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14 juin 2010

Dylan

j'entends du bruit devant ma porte. je frissonne. je n'aime pas la pénombre de ma chambre et savoir que la porte va s'ouvrir que je vais pouvoir jeter un oeil au dehors que je vais me reconnecter un instant seulement au monde extérieur me fait battre le coeur. mais j'ai peur.

que vont-ils me faire aujourd'hui ?

est-ce elle ?

est-ce lui ?

j'essaie de tenir ma mémoire éveillée. si j'ai bien compté on doit être mercredi.

parce que le mercredi c'est le jour où mon petit frère reste à la maison et elle vient toujours vérifier que je ne ferai pas de désordre que je me tiendrai tranquille. il pourrait y avoir des visites du passage et mes cris les dérangent.

forcément.

je crie encore.

je ne sais même plus pourquoi car personne n'entend jamais mais je crie.

il me dit que je suis un sauvage et que c'est pour cela qu'il m'enferme. il me donne des coups parce que les sauvages on le dresse dit-il.

la poignée tourne. ma tête aussi.

j'ai faim. enfin je crois. il y a si longtemps que j'ai faim que je ne sais même plus si c'est réellement pour cela que mon ventre se tord que ma bouche bave.

peut-être qu'ils ont raison que je ne suis qu'un sauvage.

quand la porte s'ouvre je sens la bouffée d'air qui pénètre dans ma chambre. l'odeur de pipi est devenue une habitude le pipi le renfermé le rance.

le silence.

hormis mes cris et les bruits du dehors que je guette.

une bouffée d'air où je décèle des odeurs de gâteau et de vie. une lumière qui m'aveugle un peu.

je ne me rappelle plus le goût des gâteaux je ne mange que du pain avec des pâtes et des restes de viandes secs. ou des morceaux de jambon bleuis.

je fais des boulettes avec la mie je la roule dans mes doigts j'en fais des boudins et je croque chaque petits rondins avec délice. comme s'il s'agissait d'une nourriture sacrée.

je me recroqueville sous mon lit. parce que je sais qu'elle va me dire que je suis sale et que je pus. et que je la dégoûte. et que je ne vaux rien que je ne suis qu'un sauvage.

elle va prendre cette voix de mépris qui me lacère les tripes. un jour pourtant elle m'a porté dans son ventre. elle a changé mes couches et endormi dans mon lit en chantant de douces chansons.

quand est-ce que tout a basculé ? je n'en sais rien. je ne sais plus.

depuis combien de temps je suis dans ma chambre ? mes tee-shirts sont devenus serrés et elle m'en veux.

- tu grandis trop vite. tu nous coûte cher. peut-être que tu devrais moins manger...

- j'ai faim.

et la première gifle tombe. je ne dois pas avoir faim. ni froid. nie envie de rien.

je retiens mon souffle je l'entends approcher.

- ohé ? il y a quelqu'un ici ?

ce n'est pas sa voix. c'est une voix d'homme. mais pas celle de l'homme qui donne des coups. une autre voix.

ils ont emmené quelqu'un d'autre. pour que les autres voient le petit sauvage qui bousille leur vie.

je vois un visage se profiler sous le lit. je voudrais devenir tout petit. c'est vrai j'aurais du moins manger.

une main large se tend.

- viens, sors de là, tu ne crains plus rien.

je ne bouge pas pas je ferme les yeux. je ne veux pas voir celui qui,me frappera tout à, l'heure.

- écoute petit, sors de là je ne te ferai rien.

ils disent toujours ça avant que les coups ne tombent. ou alors "tu l'as bien chercher, c'est de ta faute !"

je ne les crois plus.

et pourtant... quand l'homme m'extrait de sous le lit il a les yeux tristes et confiants. il me tend une paume amicale.

- tu ne crains plus rien ton calvaire est terminé désormais je vais te sortir de là.

je me suis peut-être trompé on n'est peut-être pas mercredi aujourd'hui...

 

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Dylan ne va plus à l'école depuis 3 ans, enfermé dans sa chambre et maltraité par ses parents.

