banc.
Une voix résonne sur l’autel. Une voix forte et joyeuse. Elle connaît cette voix que tous écoutent en silence. Elle aime cette voix qui toujours la fait rire et la rassure.
Quelques visages se tournent vers elle. Ils ne sont pas tous encore habitués.
Des visages ronds, lunaires. Des visages qu’elle ne connaît pas tous encore mais qu’elle aime voir autour d’elle. Ces visages foncés, vieillis pour la plupart.
Dans le rang d’à-côté quelques sourires. D’autres visages. Toujours ronds, toujours foncés mais jeunes, ceux-là.
Elle baisse la tête, emmêle ses doigts, écoute la voix.
Elle laisse la douceur de l’instant l’envahir. Ils sont tous là pour la même chose. Pour cette douceur d’âme, cette communion dans la foi.
Elle pense à sa vie, là-bas. Sa vie claire. Sa vie différente.
Elle pense que bientôt, elle ne verra plus ces visages ronds, lunaires. Noirs.
Que bientôt, elle n’ira plus prier ainsi.
Parce qu’ils ne seront plus là.
Plus aucun d’entre eux ne sera là.
Ni celui dont la voix éclaire les âmes ce soir.
Elle se dit que sa vie, c’est la leur. A eux dont le visage est rond lunaire. Elle se dit qu’elle est d’ici même si ils ne la reconnaissent pas tous encore.
Même s’ils ne sont pas tous habitués.
Elle se dit aussi que sa vie est ailleurs.
Dans cet ailleurs où elle n’est pas seule. Où des petits bras lui entourent le cou chaque jour, où rien ne ressemble à ici.
Ailleurs où son ventre a enfanté.
Elle se sent tiraillée.
Ici. Ailleurs.
Elle ne sait pas si elle trouvera un équilibre.
Entre cette vie qu’elle aime et celle à laquelle elle appartient.
Celle où tout est déjà prévu, organisé, tout est construit. Où tout est confortable, sain, aseptisé. Sans risque, sans épice. Où tout est si facile. Et où elle se sent si mal pourtant parfois.
Ici, tout lui ressemble.
Elle aime cette sincérité, cette simplicité, cette dureté de la vie qui la rend plus belle, plus riche encore.
Chaque jour, elle serre des mains chaudes, noires, ridées ou non, larges ou petites. Chaque jour, ce geste la fait pleurer. Et la remplit d’un bonheur intense.
Elle prie, elle pense.

Soudain, une fillette se déplace dans l’allée. Elle la reconnaît. C’est sa « fille ». Ainsi appelée à cause de son prénom à elle, la petite, mélange de leurs deux prénoms liés : elle et sa fille. la vraie.
Elle, c'est sa « fille » pour de faux. Juste à cause des prénoms.
Cette fillette qui vient se coller quelques fois contre elle ; sans un mot. Juste pour lui faire comprendre qu’elles sont deux.
Et puis, l’autre jour, à la sortie de l’école, la fillette a mis sa petite main dans la sienne. Sa petite main noire dans sa grande main de toubab.
Elles sont rentrées ensemble, balançant leurs bras, comme des gamines. La grande comme la petite.
Et quand, à un moment, un homme a fait peur aux enfants en criant, la grande toubab a dit à la petite noire qui tremblait :
- Ne t’inquiète pas, je suis là. Il ne t’arrivera rien.
Et un petit sourire est venu éclairer le visage pas si rond que ça de l’enfant. Le visage noir et fermé de l’enfant. Elle n’a pas fui comme les autres enfants. Elles ont continué à marcher tranquillement. Sans crainte.

La fillette s’approche et vient se coller contre elle sur le banc. Les vieilles noires regardent, froncent les sourcils. Ne comprennent pas.
Elles sont assises, toutes deux serrées l’une à l’autre, au bout d’un banc. La voix résonne toujours.
Elles se sentent complètes. L’une avec l’autre. Elles savent.

La femme pense à ce moment où, l’après-midi même, l’enfant lui avait sauté dans les bras au détour d’une rue du village, la couvrant de baisers, casant sa petite tête noire dans le cou chaud de la toubab.
Puis, quand la femme blanche s’était éloignée, elle l’avait interpellée :
- Dis, tu ne me prends pas en photos, moi ?
Et la femme avait souri. Enfin les mots. La confiance gagnée, jour après jour, sourire après sourire dans la cour de l’école. Petit geste après petit geste.

L’enfant touche le bras de la blanche et murmure quelques mots :
- Je veux dormir.
Alors, quand la femme lui sourit, elle grimpe sur ses genoux et s’installe contre son corps, contre sa « mère » pour de faux.
L’enfant dans les bras de la femme.
L’enfant noir, dans les bras de la femme blanche, qui s’endort.
Les vieilles noires autour ne sont pas d’accord. Elles secouent l’enfant , disent quelques mots, la somment de se réveiller. Elles s’en moquent toutes les deux. La mère et la fille collées, liées, inséparables en cet instant.
La voix sur l’autel remplit l’église et la chorale se met à chanter avec fougue.
C’est si beau. Si joyeux. Si rythmé.

La femme se dit qu’elle ne doit pas laisser le temps effacer cet instant. Quand tous les fidèles se lèvent, elle reste assise. Elle prie assise, l’enfant endormie contre son sein. Elle regarde son bras qui entoure l’enfant. Son bras de blanche sur la peau noire de l’enfant. Et elle ne voit que deux peaux noires qui se touchent. Elle voit sa peau devenue aussi noire que celle de l’enfant.
Elle se dit :
- On est pareilles elle et moi, noires toutes les deux.
Mais elle sait bien que sa peau est blanche au-dehors. Elle sait bien que les autres ne voient que cette couleur extérieure.

La fillette dort, la femme vit, respire, soupire, heureuse.
Quand il faut se serrer la main, faire un geste de paix, « la paix du Christ », l’enfant se réveille. La femme se lève avec l’enfant dans ses bras, la porte, et elles serrent les mains à deux. Toujours liées, toujours collées.
Leur sourire ne fait qu’un.
Les vieilles ne font plus attention, elles serrent la main de l’enfant et de la femme réunies.
Les jeunes sourient et serrent les mains aussi.
Plus personne ne s’étonne. La mère et la fille liées.
La noire et la blanche.
La petite et la grande.
Celle du village et la toubab.
Louise Corinne.




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