10 juin 2010

courses

- bonjour madame la marchande

- bonjour madame

- aujourd'hui je voudrais... euh... des enfants tout charmants.

- hummm...

- bien polis.

- hummm...

- pas malades.

- hum hum...

- qui travaillent bien en classe. et qui m'aimeraient follement...

- hummm.... et ce sera tout ?

- non ! je voudrais également un travail fabuleux qui me ferait rêver et rire, grâce auquel je pourrai voyager et rencontrer d'autres enfants. et plein de gens. un travail sans réel horaire ni patron...

- hummm.... et là, ce sera tout ?

- non. vous plaisantez... j'aimerai également des amis. des femmes. des hommes...

- hummm...

- mais je veux dire : des femmes et des hommes aussi fous que moi, des tendres des sincères des rêveurs. qui connaîtraient les mots des dictionnaires et les autres aussi. qui vivraient dans de drôles de mondes...

- houlà ! c'est tout là peut-être ?

- euh... j'ai encore un peu de place dans mon cabas pour un homme aimant, une soeur merveilleuse et des fraises sucrées...

- hein ?

- c'est possible ?

- pour les fraises, j'en sais rien... je vais voir ce que je peux faire...

- vous me direz combien je vous dois ?

- une éternité de bonheur, quelques liasses de partages et des rires et sourires en menue monnaie...

03 juin 2010

pardon...

pardon... pour les mots non prononcés retenus tus, les moments oubliés gâchés foutus, pour les larmes qui ont coulé celles qui gonflent mes veines et celles qui noient mes nuits, pardon pour les actes manqués les secrets dévoilés les promesses envolées dans les airs comme des bulles de savon, pour les souffrances accumulées incontrôlées amplifiées, pardon pour les sourires qui n'ont pas zébré mes lèvres, les regards hargneux froids cruels, pardon pour mon orgueil déplacé ma fierté blessée et mes espoirs déçus, pour mes envies à peine voilées celles cachées et celles qui n'auront jamais le droit de percer, pardon pour nos corps enflammés, enlacés jamais rassasiés, pardon pour la cruauté de l'ignorance et la brûlure de l'absence, pardon pour mes impatiences enfantines trépignantes infidèles, mes incompréhensions de petite fille, mes révoltes d'adolescente, mes doutes de femme, pour mes colères parfois, mes abandons souvent, pour ces amis que j'ai du laisser tomber sans le vouloir et ce refus du pouvoir, pour mes luttes effrénées, les rides qui creusent mon visage, les années qui comptent au calendrier, pardon pour mes souvenirs ternis ceux jaunis enfouis ou détruits, pardon pour les mercis non murmurés et les pardons chuchotés, pour les messages nocturnes et ceux auxquels je ne réponds pas ou plus, pardon pour ces gens juste croisés ceux évités et ceux que je n'ai pas vus, pour mes longues conversations et mes incessantes questions, pour ma voix qui chante faux et mes tricheries par jeu, pardon pour mes victoires et mes échecs non acceptés, pour mes obstinations et mes rétractations, pardon pour mes croyances futiles mes loyautés chevaleresques mes histoires édulcorées, pardon à ceux que je déteste, ceux que je n'ai jamais aimés et ceux qui m'ont déçue, pardon pour mes ongles rongés et les cigarettes fumées, pardon pour nos souffles suspendus et nos soupirs éternels, pardon de ce que je n'ai pas dit pas fait ou pas quand il le fallait, pour mes bouderies et mes grimaces, pour mon amour infini et ma haine qui m'a déjà trahie, pardon pour les silences dans lesquels je me mure et mes yeux fermés, pardon pour mes réveils matinaux et mes caresses sans fin, pour mes certitudes non partagées, pour mes priorités, mes peurs si nombreuses, mon manque de confiance, ma force destabilisante, pardon pour mes chemins pas droits, mes parcours tortueux, mes changements et évolutions, mes dévotions, mes passions, mes illusions et désillusions, mes errances, mes exigences, mes silences mes errances mes silences...

 

Femme Noir et Blanc

photo trouvée sur le centerblog de Papillon1967

02 juin 2010

simplement

la vie n'est pas aussi simple qu'on le voudrait. ça on le savait...

je voudrais... ne pas voir mourir ceux que j'aime, ne pas en être malade au point de ne plus tenir debout, pouvoir à nouveau dormir la nuit, ne pas voir entrer Facebook dans mon foyer, ne pas écouter Justin Bieber même rien-qu'une-fois-s'il-te-plait-maman, ne pas dire "on fait une pause", ne pas voir les magouilles et abus d'un élu, ne pas voir les journées défiler sans avoir eu le temps d'écrire un peu, avoir le temps de voir mes ami(e)s, ne plus pleurer devant des photos, pouvoir remonter le temps même que quelques instants, je voudrais... faire ce que j'aime, tout comprendre tout le temps, voyager ici ou là, rencontrer des gens et puis les quitter, ne pas oublier toutes mes affaires, ne pas voir faner mes souvenirs ni mes plantes, fêter encore la fête des mères, ne plus avoir à faire le ménage, porter des chaussures à talons sans avoir d'ampoules, ne pas voir des piles de linges entassés dans les chambres des enfants... et tant d'autres choses encore...

 

Femme noir et blanc

15 mai 2010

avec mon panier...

- bonjour jolie dame rêvée, où allez-vous ainsi parée de mandarine écrasée, d'ébène en touches ça et là dispersées ?

- je me rends au marché, il paraît que les hommes y sont frais et les amours à savourer.

- serait-ce donc pour moi ce joli sourire ensoleillé, cette lumière en demi-teinte irisée, cette fossette à peine dissimulée ?

- pour vous ou celui d'à côté, celui qui aura envie d'en faire un bouquet et sans lassitude y glisser son nez, celui qui ouvrira ses mains sans danger, celui qui criera de cette soudaine liberté et sautera au ciel étoilé, celui qui timidement osera s'approcher et fourrer un baiser dans mon cou parfumé...

- jolie dame rêvée, laissez-moi approcher et enrouler autour de votre cou parfumé des baisers dorés, croquer au bout de vos lèvres les fruits sucrés.

- mon ami, assez palabrer, je suis pressée, et le marché va fermer si je n'y suis pas à point nommé, agissez ou laissez-moi donc passer sinon je vais me fâcher et sur vous laisser mon courroux s'énerver... et ne soyez pas désolé, je crois que vous l'avez bien cherché.

c'est vrai bientôt c'est l'été et les jolies dames rêvées pourraient être fatiguées de ces langueurs soupirées de ces envies calfeutrées de ces saveurs à peine dévoilées. quand l'été sera terminé qui viendra les dénicher ?


Femme Noir et Blanc

11 mai 2010

intérêt

 

devoir se justifier

dire raconter

ne pas garder le silence garder son jardin secret

"secret garden" comme chante le boss

ne pas être défendue protégée respectée

mais devoir se justifier

lever le voile dire raconter

par solidarité

solidarité

mais non respect

ou affecté

respect intéressé

intérêts déguisés

mais où est l'intérêt ?

eux ou moi ?

07 mai 2010

into the wild...

- tu auras besoin de quoi, mon coeur, quand tu seras vieille ?

- de quelqu'un pour tondre ma pelouse...

- je suis un excellent jardinier. et puis ?

- de quelqu'un pour repeindre mes volets...

- je suis un super bricoleur. ensuite ?

- de quelqu'un pour pousser mon fauteuil roulant jusqu'à la mer. pour que je puisse entendre les vagues et les voir rouler...

- dans le sable ? ah non, trop dur... moi je te porterai dans mes bras et on ira dans l'eau ensemble...

- waouh..

- ça veut dire que je suis recruté pour tes vieilles années ?

- on verra...

 

(JPG)

06 mai 2010

bout de chandelle

 

je n'aurais pas voulu être la fille d'une autre n'avoir aucune lutte à mener que la vie soit facile sans embûche avoir une garde-robe remplie à craquer et des vacances de rêve une maison immense et une voiture climatisée avoir une autre frangine moins intelligente moins patiente moins "parfaite"...

je n'aurais pas voulu vivre toujours au même endroit ne pas déménager et ne pas connaître ces gens qui sont mes amis aux divers coins de France échanger les adresses et garder les contacts toutes ces années durant aimer se retrouver encore et encore m'attacher à un lieu ne pas savoir en partir ne pas savoir m'adapter ni avoir cette incurable envie de bouger tout le temps de vivre ici ou là

je n'aurais pas voulu avoir d'autres enfants ne pas en avoir du tout encore moins ou les avoir avec un autre homme

je n'aurais pas voulu ne pas attendre mon "homme d'amour" l'attendre si longtemps passionnément à en écrire des pages à en rêver jour et nuit à m'en couper les cheveux ronger les ongles courir des kilomètres et pleurer des rivières

je n'aurais pas voulu après l'avoir tant attendu ne pas le connaître ne pas basculer sur un lit d'une chambre d'hôtel à l'odeur âcre un soir d'octobre ne pas chavirer toute mon âme toute ma vie pour lui ne pas sentir ses mains sur ma peau sur mon épiderme sa chaleur jusque dans mes entrailles et penser mourir de ce bonheur-là

je n'aurais pas voulu ne pas l'entendre me dire je t'aime tu es celle que j'ai toujours cherchée toujours désirée toujours attendue je t'aime tu es mon évidence ma goutte d'absolu ma vérité l'entendre me dire tout cela et voir ses yeux briller son coeur briller son être vibrer

je n'aurais pas voulu que cet amour se fane se ronge se détruise à cause des impossibles du quotidien des réalités des entraves des autres de nous de lui de moi de ce qu'on attend quand même de cet orgueil mal placé et cette notoriété si crainte

je n'aurais pas voulu être une femme docile qui ne se bat pas pour ses idées qui laisse les politiques gérer comme ils veulent leur village leurs villageois en irrespect total de ce à quoi nous avons tous droit

je n'aurais pas voulu ne pas me battre pour que chacun ait le droit à une place sur cette terre me battre pour ces valeurs que je porte grâce à elle ma mère ma racine ma fierté et me mettre en danger pour cela affronter les invectives et les regards en tir de fusil les menaces et les propos disgracieux

je n'aurais pas voulu ne pas avoir besoin de partager mes moments de le réclamer au risque de tout foutre en l'air en me contentant de quelques instants ici ou là d'un jour par semaine et on ferme les verrous les volets et on va voir dans une autre maison les autres jours si l'air y est doux si le bonheur peut s'y cueillir

je n'aurais pas voulu ne pas me battre pour essayer d'être heureuse d'être aimée d'aimer aussi parce que rien n'est évident parce qu'on est différents parce que les années jouent contre nous

je n'aurais pas aimé ne pas écrire tout cela ne pas écrire tout simplement avoir juste les mots en tête et les laisser filer comme un souffle d'air qui fait bouger les feuilles d'arbre ne pas écrire et ne pas cheminer pour poser mes livres sur une table là où d'autres ont posé leurs livres aussi d'autres si riches si beaux si pleins

et même si je pense que j'aurais voulu être grande fine et douce que j'aurais aimé être moins forte plus femme fatale une vraie musicienne une danseuse une athlète de haut niveau avoir un père un grand frère un quatrième enfant même si j'aimerais me laisser pousser les ongles me respecter plus ne penser qu'à ma gueule ressembler à une working-girl et perdre quelques kilos, je n'aurais finalement pas aimé penser autrement...

03 mai 2010

saint Victor

allongée dans l'herbe elle sent l'humidité qui gagne son cou.

il a posé sa tête sur son ventre elle le sent à peine

elle a envie de caresser ses cheveux mais elle ne le fait pas.

elle est si bien et elle ne sait même plus si c'est la vérité si elle rêve si elle y a droit si elle pourra en profiter savourer si ça se reproduira

elle laisse sa main le long de l'herbe l'autre sous sa tête elle soupire

il étire son bras et pose ses doigts sur la peau de son ventre à elle.

il dessine des petits mouvements il parle

elle rit

elle parle aussi il tourne la tête embrasse son ventre doux et chaud

elle a peur

de ces battements au creux de son âme de ces moments si doux de ses mains si belles

allongée dans l'herbe elle ne regarde même pas les nuages d'abord parce qu'il y en a peu et puis parce qu'elle préfère fixer ses longues mains qui caressent la peau de son ventre

"il va être l'heure de rentrer tu sais mon coeur

- oui je m'en doutais..."

19 avril 2010

elle

sc00ba8d3e.jpgelle a les yeux couleur noisette, forme en amande

une peau de pêche une allure de chêne, droite solide forte

ses mains sont longues et noueuses comme des bambous agiles

sa bouche maquillée ressemble à une figue délicieuse et amère

ses cheveux fins comme des fils de soie se gonflent s'entortillent deviennent coque

j'aime la regarder je voudrais lui dire des mots des milliers de mots mais le silence est plus à-propos

elle est mère-nature source de vie air qu'on respire horizon qui nous entraine au loin.

elle est hier aujourd'hui demain, éternité.

elle est la terre le ciel et toutes les mers assemblées même si l'eau... l'eau...

16 avril 2010

morcelée

les morceaux sont là, par terre.

elle les rassemble et regarde le tube de colle dans sa main.

alors quoi ?

recoller ?

faire avec ces petits bouts qui la constituaient qui étaient elle sa vie sa base ce sur quoi elle s'appuyait pour croire qu'elle pouvait un jour y arriver ?

refaire un puzzle auquel il manque des pièces ?

recoller et vivre avec cette structure de guingois ?

c'est beau ce mot "de guingois".

non.

elle prend la balayette récupère chaque morceau éparpillé les pousse dans la pelle

et jette le tout à la poubelle

sentir les fondations bien présentes comme une force indescriptible

les fondations seront toujours là

et c'est à elle qu'elle les doit.

elle lui a donné la vie la force la dignité et le courage

elle sera tout ça pour elle pour toujours

pour ne jamais la faire mentir

pour qu'elle y ait cru pour une vraie belle raison.

parce qu'un jour il y a eu un "autre" qui a vu tout cela

et qu'il ne s'est pas trompé lui non plus

elle sera lumière

pour elle

pour lui

à jamais

 

photo-enfant-018

photo de Marc Lucascio

 

11 avril 2010

mortel ennui

- eh, salut ! comment tu vas ? ça fait super longtemps qu'on ne s'est réellement croisés... ah si deux fois à la piscine un midi, mais on n'a pas parlé.. alors ?

- je viens de partir de chez moi.

- non, tu déconnes. tu me fais marcher. pas toi...

- si ! j'en avais marre de faire des concessions. Monique ne voulait rien entendre, j'ai dit à plusieurs reprises que je voulais partir que je ne tenais plus...

- mais pétard Bruno, vous étiez le couple le plus amoureux que je connaisse...

- en apparence... moi, je n'en pouvais plus...

- mais tu as quelqu'un d'autre ?

- non... je suis parti sans rien, pas d'argent, pas d'affaires, mon patron m'a aidé...

- c'est quoi ce délire...

- je te jure que je me sens tellement mieux désormais.

- tu as raison, après tout on n'a qu'une vie, il ne faut pas la gâcher..

- non, je crois qu'on a plusieurs vies mais une seule mort.. et le jour où la mienne viendra je ne veux avoir gâché aucune de mes vies...

10 avril 2010

absolu

elle entend le signal de son téléphone : message.

il l'attend devant la poste juste à côté du conservatoire.

comment sait-il qu'elle est au conservatoire ? cours de son fils. guitare.

elle descend le grand escalier, comment de marches tout ça ? elle n'a jaamis fait attention q'il était aussi haut, et se précipite au-dehors.

elle a un petit blouson léger et la pluie la glace immédiatement.

elle court, elle s'en fout de la pluie, même si elle déteste ça, elle court, elle cherche sur le parking la moto verte... et soudain, il est là, casque sous le bras, sourire délicieux, dégoulinant de pluie.

elle s'approche en courant encore. elle a tellement hâte. deux jours qu'il est parti à Paris. et même si le lien n'a pas été rompu, si le stextos et les appels se sont succédés, il lui a tellement manqué. déjà.

elle s'approche en courant, ses yeux à lui brillent, il est heureux elle le sait heureux de la revoir heureux de la surprise qu'il lui fait heureux.

avant qu'elle n'enroule ses bras autour de son cou il la tend à distance la dévore des yeux et murmure "waouh!"... ça lui fait toujours un drôle de coup au milieu du ventre chaque fois qu'elle apparaît. pour lui, cette femme est une évidence, son évidence, une lumière. belle, si belle. il n'en revient jamais. il se dit : qu'est-ce qu'elle fait avec un type comme moi ? j'ai du ventre, je suis vieux, moche... elle est si belle, si vivante... un jour elle ralisera et elle partira avec un autre.

mais elle n'aime que lui, n'attend que lui, ne vit que par lui.

il la laisse se coller contre son corps et l'entraîne derrière la poste, dans un recoin même pas abrité.

et comme à chaque fois, elle ouvre son blouson de moto, soulève son gros pull à lui, relève ses habits à elle et colle son ventre contre le sien. c'est leur truc à eux. peau contre peau pour renouer ce lien vital.

il sort un petit paquet de son blouson : tiens, c'est pour toi, j'ai fait toutes les boutiques à Paris pour te le trouver, mais ce n'est pas encore tout à fait ça ce que je voulais.

elle l'embrasse, elle s'en fout du paquet, elle pense juste : il est venu jusqu'ici pour moi, a acheté un cadeau pour moi, rien que pour moi, rien que pour moi... ça la rend folle de bonheur. elle aime cet homme et elle voudait le hurler au monde entier.

- ouvre.

il s'impatiente, il voudrait qu'elle regarde ce qu'il a ramené pour elle.

elle défait l'emballage, la pluie a plaqué ses cheveux, elle tremble, elle a froid. et pourtant non. elle se réchauffe à sa chaleur. il l'embrasse, la caresse, la désire pendant qu'elle défait le fil doré, le papier blanc. elle a lu sur l'étiquette que ça vient d'une bijouterie. un bijou...

et dans le petit coffret blanc, elle découvre une chaine dorée où pend un petit diamant en forme de goutte.

- pétard ! c'est trop beau ! c'est pour moi.

- oui. je voulais vraiment trouver ce style mais...

il essaie de se justifier mais elle a mis sa bouche sur ses lèvres et fait papillonner doucement sa langue avec la sienne, leur souffle s'accélère, elle arrive à murmurer des mercis et si ses yeux sont mouillés, elle ne sait plus si c'est la pluie ou les larmes.

- c'est parce que pour moi, tu es ça.

- quoi "ça" ?

- cette goutte d'absolu.. tu es ma goutte d'absolu...

elle entend sonner les cloches de l'église qui est sur la place, il est l'heure de récupérer son fils. 11 coups. 11 heures.

elle se détache à regrets.

et quand elle s'arrête au stop, cinq minutes après, fils et guitare rentrés dans l'auto, il est là, sur sa moto prêt à partir aussi.

elle à gauche, toujours comme une règle de vie qu'elle s'est fixée, meme si là, la circulation lui donne raison, et lui à droite. dernier regard à travers le casque.

s'il pouvait il ne la quitterait jamais plus. si elle pouvait...

 

07 avril 2010

des goûts

goût dans la bouche qui jamais ne s'en va

humidité aux coins des lèvres

l'odeur le goût la saveur

douceur sous les doigts

caresses infinies incontrôlables

chaleur dans la bouche

au creux du ventre des cuisses des idées

nuits partagées qui jamais ne reposent

le bruit le silence le bruit

et l'envie de dormir qui ne vient pas

c'était quand déjà ? où ? quand ?

 

Bouche

04 avril 2010

paradis artificiels

la peau était douce

pas les mots

jeux interdits

âme en dérive

et pourtant au fond la même eau qui coule

le même sang qui brûle

les mêmes envies pour demain

la langue était gourmande

pas le coeur

paradis artificiels

avenir impossible

 

05-nu-artistique-18516

28 mars 2010

5e élément

- cette nuit j'ai rêvé que je tuais quelqu'un... un homme...

- waouh, tu as du te sentir rassurée de te réveiller...

- en fait, au moment de me réveiller j'ai paniqué grave parce que durant le rêve je me cachais pour qu'on ne me trouve pas et là, subitement je prenais conscience que rien ne pourrait effacer la mort de quelqu'un qu'on allait forcément s'en rendre compte et qu'on allait m'attraper. mais que c'était pas un jeu pas de la tarte d'avoir tué quelqu'un lui avoir ôté la vie alors qu'il avait un bateau une belle maison des petits-enfants et tant de belles choses à vivre qu'hier encore il fumait le cigare en regardant avec fierté son grand jardin, après le repas alors qu'il sentait son ventre bien rempli bien rebondi de tant de ripailles... et que comme ce n'était pas de la tarte j'allais finir mes jours en prison dans une cellule crasseuse et inconfortable tout le reste de ma vie maltraitée et privée de liberté... impossible de revoir mes enfants de voir les fleurs pousser dehors et le ciel se dégager au petit matin quand la nuit s'éclipse...

- la vache... t'es tracassée en ce moment toi...

- non, je crois que je prends juste conscience que j'ai intérêt à vivre avant que cela ne soit plus possible. peut-être que je viens de tuer en rêve un idéal un homme que j'ai idéalisé et que j'ai pris conscience du risque de finir prisonnière de mes pensées si je continue ainsi...

- ouais, ben, c'est ce que je disais, t'es tracassée toi en ce moment.

- je crois juste que je me sens bien...

 

820veid.jpg

 

 

04 mars 2010

plic ploc

ouvrir son parapluie

blouson et capuche

le froid partout dehors dedans

pieds mouillés

pantalon trempé

le froid partout

dedans dehors

et le coeur qui dégouline de cette eau qui n'en finit plus...

shopping sous la pluie

photo trouvée sur Pem's blog

 

25 février 2010

badaboum

Les filles tombent s'ouvrent la main

bleus aux cuisses

elles lisent les livres

fées qui grignotent les rêves

elles courent sous la pluie

beurk la pluie

elles courent à droite à gauche

elles se posent des questions

pleurent encore et encore

les filles font des rêves et sourient

parfois elles avancent et y croient

parfois elles tombent et s'ouvrent la main

bleus aux cuisses

bleus à l'âme

 

Femme



24 février 2010

rêve

les filles ne veulent pas d'un petit frère

ni d'un père

les filles veulent un homme

qui les réchauffe les amuse les respecte

les filles sont des fées qui viennent grignoter les rêves

et dans les rêves l'homme

celui qui les réchauffe les amuse les respecte

flotte comme une présence jamais perdue

les filles ne veulent pas d'un petit frère

ne veulent pas de l'homme parfait

du gentleman que rien ne destabilise

elles veulent un homme qui pleure et qui aime

qui tremble et pose ses mains rondes et chaudes sur leur peau

même s'il traverse les portes pour cela

 

Femme

18 février 2010

recherche

Anne, tu voudrais que je te dise que quand on cherche on finit toujours par trouver.

je le voudrais aussi. mais je ne le sais pas.

cherche-t-on au bon endroit ? la bonne chose ? de la bonne manière ?

est-on sûr un jour d'avoir trouvé la réponse ? la bonne ? celle qui nous emplit enfin l'âme de satisfaction ?

je suis comme toi je tourne en rond avec mes "pourquoi" avec mes doutes et mes espoirs.

Anne, je cherche mais je crois que je le fais mal. mal à propos mal proportionné mal proposé.

je cherche mais je crois que je me fais du mal.

alors quand les pourquoi sont trop nombreux à frapper à ma porte trop bruyants trop énervés comme des chiens affamés attirés par un fumet qui sortirait de mon antre je barricade tout j'éteinds la lumière et je ferme les yeux.

je ne cherche plus ne questionne plus ne veut rien savoir rien comprendre rien demander. je veux juste respirer. dormir. même si comme tu le dis, tout cela est forcé.